Chapitre 2

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Exactement cinquante deux heures s'étaient maintenant écoulées depuis sa dernière crise. Harry peinait à y croire, bien que la crainte de la douleur était toujours présente, grignotant son mental graduellement.

Cinquante deux heures. Une nuit complète, entière depuis maintenant ce qui lui semblait une éternité. Et pourtant, le sauveur ne put s'empêcher de bailler, à moitié allongé sur sa table de cours. Un violent coup de coude le redressa.

- Harry, ça fait la troisième fois que tu manques de t'endormir sur cette table. Si tu continues à confondre tes cahiers et ton lit, Griffondor va en subir les conséquences. Alors travailles !

Il n'eut pas le temps de râler qu'Hermione lui enfonça un livre dans l'abdomen, le forçant à s'asseoir droit.

- Hermione ...

- Je sais Harry. Mais ce n'est pas une raison pour agir comme une limace toute la journée.

Ce dernier se contenta d'acquiescer passivement. Il savait qu'elle avait raison, les effets secondaires le terrassaient de fatigue mais ce n'était pas une raison pour se laisser aller. Il secoua la tête et tenta une fois de plus de se concentrer sur le cours de botanique.

Les minutes défilèrent lentement, si lentement qu'il avait failli s'endormir encore à deux reprises. Cerise sur le gâteau, ils étudiaient actuellement la synthèse de somnifère à partir d'extrait de pin. Au moins, même s'il ne parvenait pas à en produire, cela ne lui serait pas préjudiciable.

Le prochain cours était celui de métamorphose. Harry s'y rendit en tentant de paraître dynamique, d'un pas assuré. Malheureusement, à peine fut-il assit qu'un bâillement s'échappa de ses lèvres. Le début du cour ne fut pas plus glorieux. Le sort de cette après-midi avait pour objectif de transformer une baguette en plume et de la faire planer. Mais les mouvements était complexes, beaucoup trop complexes pour Harry qui ne pouvait se focaliser sur une même tache plus d'une dizaine de minute. Il avait beau essayer, encore et encore, les syllabes se mélangeaient dans sa tête, s'inversaient dans ses cordes vocales. Ces mouvements étaient à contre sens, irréguliers.

- Bien, maintenant mettez-vous les uns à côté des autres et en partant de monsieur Goyle, jetez le sort chacun à votre tour, indiqua Minerva en refermant le livre qui trônait sur son bureau.

Gregory fit un pas en avant et agita sa baguette.

- LevitoPlumos !

Sa baguette se transforma en plume et plana un bref moment avant de retomber sur le sol. Un sourire joyeux se dessina sur ses lèvres.

- Des progrès monsieur Goyle, entraînez vous néanmoins à faire planer votre plume un peu plus longtemps. Suivant. Monsieur Malfoy.

A l'entente de son nom, l'atmosphère s'alourdit et des murmures s'élevèrent. La plupart des élèves le toisèrent avec mépris. Un claquement résonna dans la salle de classe. Le professeur McGonagall toisa sévèrement ses élèves, leurs intimant le silence.

- Monsieur Malfoy, répéta-elle calmement.

Le serpentard s'avança, instable sur ses propres pieds. Il prit une profonde respiration et se lança.

- LevitoPlumos !

Sa plume s'éleva aussitôt dans les airs et se posa sur place. Malfoy attendit quelque seconde, puis d'un mouvement bref de la main la déposa sur le sol où elle reprit son apparence normale. Il la ramassa et se recula prestement, baissant la tête. Les autres élèves de sa maison s'écartèrent à son approche. Draco Malfoy était maintenant un serpentard isolé, hait par la plupart des élèves de l'école. C'était sans doute le prix à payer pour porter la marque des ténèbres sur sa peau d'albâtre. Noir sur blanc, cette marque était aussi visible que sa solitude. Et pourtant, il était encore un serpentard, un élève de Poudlard, malgré sa trahison. Sans doute sa dernière confrontation avec son père avait prouvé sa véritable nature. A la fin de la grande guerre, ne pouvant se résoudre à tuer un moldu sous les menaces de son père, il avait retourné le sort contre son paternel, l'immobilisant jusqu'à l'arrivée des gardiens d'Azkaban. Cet acte avait prouvé son allégeance à Dumbledore, à ses idéaux, bien que responsable de sa mort. Le tribunal des sorciers l'avaient déclaré coupable mais non responsable, ils étaient pleinement conscient de la menace qui planait sur ses épaules, de son père et de Voldemore que l'y contraignaient. Ils en avaient conclus que l'ancien directeur de cette école n'aurait pas souhaité voir un de ses élèves croupir à Azkaban. Malfoy était donc resté à Poudlard, ainsi protégé des mages noires encore en vie et surveillé de ses faits et gestes.

Mais avec le recul, il regrettait amèrement de ne pas avoir trahi son père plutôt. Il avait voulu son amour, il n'a obtenu que la haine. Et désormais, Draco n'était qu'un Malfoy, pâle relique de son père. On le haïssait pour être son fils, d'un camp comme de l'autre, il subissait la haine et le mépris. Son arrogance avait disparu, il ne restait de lui qu'une enveloppe charnel et des yeux à la tristesse infini.

Il voyait Harry Potter comme son opposé, celui qui était adulé de tous, aimé. Celui qui n'avait jamais du subir la pression de parent trop possessif. Celui qui était libre, d'âme comme de corps. Celui qui était aimé.

- Allez Harry, montre leur qui sait le plus fort !, s'écria Nevil.

Des acclamations fusèrent de toute part, obligeant Harry à s'avancer sous le regard inquiet du professeur.

Un griffondor lui coupa la route.

- Mais il n'a pas besoin de s'entraîner, c'est trop simple pour lui professeur. C'est trop simple pour nous, Griffondor. Autant passer notre tour. s'exclama-t-il en donnant une accolade à Harry qui fit semblant de sourire.

- Ferme là Luc, peut-être qu'Harry est un génie mais cela ne signifie pas que toi, tu vaux mieux que nous. Et laisse Harry te montrer la différence de niveau entre lui et les autres petits lions qui ne savent même pas marcher tout seul.

Le griffondor esquissa une moue de mépris et se retira à contre cœur.

- Va y Harry, montre lui que notre maison est la plus puissante.

Concentrant toute la faible énergie qu'il lui restait, il brandit sa baguette et tenta de lancer le sort.

- LevitoPlumos !

Une étincelle bondit à travers la classe au même moment ou sa baguette se transforma en un amas de plomb qui chuta lourdement sur le parquet de la classe avant de reprendre sa forme initiale.

- Moins 50 points pour Griffondor, déclara le professeur avec un air désolé.

Luc, le serpentard, toisa Harry avec une moue amusé.

- Ahah, s'exclama-t-il, merci monsieur le génie de nous avoir fait une démonstration de la puissance des griffondors !

Les serpentards s'esclaffèrent à leurs tours, remplissant la salle de rire et de moquerie. Les deux autres maisons les rejoignirent assez vite, sous le regard médusés des Griffondors.

Harry baissa les yeux et ramassa sa baguette enduite de crasse. Il serra les dents si fort qu'un goût de rouille emplit sa bouche. Ce n'était pas lui, il n'était pas comme ça, il était meilleur que ça. C'était la potion qui le rendait si mauvais. Ce n'était pas sa faute !

Il eut la peine le temps de se reculer qu'un autre de sa maison s'avança, la tête haute, le toisant avec mépris.

- Difficile de faire pire ... LevitoPlumos !

La plume s'envola gracieusement et retomba doucement. Réussit.

Harry baissa davantage la tête, fuyant les regards déroutés et amusés. Une pression sur sa main gauche lui redressa la nuque.

- Ne t'inquiète pas Harry, c'est seulement la potion qui t'empêche de manipuler correctement ta baguette. Le professeur McGonagall le sait.

Hermione lui décocha un sourire qu'il essaya de rendre.

A la fin du cours, Harry avait plus ou moins réussit à se faire oublier. Sa maison avait réussit à regagner 50 points grâce à la prouesse d'Hermione qui avait transformé sa baguette en une magnifique plume de griffon. Mais son amertume à lui était toujours présente, ancrée au fond de son cœur. Il était le sauveur, malgré tout ce qu'il avait déjà accomplit il se devait encore de répondre à toutes les attentes de sa maison et de ses professeurs. Toujours plus, toujours mieux. Il était le sauveur après tout.

Un sauveur fatigué, accablé, incapable d'utiliser sa baguette.

Je souffre plus que toi ~ DRARRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant