Prologue

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Douala est une ville bondée, début des années 2010. L'argent, l'alcool, le sexe sont les principaux tenants de la vie de ses citoyens. Le chômage n'arrangeant pas les choses : tous les moyens sont bons pour réussir. La jeunesse se perd très souvent, le gain facile de l'argent gagne du terrain, la drogue se découvre dans les quartiers ; c'est la catastrophe : guerre de clans et autres. Tout est bon pour se jouer les durs, et avoir le contrôle, les billets violets « marie ngombè » ah la célèbre, que ne feront ils pas pour elle ? Et puis quand tu l'as tu as forcément ses sœurs. De toutes les tailles et formes. Gros popotins, moyens, plus fins. Poitrine flasque, pointus, larges, reproduisant 18h30. Teint brun, caramel, chocolat, foncé, ou encore les nouvelles métisses. Celles qui étaient noire avant mais que les miracles chimiques des laboratoires cosmétiques avaient drôlement délivré : les « djansangtées ». En référence au djansang condiment qu'on retrouve très souvent dans la cuisine des ménagères et qui donne une couleur tirant vers le jaune et relève un peu le goût des soupes. D'une heure, d'un soir, pour un instant de gloire, voire un week end, où l'on peut se dire oui regardez j'ai de belles femmes avec moi, lorsqu'on se pavane dans les rues de Deido, ou encore pour la vie, « marie ngombè » te donnait l'accès à ses sœurs. Il suffisait juste de bien parler : multiplier les billets fin reproduire Marie Ngombè plusieurs fois, quelle que soit la façon, ce n'était pas le plus important. Il suffisait juste de l'avoir. La ruée vers elle était donc abondante. L'on se demandait si c'était elle ou ses sœurs qui motivaient. De toutes façons ce n'était pas le plus important. Au « Mboa » soit tu es lourd (riche) soit tu n'es rien.
Bonamatoumbe est un des épicentres de ce mode de vie. Et je n'y ai pas échappé. Pas que j'étais acteur. Mais plutôt spectacteur privilégié on va le dire. Les vacances 2015 en ont particulièrement été révélatrices. Maman venait de retourner chez Dieu. J'ai jamais eu autant mal. Si jeune, à peine 45 ans, qu'à t elle eu à vivre. Maman est partie sans souffrir, courte maladie. Mais c'est nous qui avons souffert et moi particulièrement vu que j'étais le seul garçon. Mes sœurs Latanya et Carnelia étaient dévastées, je me devais d'être fort pour elles, bien que la première était mon aînée. J'ai pas trop grandi avec Maman, Papa nous avait séparés. Oui nous étions un peu les dommages collatéraux d'un divorce très bruyant. Nous ne passions que les vacances avec elle. De ce fait je connaissais pas grand chose sur elle sauf qu'elle était ma mère. Celle par qui le seigneur a bien voulu que nous venions sur terre, mes sœurs et moi. Nous parlions juste par téléphone le plus souvent. Elle nous disait combien elles nous aimaient et combien la vie avait été injuste envers elle. Elle perd son mari d'abord mais ensuite la chaleur de ses enfants au quotidien. Nous ne comprenions rien au début du moins moi. Car Latanya ma soeur ainée était déjà assez consciente du haut de ses 23 ans. Il faut dire que quand nos parents se sont séparés elle avait à peine 14 ans et face à la nouvelle copine de notre père elle a toujours été une mère poule pour nous. Elle n'hésitait pas à prendre les coups. Et parfois les prendre à notre place. Je la voyais pleurer certains soirs sans toutefois comprendre. Face à la copine de notre père (copine car heureusement Dieu l'a touché il n'a rien officialisé avec elle et de plus elle n'a jamais enfanté de lui), elle n'hésitait pas à sortir ses griffes et parfois de se crêper le chignon, du haut de son mètre 70 si je me rappelle bien et fort de son corps si imposant pour son âge. A 15 ans la meuf avait les mensurations d'une femme déjà. Les fesses assez rebondies, une poitrine forte. Elle avait tout pris de Maman. D'aucuns pensaient qu'elles étaient jumelles.
Le goût amer du deuil me laissa vraiment comme un chameau abandonné dans un désert, Sans repère ni intelligence de comment faire pour me relever. Comment allais je faire ? Sans repère féminin, Maman n'est plus là. Mes enfants n'auront jamais de grand mère venant de moi. Son départ reste un énorme labyrinthe dans lequel je me suis retrouvé.
Latanya, bof a part le fait que c'était ma soeur j'avais vraiment l'interdiction formelle de lui parler de femmes. Donc notre relation c'était pas trop ça. Y avait pas cette complicité. Déjà que quand ses copines se ramenaient à la maison pour un aprèm entre filles j'avais pas le droit de rester, son simple regard suffisait pour me parler, je libérais son « champ visuel » comme elle aimait bien me rétorquer une fois que j'avais pas prêté attention à son fameux regard. J'avais plus de respect pour elle que pour mon père, surtout que je lui en voulais toujours d'avoir quitté Maman. Y a 5 ans de différence entre Latanya et moi, pour elle c'était suffisant pour me mettre au monde et de ce fait m'imposer son autorité suprême.
A l'approche de la fin de ma puberté, les envies deviennent de plus en plus montantes, je me découvre homme, mon entrejambe déjà développé et assez similaire à ceux de mes semblables que je regardais à travers les sites érotiques. Mon attirance vers la gente féminine commençait à se développer de plus en plus. Il ne s'agissait plus des amourettes de lycée animées de baisers, si plus c'etait des échanges de salives par le biais de nos langues se cherchant dans notre obscurité buccale. Je devenais un homme et je le sentais surtout les matins très tôt avant de me préparer pour l'école. J'avais une verge assez considérable, j'en avais marre de la voir durcir a cause de mon écran, je pressentais l'envie de l'introduire quelque part...

Obsession mature. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant