Les gouttes de pluie ruisselaient sur les boucles de mes cheveux, mes docs trempées s'enfonçaient petit à petit dans le sol boueux et mon corps entier frissonnait, mais pourtant, je n'avais aucune envie de partir. Aucune envie de le laisser encore une fois seul, dans le noir. Cela faisait bien trop longtemps que je n'étais pas venue ici, et cela m'attristait et me culpabilisait beaucoup. Je sais qu'il comprend, qu'il sait que j'ai d'autres préoccupations et que je ne peux pas venir tout le temps ici lui rendre visite, que je dois m'occuper de Rose, Luis et surtout de maman, que je dois me préoccuper de mes études ; mais il me manque.Pendant quelques secondes, mon esprit s'évada et je me perdis dans une multitude de souvenirs. Nos journées à jouer aux échecs, nos parties de jeux vidéo, nos barbecues tous les cinq, nos rires à table lorsque ma petite sœur nous racontait ses histoires folles, sa façon de se foutre de moi et mon caractère grincheux au réveil.
Reprenant doucement mes esprits, je caressai une dernière fois de mes doigts tremblants les inscriptions sur la grande pierre face à moi : « Antonio Mora 1967-2018, père et époux » avant de prendre sa photo dans mes mains :
- Je vais les trouver papa, c'est promis. Je les trouverai, et je te vengerai.
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Il faisait beau ce matin-là à Londres. Mon bloc note noir d'une main, mon café au lait de l'autre et Guns N'Roses dans les oreilles, je me dirigeais vers l'université pour mon premier jour. En ce 17 septembre ensoleillé, j'avais opté pour un débardeur rouge, ma couleur favorite, un jean bleu et des basket blanches. J'avais attaché mes longues boucles noires en un chignon désordonné. Je n'avais pas eu le temps de me coiffer aujourd'hui car j'avais été trop occupée à m'occuper de ma petite sœur malade toute la nuit que j'en ai loupé mon réveil. Heureusement que mon petit frère m'a réveillé à temps.
Plus je m'approchais de l'université, plus mon pas se faisait lent. Lorsque j'avais effectué mon inscription en ligne l'année dernière, j'étais tellement sûre de moi, je pensais réellement que je pourrais y arriver et que mes deux années passées dans le monde du travail n'allaient pas me freiner dans ma reprise d'études supérieures. Pourtant, en arrivant enfin devant les grandes portes en bois de l'amphithéâtre, mes pieds ne voulaient plus avancer. J'étais complètement figée, et un nœud commença à se former dans ma gorge.
Qu'est-ce-que je foutais là, putain ? Comment ai-je pu penser une seule seconde que j'allais pouvoir reprendre mes études en un claquement de doigts après avoir passé les deux dernières années de ma vie à empiler des livres et ranger les réserves de la librairie du coin ? Non, c'était débile. Je n'étais pas faite pour les études, j'aurai dû garder mon petit job en attendant de trouver mieux, continuer à aider ma mère avec les factures et avec les enfants.
M'apprêtant à faire demi-tour au plus vite, je me heurtai dans quelque chose qui me fit tomber en arrière et renverser mon café au lait et mon bloc note par la même occasion. En ré ouvrant les yeux, une petite tête rousse apparut au-dessus de moi.
- Oh mon dieu, je suis vraiment désolée, dit-elle en me tendant la main. J'étais complètement perdue en essayant de me repérer sur ce foutu plan, que je ne regardais pas où j'allais. Encore désolée.
- T'inquiètes, c'est pas grave, j'aurai du faire attention aussi, répondis-je en me relevant.
- Toi aussi t'es perdue ?
- Euh, non. En fait, j'allais rentrer chez moi. Je ne pense pas que l'université soit faite pour moi finalement.
- Et pourquoi ça ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Ne sachant pas quoi lui offrir comme réponse, je haussai simplement les épaules en soufflant. Secouant la tête, elle répondit :
- Tu as autant ta chance que n'importe qui ici. On commence tous une nouvelle année, et personne n'est mieux préparé que les autres à l'entrée à l'université.
- Ouais, mais je ne connais personne ici. J'ai travaillé pendant deux ans alors je suis un peu perdue.
- C'est pas vrai. Maintenant, tu me connais moi ! D'ailleurs, je m'appelle Sophie, et toi ?
Même si j'étais plutôt un loup solitaire d'habitude, je me disais que ce n'étais peut-être pas si mal d'avoir des amis à l'université. Et cette fille a l'air plutôt gentille.
- Lina. Lina Mora.
Après m'avoir adressé un léger sourire et sans me demander mon avis, elle me prit par le bras en m'entraînant dans la grande pièce que je redoutais tant. Ça y est, nous y sommes.
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A 20 heures, comme tous les jours depuis maintenant 2 ans, je marchais dans les rues de Londres, en faisant toujours attention que personne ne me suive. Mon sac de sport sur les épaules et d'un pas rapide, je m'avançai vers le seul endroit qui m'avait permise de rester forte ces deux dernières années. J'empruntai la petite ruelle à côté de l'épicerie du coin, avant de tourner à droite et de passer sous le petit pont. Ce chemin, je le connaissais par cœur. Je pouvais même l'emprunter les yeux fermés.
Quelques minutes plus tard, me voilà chez Marvin's. En regardant derrière moi pour m'assurer que j'étais bien seule, j'entrai dans le magasin et fut accueilli par un Marvin très enjoué, comme d'habitude :
- Salut Bellissima ! Cria-t-il en m'envoyant un baiser avec sa main. Ils sont déjà en bas, vas-y !
Le remerciant d'un geste de la tête et d'un léger sourire, je passais dans l'arrière-boutique avant de descendre les escaliers délabrés qui menaient à la salle insonorisée dans laquelle j'avais passé le plus clair de mon temps pendant ces deux années consécutives. Je tapai le code avant de bien refermer la grosse porte.
Les voyant tous déjà à leur poste, je rejoignis le mien d'un pas rapide. J'attachai mes cheveux en une queue de cheval basse avant de mettre mon casque noir. J'enfilai le gilet et les lunettes de protection avant de récupérer mon pistolet dans mon sac.
Je pris une grande inspiration, pris dix secondes pour être sûre de bien viser et appuyai sur la gâchette une première fois, en retrouvant par la même occasion cette sensation de puissance et de contrôle qui m'animait depuis si longtemps maintenant.
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Brûlures du passé
RomanceLina semble avoir tout pour être heureuse : une mère attentionnée, un frère et une sœur qui l'aiment, une nouvelle année scolaire qui commence, de nouveaux garçons faisant éruption dans sa vie... Pourtant, la jeune femme de 22 ans semble animée d'un...