~CHAPITRE 2~

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Quand la sonnerie annonçant la fin de l'heure retentit, je sors accompagné de Jason et Thomas, un ami qu'on appelle "P'titchat" parce qu'il fait à peine 1m65. Forcément à côté de mon 1m90 et du 1m85 de Jas, il contraste pas mal... Le pire ? Sa copine, Jessica, fait une tête de plus que lui.

Même s'ils forment un couple totalement atypique, la discrète rouquine et le brun bavard s'entendent à merveille et sont ensembles depuis déjà deux ans. Ils sont un peu le "couple goal" du lycée, si j'en crois les ragots.

Une fois à l'extérieur des bâtiments, Jas allume une cigarette et nous attendons patiemment qu'il ai terminé en discutant.

- Vous avez fait quoi ce week-end ? Je demande.

- On est parti à la mer, s'écrie Jess de sa voix fluette, c'était génial !

Thomas la prend dans ses bras d'un air attendri.

- C'est toi qui est géniale d'avoir eu l'idée !

- Et toi tu es génial d'avoir accepté ! réplique la jeune fille en l'embrassant sur le front.

Je détourne pudiquement la tête pendant que le couple s'enlace, oubliant ma présence. Couple goal ou pas, moi, je les trouve cuculs.

Appuyé contre un mur, une main dans la poche et l'autre sur mon portable, je relève la tête en me sentant observé.

Esmérya, assise en tailleur à même le sol, un énorme livre dans les mains, me regarde à travers le sombre rideau de ses cheveux. Elle a la tête penchée sur le côté et les commissures de ses lèvres légèrement relevées dans un sourire félin.

Malgré la frousse que me met son regard de braise, je décide de rester imperturbable et replonge dans mes SMS. Au bout de trente secondes je décide de risquer un coup d'œil prudent à travers les quelques mèches châtains qui ont tendance à me tomber devant les yeux.

La jeune fille n'est plus là.

Je la cherche alors franchement du regard, en vain. Comment a-t-elle fait pour disparaître aussi vite et sans que je m'en rende compte ? Je suis pourtant devant le portail !

Un nouveau frisson me parcours l'échine et je décide de rentrer, saluant dans un grognement mes amis, toujours occupés à débriefer de leur week-end.

En me retournant, je frôle quelqu'un. J'ouvre la bouche pour marmonner des excuses mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge lorsque je réalise que je viens de percuter l'Ensorceleuse. Même si mon instinct me hurle de partir en courant, je reste planté devant elle, la bouche grande ouverte.

Dans un moment d'absence phénoménal, je remarque qu'elle est très grande pour une fille et qu'en plus elle s'amuse à porter des talons ce qui fait qu'elle m'arrive au niveau du nez. Très pratique pour embrasser. Je me mets immédiatement une gifle mentale pour avoir eu cette pensée.

La jeune fille ne bouge pas d'un iota, s'amusant de mon incompréhension. Son sourire de lionne refait surface.

- Tu es différent, lâche-t-elle. Je crois que tu es le seul que j'ai envie de connaître.

Et sans plus attendre, elle se faufile sur le côté et disparaît dans la masse de lycéens.

Par réflexe, je touche l'endroit où elle m'a frôlé pour vérifier que je n'ai rien. Puis ses mystérieuses paroles me montent au cerveau. Comment ça différent ? Elle est tarée ou quoi ? C'est pas moi qui agit comme une asociale en m'éclatant à foutre une peur monstre à tous les gens du lycée ! Et je ne laisse pas non plus des rumeurs disant que j'ai fait cramer mon ancien bahut courir sur moi pour entretenir le mythe de l'Ensorceleuse !

Les Ailes de l'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant