Chapitre 8

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   - Hé ! Ho ! Jungkook ! Rah... Il n'écoute rien... Je suis très heureuse que tu ailles mieux, hein, vraiment ravie, mais tu as l'intention d'être avec nous un moment ? On a le choix uniquement entre ta mine démunie et ton air ahuri ? Parce que je commence à me demander si je préférais pas ton air penaud qui avait au moins le mérite d'être attendrissant à cette tête d'imbécile heureux ! lança Younha d'une traite.
   - Ah ? Oui ? Ah, pardon, je n'écoutais pas, annonça le concerné en clignant des yeux.
   - Et c'est bien le problème, grogna-t-elle.
   - Tu es définitivement bien étrange Jungkook... s'amusa Jieun.
   - Je pense qu'il nous cache des choses, notre Jungkookie, j'en suis même certain...rajouta Jin.
   - Son cerveau, assurément, trancha Younha.
   - Ou autre chose... fit Jieun, espiègle.
   - Mais de quoi vous parlez ? s'étonna le principal intéressé.
   - Et le voilà qui joue l'innocent... Tu ne t'en tireras pas comme ça mon ami, ah non !s'exclama Jin.

Ils étaient assis au self et comme depuis le début de la semaine chambraient Jungkook sur son air rêveur, tout en essayant de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver en un week-end pour changer du tout au tout comme ça. Ça les amusait autant que ça les intriguait. Et tandis que Jin et Younha débattaient du potentiel événement qui avait déclenché cette métamorphose, Jieun se pencha sur l'épaule de Jungkook et lui chuchota :

   - Ca n'aurait pas un rapport avec un certain Taehyung tout ça ?
   - Tout ça quoi ? Mais non, il n'y a rien du tout, râla-t-il avant de poursuivre : Ah ! j'ai oublié de te dire d'ailleurs, il a adoré les photos !
   - Oh, tu lui as enfin montré ! Vous avez réussi à les admirer à leur juste valeur sur ton téléphone minuscule ?
   - Non, on a regardé ça sur mon ordi, c'était mieux.
   - Hinhin... ricanna-t-elle en arquant un sourcil.
   - Mais quoi encore ?
   - Rien, rien voyons, je m'intéresse juste... Donc il était chez toi ce week-end ?
   - C'est ça... répondit-il, méfiant.
   - Je vois... Je vois...


***


Le téléphone de Jieun se mit à sonner. Elle sourit en voyant le nom de Jungkook s'afficher et répondit :

   - Oui ? Que me vaut l'honneur de cet appel ? Attention, je vais finir par...
   - Jieun, ok, vous aviez peut-être raison, ça va pas du tout ! Enfin, ça va très bien, mais ça va pas du tout !
la coupa-t-il, paniqué.
   - Ce que tu dis est d'une limpidité... Tu m'expliques un peu mieux ?
   - Et bien euh, oui, ça va clairement mieux depuis ce week-end. Et oui, c'est très probablement parce que Taehyung est venu. Car oui, c'était bien ça qui clochait les jours précédents...
    - Les semaines précédentes, Jungkook. Les trois putains de semaines précédentes,
précisa-t-elle.
   - Oui, et désolé, mais voilà, là, c'est bon, mais ça va pas du tout ! Il faut absolument que j'y aille, parce que bah, justement, c'est parce qu'on ne se voyait plus que j'étais comme ça, mais je ne peux pas y aller !
   - Tu m'en veux si je te dis que je ne comprends strictement rien ? Pourquoi tu ne peux pas y aller si tu dois y aller et que tu veux y aller ?
   - Parce que... Je ne sais pas comment faire...
   - Je t'explique comment sortir de chez toi et te rendre dans un parc ?
s'impatienta-t-elle légèrement.
   - Non mais, je ne sais pas comment être avec lui, je ne sais pas quoi faire...
   - Il y a une raison, j'imagine, pour que tu ne fasses pas juste comme d'habitude ?

Un silence. C'était presque trop facile. Elle touchait toujours juste. En même temps,avec ces-deux là, se dit-elle, ce n'était pas bien compliqué.

- Une petite raison, oui... Mais je n'avais pas réalisé que c'était un problème avant, là, maintenant, avant de me préparer à y aller.
- C'est que ce n'est peut-être pas un problème alors ?
- On s'est embrassés,
lâcha-t-il.
- Ooh ?.... Ooooooooooh... Oho... Bon, je comprends que ça te perturbe, mais ça n'est pas un problème pour autant. Mais par contre, je t'en supplie, donne moi un peu plus de détails, dit-elle, incapable de retenir son enthousiasme.
   - Mais il n'y a rien, aucun détail ! Il a juste dormi à la maison, et il est resté toute la journée parce qu'on s'était manqués. Trois semaines c'est long tu sais ! Alors, je sais pas, euh, le baiser devait permettre de rattraper le temps j'imagine ? Enfin, vraiment, je dis baiser, mais c'est même exagéré ! Nos lèvres se sont juste touchées une micro-seconde !
   - C'est donc globalement ce qu'on appelle un baiser, surtout quand ça met dans des états pareils, mais je vois l'idée je crois, oui...Tu sais pas comment les choses sont entre vous, c'est ça ?
   - C'est ça.

Elle s'écarta de son téléphone, pencha la tête pour regarder l'heure et soupira :

   - Je peux t'accompagner, si tu veux. Ça devrait rendre la situation moins similaire à dimanche soir et vous aider à vous détendre.
   - Tu es géniale ! On se rejoint là-bas ?

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il avait déjà raccroché. Parfois elle se demandait si elle était son amie, sa grand-sœur ou sa mère. Ou peut-être même sa grand-mère. La vieille qu'on appelle de temps en temps, pour des conseils de vie. C'était ça :elle était devenue une grand-mère. Cette pensée la fit sourire, et elle sortit de chez elle pour rejoindre son ami.

Que s'élève ta voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant