XI- Agathe, la confiance

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Dans la cohue qui animait les couloirs, Agathe marchait à contre sens.
Elle avait toujours aimé agir comme tel, avancer face au courant.
Elle n'était jamais la conséquence des événements, elle les engendrait. On pourrait la surnommer ainsi, l'élément déclencheur.
Elle avançait la tête droite, sans être hautaine ni provocante mais plutôt sûre d'elle et confiante.

Rare étaient ceux qui avaient cette assurance, comme Morgane.
Elle était plutôt isolée et solitaire...
Mal aimée dirait-on ?
Harcelée serait la vérité.

Assise au pied des casiers, elle attendait patiemment la fin de la récréation. De temps à autre, une bousculade ou une moquerie venait la sortir de sa solitude. Mais elle préférerait y rester pour toujours. Les idiots du lycée aimaient bien l'embêter, ils trouvaient cela distrayant. C'est vrai, c'était facile, la petite Morgane ne se défendait jamais. Elle subissait sans broncher.

Une ombre vint soudainement se placer au-dessus de la petite rousse. Elle lui lança à peine un regard, lasse et habituée aux conneries que le grand brun aller lui radoter.

- Tiens, ça ne serait pas ma petite rousse préférée.... Comment vas-tu aujourd'hui ?

Morgane laissait ses yeux se promener sur ses chaussures, faisant au mieux pour oublier l'abruti en face d'elle. Celui-ci, frustré de ce manque d'attention, s'accroupit afin d'être à la hauteur de la jeune fille. Il lui saisit les cheveux, la forçant à redresser la tête.

- Hé, tu manques de politesse ma jolie, réponds-moi quand je te parl....

Une main vint lui tapoter l'épaule, coupant court à son monologue. L'abruti se redressa et fit face à la grande Agathe. Loin d'être impressionnés l'un de l'autre, ils se défiaient du regard.

- Un problème ?

La jeune fille ne répondit rien.

- Ouais, c'est bien ce que je pensais.

Et alors que le brun se retournait pour finir sa discussion avec Morgane, Agathe marcha négligemment sur le bas de son pantalon qui touchait le sol, ce qui le fit tomber à ses pieds. Le jeune homme, effaré, prit ses jambes à son cou mais s'étala bien vite de tout son long, se retrouvant ainsi allongé devant les lycéens hilares. Agathe lui jeta un regard indifférent.

- Oups.

Tandis que l'abruti ruminait en tentant désespérément de cacher son intimité, Agathe saisit la main de Morgane et elles s'enfuirent avant de se faire attraper par un quelconque élève ou surveillant.

Elles sortirent de l'établissement par une porte de secours et arrivèrent dans l'arrière-cour. Ce n'était qu'une fois arrêtées et à bout de souffle que Morgane découvrit celle qui l'avait sauvé du brun. Une fille aux yeux d'ébène et aux cheveux frisés formant un soleil autour de sa tête.

Elle s'attarda ensuite sur sa peau. Une peau couleur chocolat, remplie ici et là de taches blanches. Comme un ciel nocturne habillé de nuages, la jeune fille se perdit dans cette nuit sans étoiles.

Lorsqu'après quelques secondes de contemplation, elle se rendit compte qu'Agathe la fixait en souriant, elle détourna le regard, les joues rougies. Honteuse, elle recula légèrement mais fut stopper par un objet qui vint heurter son pied. Elle perdit l'équilibre et se retrouva assise par terre l'objet en question à ses pieds.

Après un moment d'hésitation, elle tendit la main pour s'en saisir, mais rencontra à la place celle d'Agathe, qui avait entreprit la même action. Elles se regardèrent embarrassés mais un sourire discret aux lèvres.

Elles décrochèrent finalement leur regard des pupilles de l'autre et Agathe attrapa l'objet qui s'avéra être un carnet. Elle fit signe à Morgane de s'approcher et celle-ci vint s'assoir près de la brune. À l'idée de cette soudaine proximité, la petite rousse sentit son palpitant s'emballer et rougit un peu plus.

Enfin, alors qu'Agathe s'apprêtait à ouvrir le carnet, Morgane prit la parole d'une voix hésitante.

- Merci, pour tout à l'heure...

Agathe lui répondit par un sourire franc et des yeux pétillants.

Les voilà, les étoiles qui manquaient au tableau.

Personne n'est seul Où les histoires vivent. Découvrez maintenant