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PDV BILLIE
22h23

J'étais assise sur le siège passager de la voiture d'Alpha, un pétard à la bouche.
Ma tête était collée contre la vitre recouverte de gouttes d'eau, fuyant le regard de mon acolyte.
Aucun de nous deux n'avait prononcé un seul mot depuis 10 minutes et la tension qui s'était installée dans la clio était bien décidée à rester ici encore un bon moment.
J'avais décidé de lui dire que j'avais repris de la coke pour ne rien lui cacher, et comme je m'y attendais, sa réaction n'avait pas été très positive.
De cris avaient fusé et son visage était devenu le synonyme du mot « déception ».
Je savais pertinemment qu'il m'en voulait, et aussi qu'il avait probablement envie de me faire passer à travers la portière, mais il avait préféré se murer dans le silence jusqu'à au moins 23h30, à mon plus grand désarroi.
Pourquoi jusqu'à cette heure si précise me diriez vous?
Parce que Ilyès avait décidé de me donner rendez-vous chez lui dans exactement 7 minutes, et que malgré ma dispute avec mon meilleur ami, il était trop tard pour annuler le plan.

Pour ma part, j'en avais marre de rester coincée ici à attendre, tout en étant en froid avec Alpha.
Ça me mettais plutôt mal de savoir que toute la haine qui stagnait dans l'atmosphère m'était destinée et je ne comptais pas rester plantée là à ne rien faire le temps qu'il se calme.
C'est donc avec hésitation que je tentais une approche, mettant ma fierté démesurée de côté.

-...Je...
-Billie.

Étonnée qu'il m'adresse la parole, je lui répondis avec un grand sourire.

-Oui?
-Fermes ta gueule et fumes.

Mon sourire disparut aussi vite qu'il était arrivé et je me retournais une seconde fois vers la fenêtre tout en croisant les bras sur ma poitrine.
Quel enfoiré.
Pour une fois que j'essayais de faire les choses bien, il me coupait dans ma lancée.

Quelques minutes plus tard, je jetai un bref coup d'œil à mon portable et remarquai qu'il allait falloir que nous nous rendions à notre rendez-vous de ce soir.
Je montrai donc mon écran à Alpha pour lui faire comprendre qu'il était temps d'y aller, évitant tout contact avec lui par pure rancoeur.
Il jeta alors le mégot de son joint et sorti de la voiture en poussant un soupir aussi puissant que le moteur d'une Ferrari, pour me faire profiter de ses ondes négatives quotidiennes.
Je ne relevai pas son acte, et me dirigeai donc vers le bâtiment d'Ilyès plus déterminée que jamais, suivie par mon « garde du corps ».

-Billie avant qu'on rentre j'te préviens toi tu fais rien tu m'laisses parler.
-Ah tu fais plus la gueule c'est bon. Dis-je d'un air hautain
-Wesh casses pas les couilles maintenant. C'est important c'que j'te dis là. Dit-il en haussant le ton
-Oui oui bah c'est bon j'te laisserais parler...Marmonnais-je

Il esquissa un léger sourire, content que je lui donne raison, et poussa la porte de l'immeuble se trouvant en face de nous.
Le hall était sale et puait l'alcool à des kilomètres, tandis que deux adolescents étaient posés dans des chaises de camping juste devant les boîtes au lettres.
Je me contentai de les saluer rapidement et de rattraper Alpha, qui se trouvait déjà devant la porte de mon harceleur deux étages plus haut.

-Attends putain! Chuchotais-je

Il se retourna vers moi, le pouce en l'air, et fit ressortir de son bas adidas le pistolet qu'il avait emmené pour me faire comprendre que tout allait bien se passer.
Confiante, je décidai donc de laisser s'échapper mon orgueil le temps de quelques secondes et de lui faire un petit sourire en guise de remerciement.
Je m'approchai doucement, sans une once de stress, et toquai au numéro 15 à sa place, tout en lui lançant un dernier regard.

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant