Seule, elle s'avança d'un pas incertain. Une fine pluie humidifiait son visage tiré par la fatigue, le vent retournant son parapluie. Aucun son ne lui parvient, juste le craquement des graviers jonchant le terrain.
L'heure était venue de lui dire, elle en avait besoin c'était certain. Pourtant, seule parmi ses dalles sombres habillées de fleurs aux multiples couleurs, elle sentie son cœur se serrer.
Elle s'agenouilla, saisissant d'une main tremblante, l'unique bougie ayant survécu aux déchaînement du temps. La pluie se fit de plus en plus forte, le vent de plus en plus féroce, mais elle devait l'allumer. Elle devait regarder sa flamme danser tout en prononçant ces mots.
Les yeux rivés sur cette fragile lueur, éclairant faiblement l'endroit, elle inspira profondément, tentant vainement de ravaler ses larmes. Il y avait un temps pour tout, un temps pour pleurer, un temps pour écrire et un temps pour lire.
Le moment était venu de lui révéler ce que son esprit perdu ne parvenait pas à exprimer.
~*****~
« Il paraît qu'écrire permet d'évacuer ces ressentis. De mettre en mot ce que l'on n'a jamais su dire. Je l'ai toujours pensé. Ce n'est pas une simple phrase valise que je sortirais prétentieusement pour faire bonne figure lors d'un dîner mondain. Écrire est une source de bien-être infinie, effaçant immédiatement le monde m'entourant. Plus rien n'existe. Il y n'a que moi, ma plume et ma musique.
Je laisse alors libre court à mes pensées pour t'écrire ce texte. Pour parvenir, enfin, à te dire ce que je n'ai jamais su t'exprimer.
J'en ai besoin. Ce désir est né d'un vide à combler, d'une absence à compléter. Puis, avec le temps, j'y pris goût. Ce n'est plus simplement nécessaire pour trouver quelque chose à faire, c'est un plaisir de chaque jour.
Alors, écoute bien, toi qui me regardes, reçois ces mots de là-haut. Je te les envoie en espérant de tout cœur que tu puisses les saisir.
Et, toi qui me lis, j'espère réussi à te partager une partie de l'infime bonheur que me procure ces lignes, au-delà de la tristesse qui émane de mes mots :
Je ne me souviens plus ...
Aussi, insensée que cela puisse paraître, je ne me souviens plus de la date où nous t'avons perdu. Le jour, le mois, l'heure, tous ces informations n'ont jamais existé, comme si mon être tout entier les avait rejetées. Comment expliquer que je ne me rappelle pas ces simples chiffres ? Du jour exact, pourtant si déchirant, où tu nous as quitté. Cela n'avait pas d'importance. En fait, rien n'avait d'importance à cet instant précis.
J'entendais le son de sa voix au bout du fil, je saisissais ces mots, mais je n'étais plus vraiment là. Suspendue en dehors du temps, comme si quelqu'un m'arrachait à la réalité. Étrangement, il y avait aussi cette sensation de soulagement. Derrière cette tristesse écrasante se cachait un sentiment d'achèvement de ces mois empli sde doutes, d'espoir et de peine lancinante qui ne me quittais plus.
C'était la fin ...
La fin d'un calvaire bien trop long. Seulement, c'était également le commencement du néant provoqué par ton absence. De ce tourbillon infini, me malmenant sans cesse.
Au fond, j'y croyais sans y croire. Cela faisait des semaines que cette épée de Damoclès était au-dessus de nous, menaçant de tomber à tout moment. Et ... quand le moment fut enfin venu, c'était une évidence bien trop douloureuse pour l'assimiler dans son intégralité. Ainsi, chaque jours ayant suivis cette annonce, mon cerveaux m'envoyait des signaux d'alerte pour me le rappeler, comme s'il voulait me forcer à l'accepter.
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Lettre ouverte d'un esprit perdu
Non-Fiction« Sa plume lui échappe quand elle lui écrit ces lignes. Elle doit lui dire. C'est plus fort qu'elle. Plus fort que le vent, plus fort que la tempête, plus fort que l'orage qui gronde au-dessus de sa tête. Aujourd'hui, le jour est venu de lui lire ce...