Philtre d'amour

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Au finale, à la fin de la journée, tous connaissaient l'orientation sexuelle du linguiste. Marchant dans les couloirs, il s'était fait insulter et éviter. Dans les dortoirs, il constata que Ronan et Mikaël étaient de nouveau de bon ami. Son coeur se déchira néanmoins au regard noir que les deux hommes lui lançaient.

Il ne revit Domovoï que deux jours plus tard. Il avait un plâtre autour de son bras droit, mais sinon, il paraissait en meilleure santé. Heureux de retrouver son petit-ami, il oublia les menaces proférées quelques jours plus tôt.

-Nicholaï. Tu vas mieux?

Le regard noir qu'il reçut le fit hésiter à le prendre dans ses bras.

-Qu'est-ce que tu me veux?

-Je m'inquiétais.

-Pourquoi? Je te déteste moi.

Trop abasourdi par la froideur de celui qui partageait jadis son intimité, Ludovic resta immobile au milieu du couloir pendant que le blessé traçait son chemin. Il allait se calmer. Il avait besoin de temps. Ils s'aimaient. Il n'allait pas laisser de stupide joueur de quidditch tout gâcher entre eux. Il fallait juste attendre. Attendre que les rumeurs disparaissent et que la haine vociférée dans les couloirs se taise. Ensuite, ils pourront de nouveau discuter.

Mais le temps passait et les choses ne faisaient qu'empirer. Les insultes devenaient de plus en plus vicieuses et on le plaquait parfois même dans les casiers. Il avait déposé a trois reprises une rose de papier sous la marque de Grindewald sans jamais avoir de réponse. Pitié, ne laisse pas le sorcier noir gagner. Puis au bout de deux semaines, alors qu'il rejoignait Ana à la table à diner, il comprit que l'amour qu'il avait jadis partagé était mort pour toujours.

-Bonjour Ana.

Elle l'observa apeurer. Regardant autour d'eux suppliant quelqu'un de venir l'aider.

-Ça va?

-Oui, je... écoute je suis désolé. Je sais que je t'avais dit que je te supporterais, mais... je ne peux pas. Pas après ce qui se dit sur ton compte.

-Mais ce n'est pas nouveau ce qui se dit.

-Tu as tort. J'ai entendu de nouvelles choses et je me fiche de savoir si elles sont vraies ou non, tu as beau être un chic type, je ne veux pas m'embarquer là-dedans. Je suis désolé Ludovic, mais arrête de me parler.

Elle prit ses choses et partit la tête haute sans un au revoir.

-Attends! Qu'est-ce que tu as entendu?

Il n'eut comme réponse que le regard noir des autres élèves. S'il avait tenu pendant deux semaines face à cette méchanceté c'était grâce à elle qui le consolait tout les soirs. Comment allait-il faire maintenant ? Au finale, il n'avait pas faim. Il n'avait plus faim depuis deux semaines. Il quitta donc la table pour aller se perdre dans les couloirs. Qu'est-ce qui pouvait être pire que d'être gai dans cette école de malheur? Il connut la réponse assez tôt lorsque le très cher Alexander le plaqua contre un mur et lui asséna un coup de poing au visage qui le propulsa à terre.

-Et bien la tapette. Finalement, je m'en suis pris au mauvais cheval. C'était toi le problème. On va régler ça.

Ludo tenta de retrouver ses esprits. Le coup l'avait sonné. Une pression douloureuse dans son ventre lui fit cracher le sang dans sa bouche. On venait de lui donner un coup pied.

-Alors l'enfoiré, ça t'apprendra à jouer avec des philtres d'amour.

Des quoi? Mais il n'avait pas le temps de réfléchir. Un troisième coup au corps le força à se recroqueviller sur lui-même protégeant sa tête de ses mains.

Ambre de France (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant