La fraîcheur de la nuit était cinglante, mordant les visages et faisant trembler même les arbres. Un convoi de plusieurs sentinelles se déplaçait lentement, sans un bruit, à travers les grandes plaines. Le village le plus proche était déjà à près de quatre heures de galop, donc aucun retour en arrière n'était possible. Ils étaient humains, braves et dévoués au roi, et ils allaient vers Lleilangidia, demeure des prédateurs. Les animaux se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure que les arbres de la lisière apparaissaient. Les bêtes du convoi commençaient à s'agiter et à frapper le sol de leurs griffes. L'homme à l'avant leva le poing, prononçant un ordre silencieux à ses hommes. Ils étaient enfin arrivés, après une vingtaine de jours de marche intensive. Ici, le silence était pesant. Seules quelques branches geignaient sous leur propre poids, balancées doucement par de courtes rafales. De rares insectes produisaient un occasionnel bourdonnement qui brisait le silence de la nuit. Le cadet du groupe prit doucement la parole :
- Mon général, murmura-t-il. Que fait-on maintenant ?
L'homme dont il était question se retourna lentement et répondit d'une façon sûre :
- On attend les monstres, puis on les détruit. Nous sommes assez pour coincer et exterminer les derniers de cette race maudite.
Sur ses mots, il tira son glaive et commença à attendre. La tension était palpable tant les sons étaient absents. Soudain, un craquement violent retentit. Une branche s'écrasa entre les hommes et les bêtes. Le cadet se retourna vivement : un des leurs avait disparu. S'en suivit un son qui glaça le sang des guerriers. Un mélange entre le son d'un tissu humide qu'on déchire et d'un craquement de branche, le tout suivit d'un cri d'horreur et d'agonie. Le général leva les yeux vers la cime des arbres, à la recherche de l'origine du hurlement. Là-haut se tenait un des prédateurs, accroupis sur une branche. Il avait quelque chose entre les griffes. Dans le serre gauche, un des soldats, gesticulant vainement en poussant des gémissements de douleur. Dans la serre droite, il y avait le bras du soldat. La bête venait de démembrer un de leurs meilleurs hommes en juste quelques secondes. Un grognement sourd se fit entendre de la part de la créature, qui lâcha prise et laissa tomber ce qu'il restait de la victime quatre mètres plus bas, lui brisant la nuque et l'achevant par la même occasion. La chose humanoïde qu'était cette abomination se laissa tomber pour atterrir devant les hommes en grondant. Le général prit la parole presque en criant :
- J'ai été envoyé ici pour vous exterminer, et je n'ai jamais échoué aux missions qui m'ont été confiées !
L'autre lui répondit d'une voix profonde et sournoise :
- Il semblerait alors que ce soit ta première et dernière défaite, mon ami.
Sur son visage passa une ombre qui ressemblait presque à du pardon. Puis il s'approcha de l'homme et lui passa une griffe rapidement sur la gorge. Les autres retinrent leur souffle alors que le corps du général s'affaissait et, après avoir vacillé, s'écrasa sur le sol dans un bruit sourd. Une émeute éclata parmi les soldats restants, provocant cris, pleurs, rage et insultes. Ils se jetèrent à l'unisson sur le prédateur, dont les yeux brillaient d'une lueur malsaine. Un brouillard noir d'encre se forma autour d'eux et le rictus effrayant de la créature fut la dernière chose que les hommes virent.
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Les Engrenages De Phydaria
FantasyDans un monde ou humains et prédateurs se battent constamment en quête de territoires et de ressources, accompagnez les protagonistes dans leur quête de réponses, de paix et de liberté.