Chapitre 4

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            La nuit était froide et lugubre et la lueur blanche de la lune filtrait avec difficulté au travers de l'épais brouillard qui rampait dans la ville. Emmitouflé dans ma longue veste, un pieu de bois serré contre moi, et une lampe à pétrole à la main, j'attendais le signal. Bob et Henri faisaient le tour du bâtiment, pour se cacher près de la porte de derrière. Quand l'un d'eux sifflerait, je rentrerai. Le plan était simple : ou je tuais le vampire, ou Bob et Henri le tuaient quand il s'enfuirait. Troisième solution, je mourrais.

Fiiiiut !

          Le signal. J'entrai avec précautions dans le bâtiment. Je n'avais pas l'avantage, dans le noir, les vampires voyaient bien mieux que les humains. J'allumai la lampe à faible intensité avant de continuer à avancer. Plus je m'enfonçais dans la pièce, plus mon pouls s'emballait, si je ne trouvais pas le vampire, lui me trouverait.

Clang.

           Je fis volte-face. Un objet métallique venait de tomber sur le sol. Le vampire était là. Il rampait dans l'ombre et il allait jouer avec moi. Du moins c'est ce qu'il allait essayer de faire.

Criiii.

Une porte qui grince. Non, le vampire n'avait pas changé de pièce. Ce qu'il voulait s'était m'attirer près de la porte. Il allait être exaucé. Lentement je me dirigeai vers la porte, et quand j'arrivai enfin face à elle, je pivotai et tombai nez à nez avec le vampire. Plus grand que moi, il mesurait au moins un mètre quatre-vingt-dix, terriblement pâle à la lueur de la lampe, tous crocs dehors, il me regardait de ses yeux d'un noir sans fond et injectés de sang. Sans lâcher la lampe je lui sautai dessus. Bien qu'il soit plus fort que moi, la surprise l'empêcha de résister au choc et il bascula en arrière. Hélas, il se ressaisit vite, trop vite pour moi et se remit debout m'attrapant le visage d'une main, qu'il posa sur ma bouche. La lampe tomba au sol, mais par chance ne s'éteignit pas, ne se brisa pas. Il enfonça ses dents pointues dans ma gorge. La brûlure de sa morsure glaciale me donna envie de hurler, mais la main du monstre m'en empêcha et c'était tant mieux. Si mes collègues m'avaient entendu, ils auraient accouru, or ils ne devaient sous aucun prétexte quitter leur poste, ou le plan échouerait à coup sûr. Le suceur de sang bloquait ma bouche d'une main et de l'autre tenait fermement mon bras gauche. Mais il le tenait d'une façon telle que je pouvais encore bouger le coude, si bien que j'enfonçai de toutes mes forces le pieu que je tenais dans sa jambe. Dans un hurlement terrible, il me relâcha et sortit ses dents de ma gorge, non sans agrandir la plaie au passage. Je lâchai un gémissement et portai ma main à mon cou. Je lui faisais de nouveau face, le pieu relevé, menaçant. Il me regarda et je me concentrai pour lui montrer au travers de mon regard, que je ne le craignais pas. Il regarda sa jambe ensanglantée, et se mit à courir vers la sortie de derrière. Je le pris en chasse. Il ouvrit la porte sans voir le piège de mes collègues et s'empêtra les pieds dans la cordelette tendue contre l'encadrement de porte et s'étala sur le sol. Il eut juste le temps de se retourner pour voir Henri et Bob lui sauter dessus et l'immobiliser. Arrivant dehors à mon tour j'évitai la petite corde et le poignardai de toutes mes forces en plein cœur. Du sang gicla de tous les côtés, m'arrosant la figure. Le vampire gémit de douleur avant de se taire complètement.

- Bien joué les gars, lâcha Henri. On le ramène au bureau et on rentre.

Chasseur (Parution 01 septembre 2021)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant