Queen of Cards (Version française)

Jour 8 : Le temps de jeu d'une partie est illimité

J'avais très peu dormi. Je restai emmitouflée dans ma couverture, les yeux rivés sur l'heure indiquée par ma tablette. Nous n'étions plus que quatre survivants, ce qui signifiait que la fin de la partie approchait à grands pas. J'étais terrifiée. Terrifiée de la traînée de cadavres que nous avions laissée derrière nous. Terrifiée à l'idée de les rejoindre. Serais-je à la hauteur ?

La sonnerie retentit. Cette sonnerie, pourtant adorable, était à présent devenue un synonyme de terreur pour moi. Je me recroquevillai dans mon lit, serrant mon coussin contre moi de toutes mes forces. Trouver le courage de sortir de cette chambre et d'affronter cette journée se révélait être une tâche extrêmement ardue. Je me rassurai cependant en me disant que Rachel serait à mes côtés et que je pouvais compter sur son soutien dans ces moments difficiles. Je ne savais toujours pas si je pouvais avoir confiance en elle, pour être honnête, mais j'avais décidé de garder notre amitié aussi ingénue que possible, afin d'avoir au moins un instant de répit dans cette pure folie. Après tout, Rachel et moi avions toujours été très proches. Elle ne me trahirait jamais. Ou du moins était-ce ce dont je tentais de me convaincre.

Je me levai et me dirigeai vers ma commode. J'avais envie d'une tenue... un peu plus sexy, aujourd'hui. Très probablement à cause de ce qui s'était passé entre Logan et moi, la veille au soir. Nous n'avions jamais été aussi proches. Enfin, si l'on oubliait la scène de la fontaine durant l'anniversaire d'Alice, bien évidemment.

J'étais fort embarrassée rien qu'à l'idée de me remémorer le doux baiser qu'il avait déposé sur mon front. J'étais parfaitement consciente de l'attirance qu'il y avait entre nous, mais elle avait atteint des sommets, la veille. J'ignorais par quel miracle j'étais parvenue à rester calme. Je tentais tant bien que mal de me convaincre que tout cela n'avait été qu'un jeu, qu'il n'y avait rien eu de bien sérieux, et que je ne devais pas y accorder tant d'importance, mais je ne pouvais nier que quelque chose s'était produit, ce soir-là. Quelque chose d'inexplicable et de... presque magique. C'est pourquoi je voulais qu'il me remarquât, aujourd'hui. Qu'il n'eût ses yeux rivés que sur moi.

Je pris une jupe courte plissée noire ainsi qu'un crop top de la même couleur, et allai prendre ma douche. En entrant dans la salle de bain, je vis Logan devant l'un des miroirs, en train de se coiffer, une serviette nouée autour de la taille. Je me délectais à contempler son torse nu. Il avait, certes, un corps loin d'être à la hauteur de celui d'Alan, mais cela faisait tout de même l'affaire. Je n'étais pas bien difficile sur ces choses-là. Je me mordis par conséquent la lèvre inférieure avec envie, bien à la vue de mon ami.

-Tu aimes ce que tu vois ? me taquina le jeune homme, un sourire en coin.

Pourquoi le cacher ? J'étais d'humeur joueuse et provocante, aujourd'hui. Je haussai le sourcil et croisai les bras, tout en levant légèrement le menton dans une attitude arrogante.

-C'est pas mal.

Je me dirigeai alors à grandes enjambées vers l'une des cabines, sans accorder plus d'attention à mon ami. Mais j'avais bien vu son regard amusé par ma réponse. Ah, si tu savais, mon cher Logan. Ce n'était que le début...

Je rejoignis par la suite les survivants dans la salle à manger. Rachel me servit une bonne tasse de chocolat chaud mousseux, tandis que je pris une bouchée du délicieux cheesecake qui nous avait été confectionné. Le fromage sucré fondait dans ma bouche et se mariait parfaitement avec le sablé croustillant qu'il recouvrait. De petites fraises rouge vif accompagnaient la pâtisserie. Nous mangeâmes tous goulûment mais toutefois silencieusement le repas, l'atmosphère étant en effet encore quelque peu tendue après le tragique évènement de la veille. Le petit-déjeuner achevé, nous nous installâmes dans le salon, tandis que la salle à manger se verrouilla après notre passage. Je m'assis sur les cuisses de Rachel, tandis que cette dernière enroula délicatement ses bras autour de ma taille, tout en posant sa tête sur mon épaule.