03 | pretty woman that you look lovely as can be

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Bonne lecture !

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- Alors c'est vrai ? Tu vas aller au gala avec un roturier ?

La tête plongée dans un magazine people, Oikawa Tooru n'accorda même pas un regard à sa sœur. Elle ne l'observait pas non plus, trop occupée à vérifier que la femme qui s'occupait de ses ongles ne faisait pas n'importe quoi.

- Un « roturier » ? Pitié, sœurette, on est au moyen-âge ?

Chiaki Oikawa fusilla la manucure du regard, qui venait de dépasser légèrement. La pauvre femme avait des sueurs froides.

- Ça fait plus d'une semaine que je t'ai prévenu, pourquoi c'est maintenant que tu viens faire la choquée ?

La coiffeuse coupa une de ses mèches, qui retourna sur son magazine. Tooru haussa un sourcil, et elle s'excusa à voix basse. Il l'épousseta d'un geste sec.

- Je pensais sérieusement que t'allais te dire que finalement c'était une mauvaise idée. Pourquoi tu veux absolument prouver à mamie que tu es une pauvre créature chaste et respectueuse ? On est comme on est, elle te juge pas tant que ça.

- Elle me prend pour un escort boy. Elle m'envoie au front en agitant un mouchoir blanc en signe d'au revoir.

- Tu vas complimenter des vieilles dames pour leur soutirer de l'argent. C'est pour des associations, c'est quand même pas la mort.

- Forcément, toi elle t'envoie jamais.

Chiaki ricana.

- Ça, c'est parce qu'elle est persuadée que je suis une personne respectueuse. Pas comme toi. Moi, j'ai pas couché avec les trois quarts de ses serveurs.

Tooru grimaça. Ça n'avait vraiment pas été malin, mais ces soirées étaient si ennuyeuses. C'était soit ça, soit l'alcool, soit il créait un incendie pour mettre l'ambiance.

- Et c'est bien pour ça que je vais lui prouver le contraire. Je suis casé, maintenant. Fini l'époque où je n'étais qu'un loup solitaire en manque de chair fraiche.

- Tes métaphores me donnent la nausée.

- La ferme, sorcière.

Le bruit du sèche-cheveux les interrompit, et Tooru croisa le regard de la coiffeuse dans le miroir. À ses côtés, assis sur le siège en cuir de ce salon esthétique, Chiaki rigolait. Au bout de quelques minutes, elle eut terminé et s'excusa.

Oikawa Tooru se réinstalla correctement. Ses cheveux étaient coupés, à présent il fallait les coiffer. C'était un travail d'artiste.

- Bon, dit soudain sa sœur en inspectant ses ongles terminés. Il s'en sort comment, ton faux petit-ami ?

Un sourire s'étira sur les lèvres de Tooru.

- À merveille. Iwa-chan est parfait.

- Iwa-chan ?

- Il ne voulait pas m'appeler par un petit surnom, alors je le fais à sa place. Pour faire plus crédible.

Il reposa son magazine sur le petit rebord en bois, en dessous de l'immense miroir.

- J'avais raison, continua-t-il en se parlant plus à lui même qu'autre chose. T'aurais dû le voir dans les magasins, à essayer des costumes plus chers les uns que les autres, j'ai cru qu'il allait faire une attaque. On a passé trois jours avant de trouver la tenue qu'il lui fallait, et il a dû m'insulter de tous les noms possibles.

Il rit.

- Mais ça, c'était rien en comparaison de l'institut. Il n'a pas apprécié le massage, surtout quand la femme a commencé à lui marcher sur le dos. C'est thaïlandais, ça fait des miracles. Et rester immobile pendant deux heures avec un masque sur le visage et de la boue sur le corps ne lui a pas plu non plus. Le bain d'eau froide m'a fait hurler de rire, je crois.

La coiffeuse tira un peu trop sur l'une de ses mèches, et il s'interrompit. Les sourcils de sa sœur étaient si hauts qu'ils disparaissaient sous sa frange. Elle l'observait avec des yeux ronds.

- Le coiffeur et esthéticienne aussi, c'était amusant. Il a regardé ses mains toutes douces pendant le reste de la journée. Par contre, l'épilation lui a moins plu.

Un immense sourire naquit sur ses lèvres.

- Tout ça pour dire que j'avais raison. Il avait vraiment un bon potentiel. Mamie va être verte en le voyant, je te jure que toute la salle va hyperventiler.

- Il est si canon que ça ?

- Tu n'as pas vu ses biceps. Sérieusement sœurette, ce mec est devenu l'incarnation du mot parfait en à peine quelques jours. Je m'impressionne moi même.

Elle le fixa sans rien dire un moment.

- Tu l'aimes bien ? Je croyais que c'était juste pour faire semblant ?

Le sourire d'Oikawa disparut et il bafouilla :

- Hein ? Oh, oh oui c'est juste pour faire semblant. Bien sûr, je disais ça en étant objectif, c'est juste pour... pour te dire que mamie ne va rien pouvoir lui refuser.

Il détourna le regard du miroir, et sa sœur laissa échapper un « ah je vois » aussi sincère que la mère de leur cousin lors de l'enterrement de son mari.

Mais Chiaki Oikawa n'était pas aveugle. Ce sale avorton de petit frère avait bien pris de quelqu'un, et c'était elle qui lui avait tout enseigné. Ces petites étoiles dans les yeux, la façon dont il parlait, la manière dont le mot « Iwa-chan » sortait de sa bouche.

Elle sourit jusqu'aux oreilles. Ce gala allait peut-être se montrer un peu plus intéressant que prévu.

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Je vous embrasse !

Walking down the street || IwaOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant