Les Ailes de l'Ensorceleuse

~CHAPITRE 12 [BONUS]~

- Bon ! Quelles sont les étapes d'un cycle économique ?

La voix sévère d'Esmérya me tire de mes pensées. J'arrête de jouer avec le fil de la lampe qui pend à côté du canapé sur lequel je suis allongé et tourne la tête vers elle, surpris.

- Plait-il ?

L'Ensorceleuse lâche un grognement et relève le nez du manuel de sciences économiques et sociales qu'elle tient sur les genoux.

- Je t'entraîne, puisque tu sembles incapable de réviser tout seul. Réponds à la question, m'ordonne-t-elle. Et lâche ce fil de lampe, tu ressembles à un gros chat qui a trouvé une pelote de laine.

Je soupire et me redresse en position assise.

- Euuh...Tout va bien, puis y'a une crise et après ça redevient bien, je réponds avec un manque d'entrain évident.

Esmérya lâche un sifflement agacé.

- Tu comptes obtenir plus de deux sur vingt à ce BAC rassure-moi ? Ironise-t-elle.

Je me lève et m'approche tranquillement du fauteuil dans lequel elle est assise, les jambes croisées et son regard verdoyant observant sévèrement chacun de mes gestes. 

- Je ne suis pas très concentré aujourd'hui, susurré-je d'une voix charmeuse en m'accroupissant près de l'accoudoir du fauteuil, à la droite de l'Ensorceleuse. Et puis je trouve ce cours complexe.

J'effleure son avant-bras de mes doigts et tente de capter son regard, espérant la faire céder et remettre les révisions à plus tard.

Esmérya regarde mes doigts, relève ses yeux vers moi et grogne :

- Expansion, crise, récession et reprise. Tu dois apprendre tes mots de vocabulaire, Enzo, sinon tu vas passer pour un gland. Ce n'est pas un cours difficile du tout, c'est de la logique.

Je soupire et retire ma main. Toujours aussi aimable.

- Ta peau est plus douce que toi, ris-je. Oui, oui donc expansion, récession, crise et recrise. Je peux avoir un bisous maintenant ?

Esmé esquisse un demi-sourire et se penche vers moi.

- Pas tant que tu ne connais pas les trois premiers chapitres correctement, souffle-t-elle d'une voix veloutée à deux centimètres de mes lèvres.

Elle se redresse aussitôt et m'indique sèchement le canapé d'en face du menton. Je fais la moue mais obéis en traînant ostensiblement mes pieds sur le sol.

Je m'entrave alors sur le tapis et m'étale de tout mon long sur le sol. Esmérya pouffe.

- Vraiment très sympa cette idée de carpette, râlé-je, la voix étouffée par les poils chocolat du tapis.

- Karma. Répond-elle sans compatir le moins du monde et en reprenant sa lecture avec indifférence.

- Et puis alors peut-on parler du danger public que représente cette table en verre posée en plein milieu ? Imagine que quelqu'un tombe dessus !

Esmérya relève les yeux vers moi, exaspérée.

- Les gens normaux se déplacent en levant leurs pieds.

Je me redresse et éternue.

- Ah bah voilà et en plus c'est bourré d'acariens, continué-je de maugréer sur le même ton pour l'énerver davantage. 

Esmé fait claquer sa langue d'agacement.

- N'hésite pas à continuer à te rouler par-terre, j'ai pas nettoyé depuis deux semaines, je suis certaine que ton sweat fera une excellente serpillière.