Chapitre 36

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Les semaines qui suivirent ont été très difficiles pour moi. Je n' arrivais pas à accepter cette rupture. Alors, j'ai insisté et je le fais encore. A chaque fois que je finis le travail, je passe à son collège pour ensuite rentrer chez moi triste et déçu. Je ne l'ai vue que deux fois mais elle avait fait demi-tour en me voyant. Elle ne portait pas le pendentif que je lui avais donné, preuve qu'elle s'est définitivement débarassée de moi. Je garde contact avec Anthony et il est la seule personne qui me donne de ses nouvelles.

Malgré les appels rejetés et les SMS restés sans réponse, je ne me suis pas gêné de lui laisser un message vocal pour lui souhaiter du succès quand, fin de Juillet, arrive les examens d' état en lui rappelant combien je suis fier d'elle. Et bien sûr, elle ne m'a pas répondu. Son manque me ronge, je n' arrive malheureusement pas à m'y faire avec. Je devrais partir le 25 août. Ma mère a déjà tout réservé. Et s'il y a une chose que je souhaite, c'est de voir Emy une dernière fois avant de partir. On pourrait peut-être essayer de recoller les morceaux. Mais je sais qu' elle refusera. Combien de fois Anthony m'a dit avoir tenté de la raisonner pour qu' elle me donne une chance de lui parler?

En ce qui concerne le déroulement de ses examens, j'ai tout suivi de près. Anthony m'a fait chialer avant d' accepter de me filer son identifiant. Ce jour-là, le 10 août, les résultats sont délibérés. Je me rends alors à son collège, de très tôt, sous prétexte que je viens vérifier pour une cousine pour qu'on me laisse pénétrer l'enceinte de l' établissement. Je ne m' attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde pensant que j'étais le premier à le savoir. Heureusement, je porte une casquette et des lunettes de soleil. J'espère que si Emy est là, elle ne saura pas me reconnaître.

Le grand tableau se dressant devant moi, je vérifie les chiffres que j'ai en main avec ceux qui sont inscrits dessus. Mon coeur s' emballe alors que je lis le motif "Réussi" associé à son identifiant. Elle l'a fait!

Je rentre chez moi, heureux. J'aurais voulu qu'on partage ce bonheur ensemble. Un bref soupir accompagne cette dernière pensée alors que je me couche, n' ayant plus rien à faire au cours de la journée. Depuis plus d'une semaine, j'ai laissé le cabinet de ma mère pour éviter d'avoir de nouveaux patients. J'ai dressé le rapport de tous ceux que je suivais: ils se sont remis complètement sauf l'un d'eux qui a été référé à un autre psychologue, son cas me dépassant. Ma mère est fière de tout ce que j'ai accompli, je ne peux malheureusement pas en dire autant.

La journée s' annonce ennuyeuse. Je pensais dormir mais le son de mon téléphone retentit dans la pièce. Je réponds rapidement en voyant que c'est Mme Thomas qui appelle. Les battements de mon coeur se sont redoublés, un appel de cette femme ne peut présager rien de bon.

- C'est Valen. Je vous en supplie de venir ici au plus vite que possible, pleure-t-elle.

- Qu'est-ce qu'elle a? Fais-je paniqué en me levant.

- Elle est assise sur l' encadrement de sa fenêtre, les pieds balançant dans le vide. J'ai peur de ce qui pourrait se passer d'une minute à l' autre. Vous savez que sa chambre est à l' étage.

Si je ne m' étais pas appuyé contre l' armoire, je me serais évanoui. J' essaie de me ressaisir, ce n'est vraiment pas le moment. Je garde le téléphone contre mon oreille en quittant la chambre alors que je lui demande:

- Mettez-moi sur haut-parleur et passez-lui le téléphone.

- Elle a verrouillé sa chambre comme à chaque fois depuis qu'il...

Elle se tait avant de reprendre:

- Je la regarde d'en bas. Venez vite, je vous en supplie.

Ses sanglots font secouer sa voix désespérée. Je me dépêche à démarrer, priant que Dieu me permette d' arriver à temps. Un juron s' échappe de mes lèvres quand je suis pris dans un embouteillage sur la rue principale. L' avantage des motocyclettes, c'est qu'elles permettent de se faufiler facilement à côté des autres véhicules. Dans ce pays qui ne compte pas plus de 4300 kilomètres de routes, c'est le seul moyen de transport que j'aurai conseillé à quelqu'un. C'est pour cette raison que, à ma rentrée à l' université, j'ai opté pour une moto de préférence quand ma mère a voulu me donner sa voiture. Comme ça, j' arriverais à l'heure à tous mes cours, la ponctualité n' ayant jamais été mon point fort. Mais là, c'est complètement bloqué. Je ne trouve nulle part où me faufiler. Alors, je décide de faire comme tous les motards d'ici: je monte sur le trottoir après avoir bien vérifié qu'il n'y avait pas de présence policière. Je fais très attention aux piétons qui ne me cachent pas leur mécontentement en m' injuriant.

Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant