AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine

Chapitre 24

« – Merci de nous avoir aidé, dit la femme tout en continuant de pleurer.

– Ce n'est rien. Mais puis-je te poser une question ?

– Bien sûr.

– Pourquoi voulais-tu séparer tes enfants de leur père ?

– Et bien...depuis un certain temps il buvait beaucoup et a fini par devenir violent. Je voulais simplement protéger mes enfants de leur père.

– Je comprends. Que vas-tu faire à présent ?

– Je pense que nous allons partir, dans l'espoir de trouver une nouvelle vie.

– Dans ce cas, je te souhaite bon courage. Les dieux veilleront sur vous, j'en suis certaine. »

La femme me sourit, puis rentre chez elle avec ses enfants pour sans doute préparer leurs affaires. Cette famille est sauvée, et c'est grâce à mes mots... Je ne pensais pas être capable de faire cela. Après tout, je n'ai jamais vécu une situation similaire. Mais c'est comme si quelque chose en moi me dictait les phrases à prononcer. Une sorte d'évidence, des idées qui remontaient jusqu'à ma gorge et se transformaient en paroles justes et sincères.

Depuis plusieurs mois, je me demande si mon pouvoir est un don ou une malédiction. Pour le moment, il ne m'a été que bénéfique, puisque j'ai pu sauver cette famille et en apprendre un peu plus sur le meurtrier de ma mère.

« – Quel beau discours. J'en ai eu les larmes aux yeux, ricana quelqu'un derrière moi.

– Ectellion, saluai-je.

– Dommage que les mots ne suffisent pas à chaque fois.

– Tu es toujours aussi désagréable ?

– Peut-être bien. En particuliers lorsque la personne en face de moi se croit toute puissante, alors qu'elle ne l'est pas.

– Je ne me considère pas ainsi.

– Ah bon ? Pourtant tu es acclamée dans toute la ville comme une héroïne. Alors qu'il m'aurait simplement suffit de tuer cet homme et l'histoire était réglée.

– Alors pour toi il n'y a que la violence qui existe ?

– Malheureusement dans ce monde, il n'y a que cela qui puisse nous sauver.

– Quelle triste vie.

– Si tu parles de la tienne, je suis absolument d'accord. »

Ectellion me fixe en souriant, alors que je fronce les sourcils. Cet homme est plus insupportable de jour en jour. Le vent fait voler ses cheveux bruns, dont quelques mèches retombent sur ses yeux. Dommage qu'Ectellion ne puisse croire qu'en la violence et le sang, autrement, je suis certaine que nous aurions pu devenir de bons amis. Seulement son comportement m'insupporte, et son caractère me tape sur les nerfs. Rien que le fait de rester quelques minutes avec lui, représente un véritable supplice.

« – Tu devrais apprendre à te battre, me conseilla Ectellion.

– Je n'ai pas besoin de cela.

– Tous les dieux savent se battre. Que ce soit Arès, Zeus, Athéna ou même Aphrodite. Ils pensent tous la même chose que moi. Les mots ne suffisent pas toujours à nous sauver.

– Tu as tord. Je n'utiliserai jamais la violence pour arriver à mes fins. Je ne suis pas comme toi Ectellion. Toi tu es un ancien combattant qui n'a connu que la guerre et la ruine. Orphelin depuis ton plus jeune âge, tu t'es plongé dans une profonde solitude et le vol.

– Comment sais-tu tout ça ?

– Ne suis-je pas la déesse de la pensée ? Adieu Ectellion. »

Je me métamorphose en moineau et m'envole aussitôt dans le ciel. Où que j'aille, j'arrive toujours à me faire importuner par Ectellion. Il est partout et nulle part à la fois. Pourquoi nos chemins se croisent-ils aussi souvent ces temps-ci ? Qu'est-ce-que mon destin a à voir avec le sien ? Tant de nouvelles questions me tourmentent l'esprit alors que je remonte sur l'Olympe.

Je rentre dans ma chambre, et c'est là qu'à ma grande surprise je trouve Hélios, assis sur le lit, attendant patiemment quelque chose.

« – Tu m'attendais ? demandai-je en venant l'embrasser.

– Oui. J'étais inquiet.

– Inquiet ? Pourquoi ?

– C'était dangereux de te mêler des histoires de cet homme. Cela ne regardait que lui et sa famille.

– Hermès m'avait appelée, il savait que j'aurais pu arranger la situation.

– Hermès...

Les poings d'Hélios se serrent soudainement. Je pose mes mains sur les siennes pour tenter de le calmer.

– Il a fait preuve d'une grande imprudence en t'emmenant là-bas Akenna.

– Hermès voulait bien faire. Et il a eu raison de m'appeler.

– Il aurait pu te lancer la torche en pleine figure !

– Mais tout s'est bien passé.

– Oui, pour aujourd'hui. Seulement...peut-être que ça ne se passera pas aussi bien la prochaine fois.

– Mon amour...

– J'ai eu peur tu sais. »

Je laisse la tête d'Hélios tomber sur mes genoux, alors qu'il enfuie son visage contre le tissu de ma robe. Mes mains caressent doucement ses cheveux d'or. Je le vois bien qu'il a eu peur pour moi. Mais il n'a aucune raison de se torturer l'esprit à mon sujet. Je suis bien plus forte qu'il ne le pense.

« – Je suis désolé de m'être énervé contre toi Akenna. C'est parce que je t'aime tellement, et l'idée que je puisse te perdre un jour m'est insupportable.

– Je le sais. Mais tu ne dois pas te mettre dans des états pareils tu sais. Tout ira bien.

– Tu ne peux pas le savoir.

– Tu as confiance en moi ?

– Évidement que oui.

– Alors tu dois me croire lorsque je te garantie que tout ira bien.

– Très bien, je te crois. Mais tout de même, ne prends pas trop d'imprudence.

– D'accord.

– Je t'aime.

– Moi aussi je t'aime, affirmai-je en me baissant pour embrasser le dieu du soleil. »

Le fait qu'Hélios ait eu peur pour moi me montre son amour. Il ne veut pas me perdre, tout comme je ne supporterais pas qu'il lui arrive malheur. Mais je pense que les côtés obscurs de mon destin sont à présent derrière moi, et que seul le bonheur se tiendra à mes côtés. J'en suis certaine.