25/ Le film de la soirée

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Je me réveillais en sursaut. Une lumière aveuglante assaillait mes yeux et me vrillait le cerveau.
Putain, j'suis où ?
Je ne reconnaissais pas l'endroit, j'étais allongé par terre, sur de la moquette, nu.
Une femme, nue elle aussi, était étendue à ma droite, son bras posé en travers de mon torse, sa jambe sur la mienne. Je la poussai légèrement, elle bascula et je pus me redresser. Elle non plus, je ne la reconnaissais pas. A ma gauche se trouvait un lit, sur lequel dormaient deux autres femmes tout aussi nues.
J'essayais de rassembler mes souvenirs, mais le marteau piqueur qui s'acharnait dans ma tête m'empêchait de penser.
Comment ai-je atterri là avec ses trois nanas ?
Je me levais tant bien que mal, j'avais vraiment abusé cette nuit, je ressentais des courbatures dans tout mon corps, mon estomac était en vrac et je tenais ma tête à deux mains pour l'empêcher d'exploser.
Apparemment, je me trouvais dans une chambre d'hôtel vu la configuration des pièces. Je farfouillais dans le tas de vêtements qui jonchaient le sol à la recherche de mes habits. Mon jean et ma chemise étaient là mais mon boxer avait disparu... Tant pis. Sur une table basse se trouvaient des cadavres de bouteilles renversés, des restes de nourritures éparpillés, de traces de rails de coke...
C'est pas vrai...
Je me rhabillai et entrai dans la salle de bain. M'observant dans la glace, je réalisais que j'avais une tête à faire peur, les traits tirés, des cernes, et des traces de rouge à lèvres un peu partout sur mon visage et mon cou.
Je m'aspergeais d'eau fraîche pour me nettoyer et tenter de clarifier mon esprit, en vain.
Et les autres, ils sont où ?
Il était peu probable que l'on se soit séparé, surtout si, comme je le pressentais, on n'avait pas consommé que de l'alcool. Au moins l'un d'entre nous avait dû rester lucide pour éviter les emmerdes aux autres, du moins, je l'espérais...
Revenant dans la chambre je vis une porte que je n'avais pas remarquée. Je l'ouvrais et y vit une autre chambre identique à celle où je me trouvais. Avec soulagement, je reconnus Stéphane en boxer assis sur le lit et matant la télé. Une nana dormait paisiblement à ses côtés.
-Ah! Steph! On est où ? Qu'est ce qui s'est passé ?
Sans rien dire, il attrapa deux comprimés et un verre d'eau et me les tendit. Je le regardai suspicieux, hésitant à avaler ce qu'il me donnait.
-T'inquiètes, c'est du paracetamol pour ta tête... A moins que tu préfères un peu de blanche pour te réveiller...
Je secouais la tête par la négative avant de grimacer à cause de la douleur.
-C'est le trou noir à partir de quel moment ? demanda-t-il souriant alors que je prenais le médicament salvateur.
Je réfléchissais, mes neurones avaient du mal à coopérer, mais des flashs me revenaient. Je rembobinais le film de la nuit en pensées. La boîte, le whisky, la nana contre le mur, OK, ça, c'était plus ou moins clair.
Il y en avait eu une autre dans les toilettes,
Top glamour...
puis la virée en voiture, où on avait hurlé la tête hors des fenêtres, la petite pilule beige à tête de mort...
Et merde...
Je me souvenais aussi d'une autre boîte plus intimiste avec toutes ces femmes que je ne pouvais m'empêcher de toucher. Sous ecstasy, la sensation du toucher était complètement distordue, bien plus intense. Les pulsions tactiles étaient aussi très difficiles à réfréner. Je me rappelais avoir caressé et embrassé beaucoup de femmes, trouvant leur corps si soyeux, leur langue si incroyablement douce...
Tu m'étonnes...
Visiblement, je ne m'étais pas arrêté là.
Stéphane remplissait les blancs de ma mémoire. Ce n'était pas une boîte mais une fête privée où nous avions rencontré ces si conciliantes jeunes femmes qui, elles aussi, avaient dû ingurgiter des substances illégales. Nous avions fini la soirée dans ces chambres d'hôtel laissant nos corps exprimer leurs envies et leur passion.
Maintenant qu'il en parlait, je me rappelais avoir léché une femme recouverte de nourriture et arrosée d'alcool et en avoir pilonné une autre me prenant pour un taureau... Soudain, m'arrachant à mes souvenirs, il me demanda :
-Tu veux voir les photos ?
Je blêmis de peur de ce que j'allais voir.
Il me montra les images sur son téléphone, preuve de ma débauche de la nuit. Les positions étaient éloquentes, les images très explicites. Les autres gars aussi étaient présents, quatre gars, quatre filles, égalité. Je lui demandais où étaient passé les autres et il m'apprit qu'ils étaient déjà partis.
J'entendis bouger à côté, une des filles se réveillait.
-Salut Steph, super soirée hier soir, je m'en vais, fit-elle en nous adressant un sourire ravi mais fatigué.
Il s'agissait de la femme qui était étendu près de moi tout à l'heure. Elle était encore nue et cela ne semblait pas la perturber. Elle était mignonne, élancée, de fines jambes, de petits seins, un joli minois. Puis s'adressant à moi, elle déclara :
-Quant à toi, on remet ça quand tu veux, beau gosse.
Je regardai Stéphane, ne comprenant pas ce que j'avais fait de si spécial dans l'état de folie douce où je me trouvais.
-Tu te rappelles quand même que tu te les aies toutes tapées plusieurs fois cette nuit ? Elles t'appelaient l'étalon sauvage. Insatiable, tu étais...
Maintenant qu'il en parlait, des images me revenaient. Une rangée de cul que j'arrosais de mon jus, deux nanas à quatre pattes en train de me sucer alors qu'elle se faisaient besogner...
Une orgie, j'avais fini la nuit dans une orgie...
Ah ben là, c'est sur, j'avais pas fait semblant...

Les yeux de Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant