Queen of Cards (Version française)

Jour 8 (2/2)

Tous les regards se tournèrent vers moi, perplexes.

-Eh oui, parce que du coup la quatrième personne va automatiquement être considérée comme l'Oracle, et on en viendra à la situation où la Reine connaîtra l'un des joueurs et où le hasard se chargera de notre sort. Situation qu'on voulait éviter, je vous rappelle.

Logan prit sa tête dans ses mains, désespéré.

-Bon bah... L'Oracle n'aura plus qu'à faire semblant aussi, alors !

-Et toute cette histoire de bluff n'aura servi à rien, conclus-je. En plus, l'Oracle ne va pas pouvoir mentir aussi facilement que les trois autres joueurs, puisqu'il n'a pas été témoin de la discussion. Ce plan va juste mener à sa perte. Et à la nôtre, accessoirement.

Logan grimaça.

-On ne peut pas vraiment se permettre de bluffer, n'est-ce pas ?

Je secouai la tête tout en faisant la moue. Près de moi, Rachel, qui était restée silencieuse durant tout ce temps, se massait les tempes.

-Vous m'avez donné mal à la tête, les gars. Je n'ai absolument rien suivi de votre raisonnement.

Je ris et la pris dans mes bras, tout en battant frénétiquement des cils.

-Mohh, pauvre chouquette. Tu veux un petit chocolat pour aller mieux ?

-Arrête de te moquer de moi !

La jeune femme se dégagea de mon emprise et me chatouilla en guise de punition.

-Stop, ça suffit !

Je riais aux larmes, me protégeant tant bien que mal sous les attaques incessantes de ma meilleure amie. Logan nous regardait d'un air amusé, tandis qu'Ethan avait toujours ce même visage impassible, qui nous était à tous si familier. Honnêtement, je le soupçonnais de nous juger sévèrement, Rachel et moi. Mais cela m'importait peu. Si nous voulions nous amuser, nous le ferions, peu importe son avis sur la question. Je n'étais pas assez proche de lui pour que son opinion comptât pour moi.

Un bruit nous fit soudainement sursauter. C'était celui du mur coulissant. La salle à manger était par conséquent à nouveau accessible. Rachel se leva d'un bond, passant sa langue sur ses lèvres avec avidité.

-C'est l'heure de manger !

Elle se dirigea en sautillant vers la pièce, et nous la suivîmes aussitôt. Nous nous installâmes devant un énorme hamburger à trois étages au fromage fondant et au steak parfaitement cuit, accompagné de frites dorées et de délicieux coleslaw. Rachel avait un équivalent végétarien. Inutile de dire que je ne pus tout manger. Il y avait bien trop de nourriture pour une petite fille telle que moi ! D'autant plus que le Maître avait mis à notre disposition une crêpière avec un grand bol de pâte liquide et plusieurs pots de garniture.

-Dis donc, ce n'est pas très sain, tout ça ! Le Maître chercherait-il à nous engraisser avant la fin de la partie ? plaisanta Rachel.

Nous nous amusâmes ainsi à cuisiner pendant une bonne heure. Je n'avais jamais utilisé de crêpières avant, aussi étais-je encore plus maladroite que d'habitude. Je renversais de la pâte partout, et ne savais absolument pas l'étaler uniformément sur l'appareil chauffant. Sans compter que retourner la crêpe se révélait être un vrai parcours du combattant. J'en avais déjà raté trois avant que mes amis ne se décidassent à ne plus me laisser approcher de la crêpière, afin d'éviter de gâcher trop de pâte. Rachel se débrouillait mieux que moi, mais elle était bien trop brusque dans ses gestes, ce qui résultait en beaucoup trop de pâte versée sur l'appareil et, par conséquent, des crêpes bien trop épaisses. Finalement, Logan prit les commandes et cuisina tel un chef, tandis que Rachel, Ethan et moi nous occupions de la garniture. Il y en avait pour tous les goûts : du fromage sucré, du chocolat, du sucre, et des confitures de toutes sortes. Je tartinai une crêpe de chocolat fondu et nourris Logan avec, tandis qu'il s'affairait près de la crêpière. Il me remercia de mon attention. Je préparai alors une autre crêpe avec la même garniture et en donnai une bouchée à ma meilleure amie. J'avais la nette impression d'être une mère nourrissant ses petits. Il était vrai que j'avais toujours été plus ou moins maternelle, principalement envers Rachel, et cette dernière l'était par ailleurs également envers moi. Nous prenions simplement soin l'une de l'autre.