Ce fût comme un coup de poignard dans le dos. Ou même plus; ce fût un coup de poignard dans le dos. Ça l'avait traversé comme ça, tout d'un coup et sans prévenir, avec la violence d'un éclair. Lui, le grand auteur admiré de tous dont personne ne pouvait ignorer le nom, venait d'attraper... le syndrome de la page blanche. Que faire? Toutes les idées qui avaient habitées son esprit pas même deux minutes auparavant, avaient étées comme aspirées par le terrible trou noir que représentait cette maladie.
Tout d'abord, il gribouilla quelques lignes médiocres sur un bout de papier, mais cela ne changeait rien; l'inspiration ne venait pas.Rien ne venait. Sa tête était vide et son état ne faisait qu'empirer. Il commença à panique et plus il s'agitait, moins il arrivait à penser correctement. Ses dents commencèrent à claquer à une vitesse hallucinante, il ne pouvait pas croire ce qui était en train de lui arriver et qui, pourtant, était déjà arrivé à tant d'autres! Son pied, dans l'affolement, tapa contre le recoin de table, qui se renversa sur lui tel un gigantesque tsunami. des éclaboussures d'encre, de stylos, de crayons, de feutres, de feuilles et de bien d'autres choses encore se jetèrent sur lui, qui, toujours claquant des dents, se recroquevilla au sol, de plus en plus paniqué.
Quand la tempête se termina enfin, il osa jeter un regard anxieux vers le sol de son appartement. Tout ce bazar ne l'aiderait pas, lui qui était si manique d'habitude! Il ramassa la première chose à portée de main - un feutre-pinceau noir à l'encre de Chine - et s'empara d'une feuille blanche. Blanche... Aussi blanche que son symptôme...Son corps se mit à trembler comme une feuille, mais il reprit vite ses esprits et nota quelques phrases sans réfléchir -à quoi bon?-, mais c'était encore pire! En moins de dix lignes, il venait de mélanger eau de rose, adolescents, plage et soleil. Tout ce qu'il détestait! Il prit un autre stylo -un marqueur rose fluo- et autre feuille. Il ne pouvait pas continuer à écrire sur la même qu'avant, car il l'avait bafouée en laissant ainsi libre cours à son instinct d'auteur.
"Il était une fois..." Au secours! Encore pire! Décidément, il ne faisait que créer des monstres aujourd'hui... Mais ne pas se laisser abattre! Tel était sa devise! À l'aide d'un crayon à papier B8, les plus gras et plus agréables à manier, il nota quelques mots au hasard sur un bout de papier. Corbeau, âme, secret, nuage... Pourquoi ne pas écrire un roman fantastique? À quatre pattes sur le plancher, il se mit à rédiger. "Le corbeau quitta son nid dans la cime des arbres et s'envola pour venir se poser sur le rebord d'une fenêtre. la fenêtre appartenait à une maisonnette, et celle-ci était celle d'un grand sorcier. Lui-même se nommait..." Comment d'ailleurs? Comment nommer son fabuleux sorcier qui accomplirait de terribles sortilèges le soir-même? Il ne pouvait tout de même pas s'appeler Albert! Un long frisson parcouru le dos de l'auteur; aucun nom ne lui venait à l'esprit!
La pluie se mit à tomber, et de grosses gouttes d'eau vinrent s'écraser les unes après les autres contre les vélux. Mais à ses oreilles, le bruit était terriblement tonitruent, un raffut atroce qui lui transperça les tympans et lui donna un mal de crâne épouvantable. Il tenta de porter les mains à ses oreilles pour étouffer le bruit, mais ce fût en vain; il venait de l'intérieur de lui-même. Son visage vira au rouge et il commença à transpirer. Il se jeta littéralement sur son étagère à livres et prit un roman au hasard; les mémoires d'Hadrien. Il tenta de le feuilleter mais ses mains étaient moites et laissèrent échapper l'ouvrage qui tomba sur le sol dans un grand fracas. L'écrivain s'empara d'une autre oeuvre, race et histoire cette fois-ci, mais chaque phrase, chaque mot - chaque lettre même! - lui semblaient être d'impardonnables fautes de goûts! Et le livre lui-même semblait se consumer d'ennui. Celui-ci atterrit sur le trottoir, manquant d'écraser un caniche qui passait par là.
L'auteur prit un stylo vert et un troisième livre, sans prendre la pine de jeter un oeil au titre, cela lui était complètement égal! Il entoura sur les pages, des lettres et des lettres. Le rendu n'eut aucun sens, mais cela lui évoquait quelque chose. Des mots furtifs, curieux, qui sortaient petit à petit de leurs cachettes tel des bourgeons au printemps. Un poème? Oui, pourquoi pas... Mais sitôt le titre écrit, son idée lui parut barbante, et même franchement idiote! Pourquoi écrire un poème de printemps en plein automne?! Ça n'avait aucune logique! Aucun sens! Et cela mortifia l'auteur, qui jeta au sol tout ce qui n'y était pas encore. Et Kling!!!, l'ampoule de la lampe qui explosa au sol, et Krak!!!, la chaise du bureau qui perd son dossier et un de ses pieds, et Bling!!! le vase à fleurs de l'étagère...
L'auteur faillit ne pas entendre la sonnette. Grelottant, avec la tête qui tournait encore, sans même regarder de qui il s'agissait, (en l'occurence, la concierge) il se jeta sur la personne de l'autre côté de la port et l'attrapa par le col en la suppliant d'appeler les urgences et de faire vite. Celle-ci comprit la gravité de la situation, et tapa aussi vite que possible le numéro sur son téléphone portable.
20 minutes plus tard, après un doliprane, des antidépresseurs et beaucoup, beaucoup de consolation, un médecin en blouse blanche vint annoncer à son patient:
"Monsieur, vous avez été victime du syndrome de la page blanche, une terrible maladie qui peut vous frapper à tout instant tel un coup de poignard..." L'auteur sauta sur ses pieds et éclata de rire. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt? Elle était pourtant là son idée! Depuis le début!
Sans faire attention aux médecins une seule seconde de plus, il prit un crayon de couleur violet et écrivit sur une feuille:
"Ce fut comme un coup de poignard dans le dos. Ou même plus, ce fut un coup de poignard dans le dos..."
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Voilà, c'est la première nouvelle que j'écris et je suis plutôt contente! Si quelqu'un connaît de bons concours de nouvelles encore en cours, n'hésitez pas à me les conseiller!
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L'auteur
Short StoryCe fût comme un coup de poignard dans le dos. Ou même plus; ce fût un coup de poignard dans le dos. Ça l'avait traversé comme ça, tout d'un coup et sans prévenir, avec la violence d'un éclair. Petite nouvelle sur un truc terrible que beaucoup d'aute...