Pour un flirt avec toi

Chapitre 2

Le lendemain, quand Léna se rendit pour la première fois dans sa nouvelle école, elle fut surprise par l'immensité des bâtiments. Sortant de son sac à dos le plan du complexe, elle franchit le grand portail vert ; sur sa gauche se trouvaient les salles de classe ; sur sa droite un gymnase abritant une piscine d'intérieur, ainsi que des terrains de football, de handball et de basketball situés aux abords du bâtiment ; et au fond, l'internat où les étudiants louaient leur chambre. Un gardien la conduisit jusqu'à l'accueil, auprès d'une secrétaire qui lui transmit son emploi du temps. Les regards des étudiants, attirés par la nouveauté, se braquèrent sur elle. Les discussions se coupaient, puis des chuchotements curieux reprirent. Élève timide, Léna abritait une terrible envie de fuir ces couloirs qui devinrent vite oppressants. Mais une parole prononcée par son entraîneur de boxe lui revint : « La confiance en soi est le premier secret du succès », citation tirée de l'essayiste américain Ralph Waldo Emerson.

Alors, d'une démarche assurée, Léna franchit le couloir et rejoignit sa salle de cours située à l'étage au-dessus. Plutôt satisfaite de son sens de l'orientation, elle entra sans se soucier de sa minime avance. La pièce semblait déserte ; des bureaux étaient disposés par paire, complétés par de neuves chaises de bois ; une odeur de renfermé et d'humidité s'y dégageait. Une amusante impression lui rappelait l'atmosphère de son ancien lycée. Cependant, derrière la porte, un léger bruit attira son attention. Refermant la porte d'entrée, elle découvrit le bureau du professeur. Un sac à main, un agenda, des livres ainsi qu'une trousse y étaient éparpillés. Son regard glissa sur une jeune femme aux cheveux mielleux s'acharnant sur des fils du vidéoprojecteur. Léna émit un doux raclement de gorge, ce qui fit sursauter la jeune femme qui se retourna brusquement.

Ses traits exprimaient un air surpris complété par un sourire persistant. Elle possédait de grands yeux bleus, tandis que des taches de rousseur parsemaient ses pommettes et son nez fin. Sa bouche, légèrement entrouverte, laissait deviner des lèvres charnues inspirant la sensualité. Ses cheveux lisses et détachés flottaient par la présence de l'air qui entrait par une des fenêtres de la salle. Elle était de grande taille au corps mince. Elle était vêtue d'un chemisier blanc et d'un perfecto de cuir, mettant en avant un cou gracieux et élégant. Léna aperçut des câbles dans sa main gauche. Sautant sur l'occasion, elle lui proposa de l'aide, ce que Natacha accepta avec un immense soulagement.

« - Encore vous ? Je vais finir par croire que le destin vous a mise sur mon chemin. Se croiser plusieurs fois en moins de quelques jours, ce n'est pas anodin, lança l'étudiante en riant.

- Simple coïncidence, la ville n'est pas très grande vous savez. »

Au cours de la discussion, Léna put apprendre que cette charismatique femme se trouvait être une nouvelle professeure de l'établissement. Elle était arrivée dans le courant du mois de janvier, mais malgré ces trois mois d'enseignement, elle peinait encore avec l'informatique. A cet instant, le vidéo projecteur s'alluma et afficha le bureau de l'ordinateur. Natacha s'apprêtait à la remercier quand leur discussion fut coupée nette par la sonnerie et l'arrivée d'une masse d'étudiants.

Léna, partagée, hésitait quant à la place qu'elle allait occuper. Une table au premier rang lui assurerait une bonne écoute et l'attention de sa nouvelle professeure, mais refusant de s'apparenter à la première de la classe, elle s'assit au dernier rang, dans le coin gauche de la salle. Le cours allait débuter lorsque des coups retentirent à la porte, s'ouvrant sur la directrice de l'établissement. Les élèves se levèrent alors. Elle présenta Léna Lefebvre en tant que nouvelle étudiante et lui souhaita une bonne année scolaire. Suite à cet événement, la professeure se présenta également comme Mme Mercier. A la moitié des deux heures, elle octroya une pause à ses élèves ; elle fut surprise que Léna resta lire en classe. Quelques secondes passèrent pendant lesquelles, plongée dans son exemplaire du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, elle ne s'aperçut pas que son téléphone sonnait. Elle s'excusa auprès de Mme Mercier avant de l'éteindre et de le ranger dans son sac. Du brouhaha se fit entendre dans le couloir puis la classe s'installa de nouveau. La deuxième heure de cours passa plutôt rapidement. Léna détaillait chaque mouvement de sa professeure, s'enivrait de chaque parole prononcée, notait chaque notion qu'elle expliquait. A midi pile, la sonnerie annonça l'heure du déjeuner. Les étudiants se précipitèrent vers la sortie alors que Léna était la dernière à quitter la salle. Quand elle fut dans l'encadrement de la porte, Mme Mercier lui murmura des remerciements pour le vidéoprojecteur. Léna bafoua quelques politesses puis quitta la salle de classe avant de pester contre sa timidité.

La majorité des élèves déjeunaient à la cafétéria ou dans un bar à pâtes situé à proximité de l'établissement. Quant à elle, Léna n'avait pas faim ; elle se dirigea donc en direction des plages. La météo semblait calme et l'océan plat, un temps propice pour une partie de ricochets.