SCÉNARIOS DE VIE : MAYRA ET SON COMBAT
« Le grand succès des ennemis de l'Afrique, c'est d'avoir corrompu les Africains eux-mêmes » Frantz Fanon
Ça recommence ! Je ne peux m’en empêcher, c’est beaucoup plus fort que moi. Je ne peux m’empêcher de me demander certaines choses, d’avoir certaines questions bizarres. Je pense que je suis différent, je pense que ma façon de penser est complètement différence de celle de la plus part des êtres humains. Il faut quand même que j’en sois sûr. Tenez, voyons comment vous répondez à une de mes questions ?
En quelle langue pensez-vous ? Je veux dire, quand vous êtes seul dans votre tête à avoir cette discussion avec votre voix intérieure, en quelle langue communiquez-vous ? Ma voix intérieure, elle est complètement perverse, elle aime les petits délires. Des fois, elle fait la tête quand j’ai besoin de lui parler et, encore plus drôle, quand elle a vraiment envie de faire la gueule, elle devient subitement ……. un Anglais. Ça donne des « pétages de plomb » trop insolites du style « What the fuck nigga ?? I’m done thinking about all that ! I’m done talking to you. Man, yo’ so fucking dumb. You’re a STUPID ass nigga…” et bla bla bla. Heureusement qu’elle s’en prend qu’à moi seul, c’est déjà ça.
Mais la majeure partie du temps, ma voix intérieure s’adresse à moi en français. Oui, je le reconnais, je pense et je réfléchis en français. Je n’ai rien d’un français pourtant. Je suis né et j’ai grandi au Sénégal. Je ne sais pas trop quand j’ai commencé à réfléchir en français mais voila, c’est ça.
Bon, à dire vrai, j’ai grandi dans un environnement particulier. Mon paternel lui fait partie de cette poignée de personnes qui fracassent littéralement le Wolof quand elles décident d’user de cette langue. Donc le plus souvent il communique dans une autre langue nationale. Et si ce n’est pas le cas, il fait appel au français. J’ai grandi dans un environnement qui aurait pu pervertir l’attachement à ma culture. Mais fort heureusement, les gens comme nous, avons une échappatoire. La RELIGION nous rappelle à l’ordre à chaque fois qu’un choix difficile s’installe.
La religion, qu’y a-t-il de plus fort, de plus sain, de plus fiable. J’ai une conception bien fixée sur la religion : Elle englobe tout, elle a tout prévu, elle trouve une solution à tout, elle est la solution à TOUT. Le tout puissant nous aime bien. Voila la seule chose qui mérite bien un amour aveugle.
Et pourtant, la Religion, la culture ou toute autre valeur ne sont parvenues à nous éviter certains pièges de la vie. Il ne faut surtout pas m’en vouloir, je pars d’un constat général. Le fait est que, bien que l’on veuille prétendre le contraire, nous avons pris un chemin différent de celui tout tracé par nos valeurs. On veut rester Africains, musulmans (ou Chrétien) mais, pas à 100%.
Tenez, faites l’opération vous-même. Que nous reste-t-il de vraiment africain si ce n’est nos noms et prénoms ? Bon, cela aussi c’est entrain de changer. Regardez sur facebook, vous verrez bien de quoi je parle. Je pense que si certains le pouvaient, ils iraient voir le gars de l’état civil et en ressortiraient avec des prénoms complètement stupides du style « Lil Abdou Dreezy Tunechi Dieng » Ou « Aissatou Sasha Bad Bitch Minaj ». Celui ou celle qui tentera en premier lieu sera certainement mort dans l’heure qui suit. On est un peuple d’assimilation nous. Je veux simplement dire qu’on a tout pris des occidentaux. Les langues, les styles vestimentaires, leurs Gadgets, leur façon de penser et même leur mode de vie. Ils ont bien réussi l’assimilation qu’ils voulaient imposer. Sacrés occidentaux. Les pauvres, tellement ils sont happés dans leurs derniers retranchements qu’ils n’ont autre choix que de haïr les Africains. Qu’est-ce que vous croyez ? Les européens, ils ne détestent pas Lebron James ou Lil Wayne ou Michael Jordan, non, ce sont des américains eux. Ils détestent Adébayor, El Hadj Diouf ou la racaille des blocks dont le grand père vivait encore en Afrique.
Je rigole les gars, il n’y a aucune raison valable quand il s’agit de racisme. Mais le fait est que NOUS avons décidé que notre culture et nos valeurs ne valaient pas un centime. NOUS avons décidé de laisser tomber tout ce qui faisait de nous des Africains pour petit à petit, devenir des occidentaux. Par exemple, on m’a montré une maison ou personne des membres de la famille ne parle en langue nationale, en tout cas pas dans la maison. Il parait que même la « bonne » doit savoir parler français. C’est cela le critère de la noblesse et de l’intelligence. Quoi ? On est bête chez moi parce qu’on ne mange pas à table et qu’on ne parle pas la langue de MOLIERE (Pas de Mbissane ou de Demba s’il vous plait !). On est perdu dans l’engrenage du temps, et moi en premier.
J’ai soudain envie de vous raconter l’histoire de Mayra !
Je vais sauter le discours habituel ! Oui, elle est jolie, intelligente et tout quoi. Maintenant passons à la vraie histoire. Mayra s’était mariée avec Habib.
Non, non revenons un peu en arrière. Mayra, c’est une intello à l’africaine. Bac+4, bien solide dans ses connaissances et qui maîtrise bien son boulot. Si elle était un homme, tout le monde serait d’accord qu’elle déchire grave mais, malheureusement, c’est une femme, donc son niveau d’intelligence dérange souvent. Mais là n’est pas le problème. Mayra, on le savait tous, n’était africaine que par le nom et par la couleur de sa peau. Elle se disait musulmane certes, elle pratiquait « du maximum » qu’elle pouvait et, en bon musulman (ou en bon toubab) ne croyait pas aux pratiques mystiques. Mais bon, être croyant, ce n’est pas que choisir ce qui nous arrange dans la religion. On y reviendra. Mayra se disait activiste, féministe parce que, selon elle, la condition de la femme africaine était catastrophique.
La condition de la femme africaine… Ok, de quelle femme parle-t-on la ? La citadine ? Celle qui de nos jours travaille et contribue dans la gestion de la maison ? Non, je ne pense pas. Je suppose qu’il s’agit plutôt de la femme villageoise qui passe ses journées aux travaux domestiques et à faire de petits boulots pour participer à gérer son foyer pendant que les hommes sont à la chasse à la pêche ou aux champs. Est-ce cette femme là qui vit une mauvaise condition ? Je voudrais simplement que l’on m’explique. La mauvaise conditio n ne s’applique pas qu’aux femmes dans ces conditions. Dans les milieux peu nantis, c’est ainsi la vie, chacun se démerde pour ramener « quelque chose » à la maison.
Vous savez, moi, c’est le Sénégal que je connais et, aussi longtemps que j’ai pu remonter dans notre histoire, la femme a toujours occupé une place primordiale. Vous vous rappelez de ce « théâtre » « Birima » consacré à l’un des derniers rois du Cayor ? « Birima » celui dont le conseillé fut une FEMME, sa mère. Combien de noms de femmes font l’histoire de notre pays ? Aline Sitoé, Yacine Boubou (je pense), Mame Diarra, Astou Dianka, Mariama Ba, Ma Mère ! Laquelle d’entre vous a déjà entendu « femme t’as pas le droit de vote » ou « femme t’as pas le droit de conduire une bagnole » ?
Allez voir l’histoire occidentale (je ne parle pas d’histoire contemporaine, mettez les choses dans leur contexte), qu’elle femme connaissez-vous ayant été citée dans l’histoire si ce n’est qu’elle est la « femme de… » Ou de par sa richesse ou qu’elle orne un beau portrait des siècles d’avant. La Jeanne d’Arc, d’où tire-t-elle sa notoriété ? Eh bien elle a été brûlée vive.
Mais bon, puisse que les donneurs de leçon savent qu’on est un peuple d’assimilés, ils on trouvé le moyen de nous faire croire que la femme africaine ou sénégalaise ne valait que dalle. Que les hommes vous maltraitent (même s’il y’a de la vérité quelque part) et que votre salut réside dans l’obligation de vivre à l’image de la femme occidentale, celle qui jadis fût brûlée parce que soupçonnée d’être une sorcière ou d’avoir des pouvoirs surnaturels. La femme occidentale qui a longtemps été outils politique. Celle que l’on laissait chez son ennemie juré en gage de bonne foi (ou de garantie de paix). Les temps on bien changé, les donneurs de leçon connaissent bien les parties sombres de leur histoire mais font semblant que cette histoire n’a jamais existée. Les donneurs de leçon ne connaissent pas votre histoire si ce n’est que celle qu’ils ont bien voulu créer de toute pièce. Ils n’ont pas eu besoin d’insister puisqu’on finit toujours par suivre et croire tout ce qu’on nous dit. Tous autant que nous sommes, Hommes Femmes et enfants, on s’est tous fait avoir.
Comment Diable ont-ils pu pervertir l’histoire et les cerveaux à ce point. Au point de vous faire croire que votre maman ou votre grande mère a eu une vie désastreuse. Oui, c’est tout ce qui se cache dans ce discours teinté.
En fait non, ils vous ont laissé faire le boulot vous-même. Ils ont eu raison, tout ce trouve dans la tête. Contrôler la façon de penser de quelqu’un’un, c’est cela la vraie domination. Ils ont fait croire à nos jeunes demoiselles qu’elles valaient mieux que leurs mamans, qu’elles méritent mieux et que leurs mamans ont étaient assez connes (vous me pardonnerez le langage) pour accepter de vivre d’une certaine façon.
Je vais mettre les choses au clair. Mayra a épousé Habib. « Long story comes short », Mayra a divorcé d’avec Habib. Pourquoi? Bin parce qu’Habib avait dans l’idée de se taper une seconde femme.
Combien d’entre vous divorceraient parce que ne supportant pas une coépouse ? Vous savez, pour les chrétiennes, la question ne se pose pas. La monogamie n’existe pas dans leur religion. Alors cette pratique est bannie. Mais quand on est musulman et qu’on se dit musulman, on est sensé savoir que Dieu « Himself » autorise la pratique.
La grande mère y est arrivée, la Maman aussi, mais la petite jeune fille elle, ne SAIT pas partager « Son Homme ». Ok, j’ai du raté quelque chose. Qu’est-ce qui a changé entre temps ?? Osez le dire, la pensée occidentale est passée en quatrième vitesse et a causé un séisme de magnitude 15 dans notre authenticité africaine.
La chose est simple et mathématique : Dieu a dit : partagez votre mari avec trois autres femmes s’il en a les moyens et s’il le souhaite. La femme occidentale elle a dit : « je suis (ou j’étais) chrétienne, nous ne partageons pas notre époux. Mais non, là est une très mauvaise façon de pousser les femmes musulmanes à nous suivre. Alors disons juste qu’on ne partage pas notre homme, qu’on ne peut pas et qu’un cœur ne peut aimer qu’une seule personne ou que la polygamie ne mène qu’à des problèmes pour les enfants ». Alors, la femme africaine comme Mayra a choisi le camp de la femme occidentale (surement parce que… non, vaut mieux que je ne le dise pas).
Pire ! Mon grand père a eu 4 épouses. Mon père et ses « domou baye » s’entendent à merveille. Mais ça, c’était avant. Parce que les femmes de mon grand père ne s’appelaient pas « Rivales », contrairement à aujourd’hui. J’ai vu mon père faire plus pour ses belles mères plus qu’il n’ait eu l’occasion de le faire pour sa propre mère partie trop tôt. Mais la morale est tellement pervertie de nos jours que la belle mère ou la coépouse de maman est devenue l’ennemie juré. Tout ceci nous est étranger. A qui la faute ?? Nous bien sur !!!
On a pris exemple sur des personnes qui n’ont jamais eu les mêmes références que nous, qui ont même toujours détesté nos références. Se demande-t-on quelles ont étaient les conséquences pour ces sociétés ?
Comprenez bien une chose, je n’ai pas l’intention d’avoir plus d’une femme. Pour le bonheur de mon épouse, puisque je suppose qu’elle préférera que je me tape tout ce qui bouge à son insu, tant que j’en ramène pas une à la maison.
Mayra, elle finira sûrement par avoir le mari qu’elle ne veut pas partager. Après, elle aura des enfants qu’elle va éduquer, mais selon quelle modèle social, quelles valeurs. Si elle n’est pas chanceuse, son mari sera du genre à sauter sur tout ce qui bouge, ou aura une autre famille cachée.
Je ne veux pas être polygame, ça demande trop et je pense que je n’ai pas les nerfs pour. J’ai des nerfs fragiles moi, je n’aime pas que l’on me prenne la tête. Mais pour autant, je resterai honnête avec moi-même. Je dirai ce que je pense et je pense que la femme africaine a parié sur le mauvais cheval. Elle a tourné le dos à ses valeurs et à sa religion pour adopter, non pas la religion ou les valeurs d’une autre, mais plutôt les semblants de règles qu’ils ont bien voulu établir.
Je ne vais plus faire de brouillon. Je déteste les brouillons. Je déteste relire. Ce texte j’ai du l’écrire une douzaine de fois. J’ai du virer des paragraphes encore et encore pour ne pas choquer la sensibilité des lectrices surtout. Ce texte ce n’est pas du 100% Mélo. Il n’est pas cru, il est concerné par les « que dira-t-on ». Je n’aime pas ce texte, je déteste ce texte parce qu’il y’a tant de choses que j’ai voulu dire sans vraiment pouvoir le faire. Ce texte manque de sincérité. Ce texte, il est parti dans tous les sens, il a des incohérences parce que j’ai écrit d’une façon peu habituelle, juste parce que j’ai beaucoup pensé à vous. Cela m’a pris plusieurs semaines alors, j’espère que le message est bien clair.
VOUS LISEZ
Scénarios de Vie
PertualanganScénarios de Vie , une serie d'histoires mettant en scène des hommes et des femmes face à l'humanité et à leur destin. Tous les récits sont basés sur des histoires vraies.