deux

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Il est amusant de comparer le lycée de Brighton à un royaume, lequel aurait un roi. Moi. Soyons perspicaces, si quelqu'un mérite d'être roi, c'est bien moi. J'ai tout le monde à mes pieds (Littéralement. Il y a quelques jours, une fille s'est accroupie devant moi pour ramasser une feuille tombée de mon sac). Je suis beau, personne ne peut le nier, et je jouit d'un certain charme. D'autre part, ma popularité dépasse celle de la reine d'Angleterre. Franchement, qu'est-ce qui me retient de porter une couronne? Je trouve scandaleux de devoir étudier avec toutes ces personnes banales alors que je suis mille fois supérieur à eux.

"Tu dois être Jackson?" me demande le conseillère d'orientation, repositionnant des lunettes rondes sur son nez retroussé.

"Oui, c'est moi."

Je vois bien qu'elle est mal à l'aise. Faire face à tant de supériorité doit être déstabilisant. Elle essaye de me sourire.

"Bien" murmure-t-elle. Elle farfouille quelque dossiers, superpose quelques feuilles, puis repose à nouveau son regard sur moi. "Je lis ici que tes résultats sont médiocres et que ton attitude est insolente et méprisante. Tous tes professeurs te qualifient de prétentieux. Pense-tu être prétentieux, Jackson?"

Qu'est-ce qu'elle attends de moi? J'espère qu'elle ne compte pas débiter des stupidités toute la journée parce que le temps presse et je me hâte de rentrer chez moi. Nous sommes Vendredi et par conséquent, une fois que je serais libre de quitter son bureau, j'aurais le week-end devant moi. Becca Arrington organise une fête et j'ai l'intention de m'y rendre.

"Je connais la valeur des choses, c'est tout" je déclare enfin, avec un sourire voltairien qui me va à merveille.

La conseillère grimace et reprends ses feuilles. Elle réajuste ses lunettes et continue de lire, passant délicatement ses doigts entre les pages. J'ai l'impression que ce moment dure une éternité. En attendant, je regarde autour de moi. Des tableaux dont j'ignorais l'existence sont affichés un peu partout, ainsi qu'une ou deux affiches publicitaires pour rejoindre des associations. Je ne peux pas rester une minute de plus dans ce trou.

"Bon, c'est pas tout mais je dois.."

Alors que je commençais à me lever, elle m'interrompt en tappant sur la table, ce qui est plutôt ridicule si elle essaye de me faire peur. Je reste cependant à ma place, levant les yeux au ciel, priant pour que je puisse bientôt sortir d'ici.

Toc. Toc. Toc.

"Entrez" clame la conseillère.

La porte s'ouvre et, comme par hasard, c'est Emma qui entre dans la pièce. Elle m'adresse un regard que je ne parviens pas à décrypter, puis s'avance vers la conseillère avec un sourire bien trop large qui aurait été ridicule sur un autre visage que le sien. Mais l'élégance indiscutable de ses yeux verts remettaient tout en cause et ce sourire trop grand devenait un sourire parfait.

"Emma, que me vaut ce plaisir?" lui demande la vieille chouette sur un ton enjouée. Elle a retrouvé son sourire et de l'éclat sur son visage terne. On dirait qu'elle aime beaucoup Emma.

"C'est que vous m'avez appelé, madame Hoods" réplique-t-elle avec un mine d'ange.

Je brûle d'impatience de sortir de cette pièce. Je pourrais même trouver un moyen de devenir invisible pour pouvoir m'échapper. Il est impossible d'imaginer à quel point je veux m'en aller. Je suis enfermé, prisonnier dans cette étroite pièce miteuse avec les deux personnes les plus barbantes que je connaisse.

"Ah.. Oui, oui" Marmonne madame Hoods, la conseillère, en fouillant quelques dossiers.

Pendant qu'elle cherchait je-ne-sais-quoi dans son bureau, j'en profite pour me tourner vers Emma, et constate avec stupéfaction qu'elle me regardait déjà. Lorsque nos regards se croisent, j'ai l'étrange réflexe de tourner la tête en vitesse. Est-ce que je suis nerveux?

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 30, 2014 ⏰

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EmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant