Jour 17

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La nuit tombait, le hibou hululait à la Lune, et Ozël se réveillait seulement. Il étira ses muscles engourdis, et laissa son ventre crier famine. Et pas seulement son ventre. Il sentait le manque dans chaque cellule de son corps, il ne supporterait pas une nouvelle nuit infructueuse. Alors il sortit rapidement dans le noir et partit en chasse. Les diurnes avaient cédé leur place aux nocturnes, et la forêt frémissait de cette vie noctambule. Ozël n'était pas le seul prédateur dans les environs, et pas non plus le plus dangereux, mais pour ceux qui devaient se trouver sur son chemin, il en restait un. Un prédateur.

Une odeur lui parvint aux narines, juste avant qu'il aperçût au loin une faible lueur rouge, indiscernable à l'œil humain mais qui pour lui brillait comme un phare dans la nuit. Courant, il ne lui fallut que quelques secondes pour couvrir la centaine de mètres de distance qui le séparait de sa proie. Devant lui, un humain, seul, visiblement en plein campagne sauvage au cœur de la forêt, et qui avait eu l'inconscience d'allumer un feu de camp. Ozël sortit donc de l'ombre et l'humain poussa un cri de terreur.

« N... ne me tuez pas, trembla-t-il.

– Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne vais pas te tuer.

– V... vous n'allez pas me sucer tout mon sang ?

– Sucer ton sang, si, j'ai besoin de me nourrir. Tout, non. Contrairement à vous, nous ne tuons pas pour manger. Au maximum je boirai un litre de ton sang. C'est... le double de quand tu vas donner ton sang, no big deal.

U... un litre ?? M... mais vous êtes pas bien !

– Je n'espérais pas réellement te demander ton autorisation. »

Et avant que l'humain ne pût faire quoi que ce fût, il agrippa le cou de sa victime d'une force surhumaine, et y planta les crocs. Il sentit alors le sang affluer dans son corps, envahir chacun de ses pores, le requinquer, lui rendre la force que son jeûne malgré lui des derniers jours avaient drainé. Et en plus de cela, il se régalait. Un tout jeune vampire lui avait demandé un jour s'il éprouvait le moindre remord lorsqu'il suçait ainsi le sang de ses victimes, et Ozël lui avait répondu avec la plus grande sincérité : non. Il fallait qu'il mange, la chaîne alimentaire voulait ça. Pourquoi s'apitoyer sur le sort de ceux qui le maintenaient en vie ? S'il la leur ôtait, il ne disait pas, mais puisque cela n'était pas le cas, il ne voulait pas se prendre la tête avec des remords. Et il ne parvenait à oublier la peur et la haine. Tous les siens traqués et assassinés par les humains, injustement, par haine, par peur. Il ne voyait pas aux mortels une aversion particulière, mais il était loin de les porter dans son cœur.

Un long moment après, il relâcha sa victime qui s'effondra sur le sol, faiblarde. Une bonne nuit de sommeil, des snacks, et il serait de nouveau sur pieds. Ozël, lui, le quitta sans un regard en arrière et rentra chez lui, prenant plus son temps qu'à l'aller. Il n'était plus pressé, et la nuit encore longue. Rassasié, il allait pouvoir profiter de la quiétude nocturne. Sa journée a lui ne faisait que commencer.

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