De la comédie Au réel...

XV.

    Cela faisait un peu plus d'un mois que je continuais à me rendre dans l'entreprise de Amir, non parce que mon frère avait toujours besoin de moi -- dès ma troisième journée il se débrouillait déjà tout seul -- mais parce que j'avais besoin d'un cadre comme celui-là pour mieux appréhender l'avancée de mon projet d'entreprise. Nous avons acquis facilement le terrain et les travaux avaient été lancés immédiatement. À l'heure actuelle, la dernière aile de mon institut était en fin de construction, on allait passer à la mise en beauté. J'avais demandé au boss de la boîte un petit espace que je pourrais appeler bureau, la réponse fut un non catégorique. Je jonglais donc entre les salles de réunion inoccupées et le bureau de Nate qui d'ailleurs semblait de plus en plus agacé par la situation.
    Installée dans la salle de réunion juste à côté du bureau de Nate -- la plus petite d'ailleurs -- je regardai les différentes maquettes que m'avait envoyé l'agence de décoration d'intérieur. La porte s'ouvrit sur Gina qui s'empressa de prendre le siège à côté de moi.

- Alors, on dirait que ton nouveau bébé est en train de prendre vie; commença-t-elle.

- Tu ne peux pas savoir à quel point je suis excitée, les croquis sont arrivés. Je voudrais que tu m'aides à choisir s'il te plaît.

- Tu es sûre que cette fois, on ne sera pas interrompues par le patron de la maison ?

- Je te rappelle que le patron de la maison c'est King Parker, qui est mon père. Alors on a rien à craindre. Et puis de toute façon il est en voyage à ce qu'il paraît.

- Ça doit être difficile de te tenir à distance de lui; dit-elle en admirant une première maquette.

- Non mais de quoi tu parles ? Je te signale que je suis en couple Gina. Jack est quelqu'un d'incroyable. Il a tout pour lui, j'ai de la chance de l'avoir.

- Oui mais tu ne l'aimes pas Annie, en tout cas pas de la même manière que lui.

     Je soupirai avant d'aller me servir une tasse de café. Depuis que j'avais commencé à sortir avec Jack, Gina n'avait pas râté une seule occasion pour me dire que ça ne me mènerait nulle part. Non mais de quoi je me mêle. C'est ma vie après tout.

- Gina, je n'ai pas besoin de ça actuellement. J'essaie de choisir la peinture et les motifs idéaux pour mon entreprise. Alors est-ce que tu veux bien qu'on s'y mette?

- J'arrête, mais nous sommes toutes les deux d'avis que tu vas finir par retomber dans les bras de Amir.

- On parle de moi?

      Je sursautai lorsque j'entendis sa voix, je ne m'attendais pas à le voir ici. Surtout que depuis un mois il m'évitait comme si j'avais la peste. Je levai les yeux sur lui. Il n'avait qu'un polo bleu nuit et un jeans comme tenue de travail. Ce qui me surpris d'ailleurs. Soudain je me mis à paniquer, en pensant qu'il aurait pu entendre ce que Gina a dit plus tôt.

- Amir... Depuis combien de minutes tu es là?; s'enquit Gina.

- Oh pas longtemps, j'étais avec Nate il y'a peu. J'allais dans mon bureau quand j'ai entendu mon nom.

- Oh... D'accord.

- Alors vous parliez de moi il me semble, de quoi s'agit-il ?

      Il prit un siège à la table et s'assied dessus. J'étais toujours debout près de la caféière. Gina chercha du secours auprès de moi en me faisant les gros yeux. C'est à ce moment que je pris une longue gorgée de café. Ça lui apprendra à tenir sa langue. Voyant que je ne dirais rien, elle se tourna vers lui en souriant.

- Eh bien Annie,... me disait qu'elle admire la manière dont tu diriges cette société ; lança t-elle.

      Je faillis m'étouffer avec mon café au moment où elle s'exprima.