J'ai évidemment trainé au lit, il est presque midi. Je caresse les draps qui sont froids, et c'est à mon tour de lui en vouloir terriblement, c'est la première fois qu'il ne dort pas avec moi. Bien sûr qu'il pouvait être en colère, je n'ai pas été assez vigilante, mais je ne suis pas aussi responsable qu'il semble le penser. Il m'a sermonné comme si j'étais une enfant qui avait désobéi sans m'écouter. Je suis persuadée que tout a été fait pour me faire tomber dans un piège. Tout ceci me laisse un gout amer dans la bouche quand je décide de descendre. Je me penche pour observer le salon et la cuisine américaine, mais il n'y a personne. C'est pourtant impossible qu'il m'ait abandonnée, à moins qu'il ait finalement jeté l'éponge, je sens en moi une certaine appréhension à cette simple idée.
- Désolé je suis encore là...
Je ne l'ai pas entendu arriver dans mon dos, il a visiblement dormi dans la chambre d'amis et ne porte qu'un bas de jogging qui tombe sur ses hanches. Ce sont ses seuls vêtements et après avoir sursauté, je ne peux m'empêcher de glisser mes pupilles de ses pieds à son visage, il est incroyablement désirable, ce n'est que lorsque j'atteins ses yeux que son regard froid me fait tourner la tête sur le côté. Il saute par-dessus la rambarde pour atterrir au milieu du salon. Je suis bouche bée puis il se dirige vers la cuisine et entreprend de se faire du café. Je tente une approche, mais le ton que j'emploie est un mélange d'ironie et de provocation.
- Tu veux rester seul ou tu m'acceptes.
Il se retourne, un verre d'eau à la main.
- Viens.
Puis il se charge de remplir de grains le percolateur. Il y a quelque chose qui est en train de bouillir en moi tout doucement et insidieusement quand je commence ma descente vers la cuisine. Il ne m'adresse pas la parole et continue ce qu'il fait sans se soucier de ma présence. Alors je n'en peux plus, j'ai quand même mon mot à dire, et je tape sur le comptoir, mais pour toute réponse il arbore une mine désabusée, comme si j'étais une petite chose insignifiante. Tout remonte à la surface d'un coup, la manière dont il me traite régulièrement, j'ai l'impression de rêver entre l'homme si merveilleux d'hier soir et celui de ce matin, il y a un monde. Et ce monde je ne peux plus le vivre. Je suis avec un psychopathe ! Il me pousse sur le côté et éclate de rire.
- Ben voyons ! Tu ne ménages pas tes mots...
- C'est ce que tu es ! Et j'en ai marre que tu lises dans mes pensées !
- Tu es ma propriété et je fais ce que je veux avec mes affaires...
Je reste éberluée par cette dernière phrase, je rêve.
- Je ne suis pas ta propriété.
- Ho que si !
- Je ne suis la propriété de personne, si je suis avec toi c'est par choix.
- Non, pas vraiment...
La colère me monte au nez, je ferme mes poings, je ne supporte pas qu'on me considère comme une chose ! Et encore plus si je suis considérée comme une propriété.
- Sache que je suis avec qui je veux, je vis avec qui je veux et je couche avec qui je veux !
Touché ! Ses iris s'illuminent d'un rouge sang presque incandescent.
- Ma pauvre Urielle, l'arrangement que j'ai fait avec ton père ne te concerne pas. Tu n'as pas ton mot à dire, et tu ne décides de rien.
Je ne comprends plus rien, c'est un cauchemar, je ne le reconnais plus. Il est véritablement démoniaque quand il continue.
- Je t'avais prévenu que j'allais finir par te punir pour les faux pas que tu as faits...
- Tu... tu plaisantes !
Je recule quand il s'avance, j'ai peur de ce qu'il va me faire maintenant, il ne joue pas. De quoi est-il vraiment capable ? Je me sens plus que jamais en danger, je regretterai presque mes agresseurs de la nuit dernière. Aussi et étrangement je pense à Abel, s'il était là il l'empêcherait de me faire du mal...
- Le revoilà celui-là ! Tant qu'il sera dans mes pattes, tu ne resteras définitivement pas tranquille n'est-ce pas.
Il me saisit le menton avec la rapidité d'un serpent quand il dit d'une voix sombre et satanique.
- Je vais demander à ce que finalement il descende rejoindre ton père, Lucifer le fera souffrir éternellement et moi j'en serai débarrassé !
Non !
D'un coup, je vois Abel se faire torturer et cela m'est insupportable. La peur m'envahit, plus forte que toutes celles que j'ai déjà ressenties jusqu'à présent. Je me souviens de mon voyage en enfer, de la manière dont j'ai souffert, je sais que la destruction de son âme serait un meilleur supplice que les horreurs qu'il subirait. Dans cette angoisse naissante pour lui, pour tout ce qu'il va lui arriver, je ne sens pas ce qui se passe en moi, ma peau commence à vibrer, mon sang se réchauffe comme si mon cœur était pour lui. Je plonge mes yeux dans ceux d'Ezéchiel qui sont d'un rouge incandescent. J'ai l'impression qu'ils reflètent quelque chose en face d'eux, quelque chose qui virevolte, mais je ne relève pas, car ma colère est toujours présente.
C'est inconcevable, je place avec la vitesse de l'éclair mes doigts autour de son cou. Je commence à le serrer très fort. Je ne me contrôle plus, mais étrangement il ne se débat pas et arbore une sorte de sourire presque irréel. Soudain, je lui assène un coup de poing qui semble venir de nulle part. Il est projeté contre le mur et son corps laisse une marque profonde dans le béton. C'est alors qu'un hurlement sort de ma gorge, cet excès de violence me remplit, j'en veux plus, je ne suis pas rassasiée. Je suis en furie et définitivement il est impossible qu'Ezéchiel mette ses menaces à exécution, je suis prête à tout pour l'empêcher de le faire, j'oublie qui il est, ce qu'il est et ce qu'il représente pour moi. Je m'avance vers lui, mais il se lève lentement. Je me poste en position d'attaque, cette fois-ci rien ne peut me stopper même pas lui. Mais contre toute attente, il dit calmement.
- Très bien. On va s'arrêter là...
Je ne porte presque pas attention à cette phrase tant je veux m'élancer tout de suite. C'est alors qu'il ferme les yeux, place sa paume vers moi et commence à prier en latin. Je ressens la force des mots dans mon corps si fort que je reprends conscience de là où je suis, de cette étrange réalité. Je ne sens plus le sol, je bouge mes chevilles, mais rien. Je flotte dans les airs ! Je panique instantanément, il se tait juste à temps pour se propulser et me prendre dans ses bras avant que mon crâne ne percute de plein fouet la table basse...
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MB MORGANE - Ezéchiel - Tome 3 [Terminé]
ÜbernatürlichesAttention, voici le Tome 3 de la série fantastique : Urielle, Abel et Ezéchiel. Vous devez pour bien tout comprendre lire les deux tomes précédents. Avril 2020 : en cours d'écriture... mais je poste tout de même les Épisodes au fur et à mesure. "Abe...