Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)

Chapitres 23 : « La dernière vérité »

Point de vue de Mia

Les jours qui ont suivi sont passés tellement vite que je ne les ai même pas vus passer. Le jour J fut à la fois un soulagement et un long moment d'angoisse. Debout sur cette spacieuse terrasse dans l'interminable résidence principale des parents d'Andrew, j'observe d'un regard vide les préparatifs de mon mariage. "Mon mariage"... ça sonne encore bizarre à dire car tout semble si irréel.

La résidence est une véritable forteresse de luxe, entourée de vastes jardins entretenus avec une précision presque militaire. Les haies parfaitement taillées, les fontaines scintillantes et les parterres de fleurs impeccablement arrangés reflètent un univers où chaque détail est soigneusement orchestré. Les décorations de mariage, aux tons ivoire et doré, ajoutent une touche de grandeur à ce cadre déjà majestueux. Les guirlandes lumineuses serpentent à travers les arbres, et des arches florales décorent les allées, créant une ambiance féerique.

Les employés, vêtus de noir et blanc, se déplacent avec une efficacité quasi silencieuse, comme des ombres travaillant dans une symphonie parfaitement synchronisée. Ils placent les derniers bouquets, ajustent les nappes et préparent le banquet avec une minutie sans faille. Chacun de leurs gestes est mesuré, chaque mouvement délicat, comme s'ils participaient à une chorégraphie invisible.

Malgré la beauté et la perfection de ce décor, je me sens étrangement détachée, comme une spectatrice de ma propre vie. La scène se déploie devant moi, magnifique et irréelle, mais elle ne parvient pas à éveiller en moi la moindre étincelle de joie. Au lieu de cela, une sensation de vide m'envahit, une nostalgie amère pour ce qui aurait pu être. Je suis sur le point de vivre mon rêve de petite fille et pourtant, je ne ressens pas ce sentiment de bonheur qui devrait traverser tout mon être. Je me sens vide, nostalgique et terriblement seule.

Je n'ai pas quitté mon peignoir blanc et mes cheveux sont couverts d'une serviette rose. Mes ongles ne sont toujours pas manucurés et j'attends patiemment l'arrivée de la fameuse robe de mariée que j'ai essayée quelques semaines plus tôt. Mon reflet dans le miroir me renvoie l'image d'une femme incertaine, perdue entre ses désirs et ses peurs. La robe de mariée, symbole de pureté et de bonheur, semble soudain si lointaine, presque inaccessible.

Quant à Andrew, il se trouve de l'autre côté de la propriété avec ses garçons d'honneur, en train de se préparer. L'écho de leurs rires me parvient par intermittence, ajoutant à mon isolement. Je sais qu'il est entouré de ses proches, confiant et heureux. Mais moi, je suis ici, seule, avec mes doutes et mes regrets. L'idée de marcher vers lui, de prononcer ces vœux, me terrifie. Chaque minute qui passe me rapproche d'une décision qui pourrait sceller mon sort, et je ne suis pas prête.

Je me lève finalement, laissant tomber la serviette rose de mes cheveux, et me dirige vers la fenêtre. Le spectacle extérieur est à couper le souffle, mais il ne fait qu'accentuer mon malaise. La beauté de ce lieu, la perfection des préparatifs, tout cela semble si dérisoire face au tumulte de mes émotions. Je suis piégée dans un rêve qui n'est plus le mien, dans un conte de fées dont la fin heureuse m'échappe.

- Alors vous avez enfin obtenu ce que vous vouliez. 

Cette voix familière me sort de mes pensées. Je reconnais immédiatement la voix de la mère d'Andrew. On dirait que même pour le plus beau jour de ma vie, elle a décidé de se montrer froide et détestable.

Elle s'approche de moi avec un regard sévère, ses talons claquant contre les pavés en marbre de la terrasse. Son visage est impassible, marqué par des années de fierté et de condescendance.

- Mon fils est peut-être aveuglé par l'amour qu'il semble vous porter, mais sachez qu'il en faudra beaucoup pour qu'un jour je puisse vous accepter au sein de notre famille, car je n'ai aucune confiance en vous.