Vif d'or

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Les élèves étaient dans les gradins, hurlant tout l'air de leur poumon. Sur le terrain, les deux attrapeurs poursuivaient le vif d'or sans relâche. C'était la finale, si le dénommé Dimitri attrapait la balle jaune avant Alexander il gagnerait la partie avec une petite avance. Tous acclamaient les préférées. Espérant voir l'un ou l'autre l'emporter. Nicholaï était debout sur le banc, criant d'excitation. Il rêvait de faire partie de l'équipe d'Alexander. C'était eux les meilleurs, selon lui. Il l'avait répété inlassablement à Ludo.

Depuis le début du match, Domovoï avait décrit chaque manoeuvre effectuée à son élève, mais depuis que le vif d'or avait été repéré, il n'arrive plus à se concentrer sur autre chose que la course qui se déroulait devant les yeux. Le regard fixe sur le terrain, la bouche légèrement entrouverte, Lamontagne ne put s'empêcher de penser à un poisson hors de l'eau et retient un rire discret.

Ce n'était pas la première partie de quidditch à laquelle il assistait avec Nico. Mais serait le dernier de cette année scolaire. Après chaque partie, son ami le harcelait de question afin de savoir s'il avait aimé. Il était motivé à gagner le défi qu'il s'était lui-même lancé. Après chaque partie, le français faisait toujours l'indécis, trop de gens, trop de cris, trop de sang et deux blessés.

La vérité, c'est qu'il était arrivé à un point où il ne regardait plus les joueurs, mais le russe à ses côtés. Il était amoureux. Il le savait depuis un moment, ils avaient même écrit aux filles de Beauxbatons pour leur dire. Mais il ne voyait l'homme uniquement durant du quidditch ou un de ses entrainements. S'il lui disait qu'il commençait à apprécier ce sport, arrêterait-il de se voir? Après tout, c'était l'unique raison qui maintenait leurs amitiés. Ce défi que Nico s'était lui-même lancé.

Un cri, plus puissant qu'avant, retentit et tous se mirent à sauter sur leur banc. Bien, c'était fini et Ludovic n'avait aucune envie de savoir qui a gagné. De toute façon, au sourire béat de Nicholaï, ça ne pouvait être que son cher Alexander.

-C'était génial Ludo! Tu as vu comment Raspoky a lancé ce cognard pour déstabiliser Dimitri. Pas qu'Alexander en avait besoin, mais le coup était bien envoyer.

-Merveilleux. Brillant même.

-Tu trouves aussi! On est pareil toi et moi. Alors, tu aimes ou tu n'aimes pas?

Toujours et encore cette question. Les garçons s'éloignèrent de la foule. Au lieu d'aller fêter avec tous les autres, ils avaient pris la peine de se promener sur le terrain de l'école.

-J'apprécie l'effervence autour de...

-Ah non. Suffit. Je veux un oui ou un non.

-Non.

-Tu semblais pourtant avoir du plaisir là-haut. Et c'est toi qui es venu me chercher excité à l'idée de la partie qui approchait.

-Ce n'était pas à cause du sport.

-Alors quoi?

Il ne pouvait lui avouer, il perdrait son amitié.

-Écoute Ludo, j'ai un secret à te dire, mais je veux que tu sois honnête avec moi en premier. Tu viens aux quidditch pour moi n'est-ce pas?

La peur gagna le métamorphomage. Comment avait-il deviné? Qu'est-ce qui allait se passer maintenant? Il ne pouvait pas dire oui, mais il ne pouvait pas mentir non plus. Ses yeux le trahiraient.

-Oui.

Le stratégiste semblait réfléchir. Ses yeux regardèrent autour de lui inquiets et Lamontagne le vit mordre ses lèvres.

-Je t'ai menti.

Et maintenant quoi? Il lui avait menti à quel sujet ? La peur commençait vraiment à s'immiscer dans chaque port de sa peau. Il ne voulait pas le perdre. Il donnerait tout pour ne pas le perdre.

-Je n'ai jamais eu de dissertation à faire sur les métamorphomages.

Silence. Le français ne savait pas trop comment prendre cette révélation. Il avait inventé un devoir et alors? Nicholaï poussa un soupir d'indignation.

-J'ai menti! Je t'avais remarqué l'année passée et je n'avais aucune idée comment t'aborder. J'ai inventé ce devoir pour avoir une chance de te parler et que tu me remarques. J'ai menti, tu comprends.

Oui et non. Ça ne pouvait vraiment être... il ne pouvait vraiment l'aimer? Oui?

-Tu essaies de me dire que tu... m'aimes?

-Et toi?

-Oui... Bien sûr!

Nicholaï ne voulut en entendre plus. Il lui agrippa le bras et le tira vers le château. Les garçons entrèrent dans une salle de bain et après que le quatrième est vérifier qu'aucune des cabines n'était utilisée et donc qu'ils étaient seuls, il se tourna vers son ami. Les deux garçons se regardèrent mal à l'aise. Ludo attendit. C'était lui qui l'avait amené ici. C'était donc à lui de parler en premier.

-Ludo, tu aimes les hommes?

Question directe, difficile à détourner.

-...Oui.

-Tu m'aimes, moi?

-Oui.

-Alors pourquoi ne m'embrasses-tu pas?

La question figea le linguiste sur place. Il voulait qu'il l'embrasse. Il n'avait jamais embrassé personne. Il en avait envie, mais ne savait comment s'y prendre. À la façon incertaine que Domovoï s'approchait de lui, il ne devait pas non plus être sûr de la façon de procéder. Bon, le beau garçon aux yeux verts avait fait la moitié du chemin, il devait donc faire l'autre moitié.

Les deux garçons se collèrent tranquillement. Lamontagne du relevé la tête quelque peu. Sa bouche arrivant au menton du garçon. Doucement et en choeur, les garçons collèrent leurs lèvres incertains. Ils les laissèrent là un moment avant de se reculer. C'était pathétique, tout sauf un vrai baiser. Ludo frotta ses mains moites sur ses pantalons. Passant la langue subtilement sur ses lèvres pour les humidifier. Bon, ils allaient réessayer.

La deuxième tentative était mieux. Chacun entrouvrant un peu la bouche pour que l'autre puisse y apposer ses lèvres. C'était bien, même génial. Nicholaï entoura le visage de Ludo dans ses mains pour le forcer à rester à porter, mais c'était inutile, car il avait lui aussi posé ses mains sur les épaules et le cou du garçon.

Le temps parut fondre autour d'eux. Ça bouche était chaude et réconfortante. Ses mains protectrices et ses baisers salvateurs. Ce baiser de novice était échangé avec passion, ni l'un ni l'autre ne savait trop comment procéder. Pourtant, cette réalité n'importa à personne.

Ambre de France (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant