Sivannah est une simple humaine. Une humaine pure sang. Lorsque le Lord de Lichsterwood perd sa première femme dans d'étrange circonstance, une élection est organisée par les membres du palais pour trouver au royaume une nouvelle reine. Mais rien ne...
Je regarde ma mère et mes trois soeurs fabriquer des potions: un filtre d'amour pour une jeune citadine prête à tout pour conquérir celui qu'elle aime, des remèdes contre une nouvelle maladie découverte chez les sirènes et une potion d'énergie pour notre vieille voisine sorcière.
Assise à la table de la cuisine, j'observe en silence. Comme toujours lors des séances de préparations des commandes, ma mère m'ordonne d'être ici, d'assister aux préparations, et d'essayer d'aider. J'essaye, mais rien n'y fais: je suis l'aînée et je n'ai hérité d'aucun pouvoir. Et au royaume de Lichsterwood, ce n'est pas bon de naître sans aucune particularité.
Le royaume où nous vivons est vaste, et nombreuse sont les créatures qui y vivent. Les démons règnent sur nous depuis toujours. Même au temps de la mère de ma mère les démons contrôlaient déjà Lichsterwood. Leur famille est la plus puissante, la plus riche et surtout la plus vicieuse. Ils ne sortent jamais alors nous les craignons moins, mais lorsqu'un Lichsterwood ordonne quelque chose au peuple, nous nous exécutions sans ciller.
Sirènes, sorciers et sorcières, loups-garous et vampires cohabitent ensemble. Lichsterwood est vaste et il est simple d'y vivre normalement. Ma famille est une famille qui descend d'une lignée de sorciers pur sang, et nous possédons la boutique de potions depuis de nombreuses générations. Notre vie n'est pas la meilleure, nous ne sommes pas les plus riches du royaume, mais nous avons toujours eu de quoi manger sur notre table.
Et puis, il y a les créatures les moins bien loti: nous, les humains. Nous sommes ceux qui avions hérités des travaux les plus exigeants et qui sont les moins bien traités du royaume. C'est pour cette raison que maman me force à assister à chaque séance de préparation de potions: dans l'unique but que mon gêne de sorcière se réveille enfin.
Mais je sais qu'il n'y a plus aucun espoir pour moi, parce que ce n'est pas a dix huit ans que nous devenons créature. Nous naissons tel quel.
- Sivannah, tu rêvasses! Me gronde ma mère.
Pily, la cadette, sursaute également. Elle était concentrée dans le rangement des pétales de fleurs, mais elle était aussi dans sa bulle, comme toujours. Sa chevelure rousse trempe légèrement dans le mélange qu'elle est en train de réaliser, mais avant que je ne l'avertisse par un petit signe, elle s'en rend compte, esquisse un sourire et repousse ses cheveux en arrière.
- Pardon maman. C'est juste que... Je ne veux plus assister aux séances. Cela ne sert à rien.
Ma mère et mes soeurs s'arrêtent de bouger un instant. La pièce est tout à coup très calme, et les mains de ma mère se mettent à trembler. Elle ouvre la bouche, mais je lui coupe la parole.
- Non, ne dis rien. Je connais le fond de ta pensée. Je suis désolée de ne pas être comme Pily, Tania et Moe. Je suis désolée de ne pas être comme toi. Je suis désolée de ne pas être une sorcière. Mais il faut arrêté d'y croire maintenant.
Ma mère se laisse tomber sur la chaise à côté d'elle. Son regard se pose sur la fenêtre, où dehors le vent et la pluie s'acharnent, et son teint est livide lui fait ressembler à une morte.
- Très bien. Alors va livrer une commande au chateau Sivannah, finit-elle par murmurer.
Je me lève et range la chaise sous la table sans un bruit. Je ne fais pas de livraison d'habitude, et elle le sait. Je n'ai pas le droit d'effectuer cette tache en tant qu'humaine, mais aujourd'hui, ma propre mère m'envoie sur l'échafaud.
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