MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]

Episode 8

Je ne suis pas allée le rejoindre, j'ai compris que ses émotions sont trahies par la teinte de ses yeux. Il faut juste que je me méfie lorsqu'ils prennent une couleur rouge sang. Je sors de ma poche le pendentif et le place autour de mon cou. Je vais enfin pouvoir penser à ce qui vient de se passer sans crainte et à Abel particulièrement. Je l'ai quitté au moment où il me déclarait son amour, nous avons été interrompus à l'instant où je risquais de lui avouer certaines choses que j'allais regretter. Je le sais, il est trop tard de toute façon. Quant à Ezéchiel, il est troublant et déstabilisant, mais il a raison, je suis attirée par son côté sombre comme je suis poussée moi-même par le mien inexorablement. À cet instant, je ne le crains plus, j'ai presque envie de disparaitre en profitant du pendentif. Une partie de moi a toujours été rebelle, un héritage de mon père sans doute. Je me souviens que plus Abel me demandait de l'écouter, plus je me faisais un malin plaisir à le défier. Mais que cherche-t-il ? Oui, j'ai eu très peur de lui, mais cette peur me donne des ailes. Je suis complètement folle... Je regarde la porte d'entrée et hésite un moment, j'ai besoin de me venger de ce qu'il m'a fait, et quelle douce manière de le faire en lui montrant que je ne suis pas à ses ordres en disparaissant. Mais quand il me retrouvera, de quoi sera-t-il capable ? Il faut que je prenne vite une décision, mais je l'entends sortir de la salle de bain, et la peur de lui est plus forte alors d'un coup je quitte le pendentif et entreprends de faire du café. Il apparait en sautillant dans les escaliers, attiré par l'odeur du petit déjeuner. Il s'accoude au bar et vole un bout de pain, il est sublime évidemment.

- Tu aurais dû me rejoindre...

- Peut-être, mais comme tu vois j'ai résisté.

Je nous sers deux tasses.

- Ezéchiel, j'ai bien compris tous les messages même si je n'ai pas digéré la manière dont tu me les as fait passer. Mais tu ne peux pas me retenir éternellement comme ça.

- Je le sais, je te rappelle que je te connais par cœur.

- Alors ?

- Bon OK, je vais te concéder quelques privilèges...

Me dit-il en me provoquant du regard, ce qui ne manque pas de m'énerver.

- Tu te fous de moi !

- Très bien, j'arrête. Figure-toi que j'ai anticipé et j'ai téléphoné à Henri, il est d'accord pour que tu réintègres l'équipe du journal.

Je saute sur place de joie.

- Mais sous certaines conditions.

Je me stoppe net dans mon élan, je sens que cela ne va pas me plaire.

- Je te conduis le matin et viens te chercher le soir. Et tu ne dois pas te déplacer hors du bureau sans que j'en sois averti.

- Bonjour la liberté !

- C'est déjà pas mal... maintenant si tu n'acceptes pas mes conditions, on continuera comme ça. J'ai largement assez d'argent pour te donner tout ce que tu désires et en même temps te garder à l'œil.

Je n'ai toujours pas le choix, et je pense à voix haute cette fois-ci.

- Je suis d'accord, mais en échange tu arrêtes de constamment sonder mon esprit.

- Seulement, si je peux te faire confiance et que tu me promets de faire tout ce que je te demande.

- Très bien, marché conclu.

Je lui tends la main, mais il m'attire à lui avec force pour m'embrasser dans le cou, il suspend son geste pour me dire au creux de l'oreille.

- Madame Mathusalem ! Si tu savais combien tu me rends fou...

Il respire mes cheveux avant de me libérer.