Chapitre 20 « Fracture »

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Point de vue d'Evan

Je ne peux m'empêcher de tapoter frénétiquement le sol avec mon pied depuis maintenant une vingtaine de minutes. La nervosité a la fâcheuse tendance de prendre en otage ma jambe droite à chaque moment de stress, pourtant il faut que je garde mon calme. Hors de question que je donne le plaisir à ce parfait fils de pute de discerner une once de nervosité en moi.

Mon père, assis à ma gauche autour de cette longue table en verre, regarde régulièrement sa montre d'un air agacé. Sans doute pressé que ce rendez-vous se termine afin de retourner à ses occupations. Mon avocat, assis à ma droite, est confortablement installé et parfaitement sûr de lui. Il attend patiemment que la partie adverse daigne montrer le bout de son nez.

- Mais où sont-ils, bordel de merde ? craché-je à mon avocat. On ne va quand même pas les attendre éternellement. Ça se trouve, ils ont refusé l'offre. 

- Patience, Monsieur Morton, croyez-moi, il faut être stupide pour refuser une offre pareille. 

À peine a-t-il prononcé cette phrase qu'un homme costumé, accompagné d'un autre homme en uniforme médical, pousse une chaise roulante où se tient le connard que j'ai bien failli tuer quelques semaines plus tôt. Il a le visage complètement défiguré par les cicatrices. On dirait qu'il vient à peine de sortir de l'hôpital. Son œil droit est si gonflé qu'il arrive à peine à le maintenir ouvert. Son regard, plein de haine et de colère, ne me lâche pas. Je tente de rester impassible, ne montrant aucune émotion même si je meurs d'envie de lui cracher à la gueule.

- Ah, vous voilà enfin ! Pendant un instant, j'ai cru qu'il y avait eu un changement d'heure dont je n'avais pas été mis au courant. dit mon avocat d'un ton plein de sarcasme.

- Comme vous pouvez le voir, mon client, ici présent, est en fauteuil roulant car votre client s'est défoulé sur lui. Il ne peut donc se déplacer comme bon lui semble, j'en suis sûr que vous comprenez ce petit retard. dit l'avocat adverse d'une voix tout aussi sarcastique.

- Bien évidemment. Installez-vous, je vous en prie. 

L'homme poussant le fauteuil roulant installe l'autre fils de pute juste en face de moi, avant de quitter la pièce. L'avocat adverse s'assoit également, déposant plusieurs documents sortis de sa mallette sur la table.

- Alors, êtes-vous venus pour nous rendre l'accord signé en main propre ? demande mon avocat avec assurance.

- Non. En réalité, nous sommes venus vous dire d'aller foutre cet accord là où je pense. déclare-t-il en balançant vulgairement le contrat sur la table en direction de mon avocat. Attention, ce ne sont pas mes mots, mais ceux de mon client. ajoute-t-il avec un sourire narquois.

- Comment ça ? On vous propose tout de même 400 000 dollars pour enterrer toute cette histoire, que voulez-vous de plus ?! ronchonne mon père.

- Pour mon client, ce n'est pas assez au vu des dégâts à la fois physiques et moraux qu'il a endurés par monsieur Evan Morton. 

- Vous êtes au courant que même en procès, votre client n'obtiendra jamais un montant de cette hauteur. 

- Vous savez, Erik, je vous admire beaucoup. déclare l'autre avocat.

Erik lève les yeux au ciel, agacé et ennuyé par les dires de son confrère.

- C'est vrai. Je vous admire énormément. Après tout, vous êtes réputé pour ne perdre quasiment aucun de vos procès. Sachez que même lorsque j'étais encore en école de droit, nous étudiions déjà vos cas. C'était à la fois passionnant et troublant car même lorsque le cas semblait désespéré, vous arriviez toujours à trouver un fail dans le système, n'importe quoi, pour innocenter totalement ou partiellement votre client. C'est assez impressionnant, je ne vous le cache pas. 

Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant