Coucou à tous, alors non, c'est pas du supercorp. C'est une fiction que j'ai écrite pour un défi sur scribay qui était « Qu'est ce que l'amour? » et c'était ma réponse. Je l'ai écrite en 2018, je ne comptais pas la réécrire, ni même lui donner sa chance, surtout que c'est écrit à la première personne alors que je déteste ça. Mais voilà, l'inspiration m'est venue, donc c'est une réécriture qui respecte un peu plus les codes de l'écriture en je+présent. On est donc plus sur du ressenti, dans l'introspection et bien moins dans l'action, car ce n'est pas un point de vue qui permette l'action. J'espère l'avoir réussi.
Donc, voilà, bonne lecture à tous ^^
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J'ai toujours détesté la mer. Le sable omniprésent, le sel corrosif, les algues échouées... Mais le pire arrive en été, lorsque la chaleur soulève la puanteur suffocante du varech échoué et que des hordes de touristes envahissent le littoral. Ils foulent notre terre comme des conquérants, n'épargnant pas leurs airs condescendants à l'égard de la population locale. À leur départ, ils laissent derrière eux un cortège de déchets, les rues jonchées de chewing-gum et de mégots, comme pour s'assurer que nous n'oublierons pas les raisons de notre aversion pour les vrais citadins. Car avec ses onze mille âmes, notre petite ville côtière n'est bonne qu'à une brêve échappatoire pittoresque, un charme rural tempéré par le confort urbain.
Malgré cette aversion pour le rivage et son agitation saisonnière, j'apprécie parfois le calme qu'offre l'hiver. Dans le froid mordant et les journées écourtées, je perçois une promesse de renouveau, un soupçon de beauté sauvage sous la laideur imposée par les estivants. C'est dans ces moments, lorsque je détache la laisse de Joy, que cette impression se renforce. Mon chien, un robuste croisé de Malinois et de Staff, bondit sur le sable humide avec un enthousiasme qui me pousse, malgré moi, à apprécier cette liberté offerte par l'horizon dégagé.
Joy m'a semblé aussi invisible que moi le jour de notre rencontre à la SPA. J'y suis allée pour un chat, j'y ai craqué pour ce gaillard de trente kilos. Pas parce qu'il m'a tapé dans l'œil au premier regard, ce serait mentir. J'avais fait le tour des box des chiens par simple curiosité, surtout comme un rappel des raisons pour lesquelles je voulais un chat et pas un de ces bestiaux bruyants et malodorants. Et lui, était là, couché en silence, il ne faisait même plus l'effort de se lever. Il lui manquait cette étincelle d'espoir qu'avaient les autres : celle d'être un jour adopté. Ignoré pour son apparence imposante et jugé avec mépris, il avait été rejeté pour toutes les mauvaises raisons. Il avait ce regard triste, d'un animal qui savait déjà qu'il mourrait, seul, dans cette cage. Ce jour-la, le rejeté était rentré avec moi.
Trois ans plus tard, je ne regrette pas mon choix, il m'a sauvé de bien des manières. Notamment, il m'a amenée ici, sur cette plage que j'aurais autrement évitée. Et jamais je ne l'aurais rencontrée. Oui, quel cliché n'est ce pas ? Ma promenade quotidienne, toujours à la même heure, est bien moins une habitude qu'un rituel bien rodé. Juste pour une fille.
Il a suffi de quelques rencontres hasardeuses pour que je tombe accro. Parfois, elle s'arrête discuter avec moi, et alors, l'univers pourrait ne se réduire qu'à elle.
Un regard échangé suffit à adoucir le cri strident des mouettes et le rugissement des vagues, transformant ces bruits en une mélodie apaisante. Lorsqu'elle sourit, le vent salé qui dessèche ma peau et brûle mes lèvres se métamorphose en une caresse délicate. Sa présence est éphémère mais éclatante, comme un rayon de soleil capturé sur l'eau. Nos conversations, parfois triviales, parfois profondes, sont précieuses et fugaces comme les empreintes laissées sur le sable, effacées par la marée montante. Ah, la niaiserie humaine... J'aurais pu la redéfinir pour elle seule.
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Juste un Sourire
Short StoryUne nouvelle écrite pour un défi sur Scribay. "Qu'est ce que l'amour ?"