Lorsqu'il émerge de la salle de bains, elle est réveillée, adossée aux oreillers et en train defeuilleter des brochures d'agences de voyages qui traînent à côté du lit. Elle porte un de ses tee-shirtsà lui, et ses cheveux sont ébouriffés d'une manière qui en dit long sur la nuit qu'elle vient de passer.Tout en se frictionnant la tête avec une serviette, il s'arrête un instant pour apprécier le spectacle etles plaisants souvenirs qu'il suscite.Elle relève la tête de sa lecture et esquisse une petite moue. Elle est sans doute un brin trop âgéepour minauder ainsi, mais leur relation est encore récente et n'a rien perdu de son charme.
-Est-il absolument nécessaire de choisir un séjour avec randonnée en montagne et saut àl'élastique inclus ?
Ce sont nos premières vacances ensemble, et je ne vois dans ce catalogue que desvoyages impliquant de se jeter dans le vide..., dit-elle en mimant un frisson. Pire encore, on seraitcontraints de porter des polaires.Elle lance les catalogues sur le lit et étire ses bras délicieusement hâlés au-dessus de sa tête. Savoix est un peu rauque – souvenir d'une nuit trop courte.
-Et si nous allions plutôt faire une balnéo de luxe à Bali ? Allongés sur le sable... Des heures àse faire bichonner... De longues nuits de relaxation...
-Je ne peux pas passer des vacances comme ça. J'ai besoin de faire quelque chose.
-Te jeter d'un avion par exemple ?
-Avant de critiquer, il faut d'abord essayer.
-Sauf ton respect, je crois que je vais me contenter de critiquer, répond-elle avec une grimace.
Sa chemise colle légèrement à sa peau encore humide. Il se passe un peigne dans les cheveux touten allumant son téléphone, et grimace en voyant la liste des messages qui s'affichent.
-Il faut que j'y aille, dit-il.
Pour le petit déjeuner, fais comme chez toi.Il se penche sur le lit pour l'embrasser. Elle sent incroyablement bon – une odeur chaude etenvoûtante. Il respire le parfum de ses cheveux et perd le fil de ses pensées lorsqu'elle l'enlace pourl'attirer vers le lit.
-Ça tient toujours, notre escapade ce week-end ?Il se dégage de l'étreinte, à contrecœur.
-Ça dépend de cette négociation. Rien n'est encore joué pour l'instant. Il n'est pas exclu que jedoive aller à New York. Dans tous les cas, un petit dîner en tête à tête jeudi soir ? Tu choisis lerestaurant.
Il tend la main vers sa tenue de motard accrochée à la porte. Elle fronce les sourcils.
-Un dîner. Avec ou sans mister Blackberry ?
-Quoi ?
-Lorsqu'il est là, j'ai l'impression de tenir la chandelle, dit-elle avec une petite moue. C'estcomme si une tierce personne cherchait à capter ton attention.
-Je le mettrai en mode silencieux.
-Will Traynor ! réplique-t-elle d'un ton de reproche. Il doit bien y avoir des moments où tu esautorisé à l'éteindre.
-Je l'ai éteint la nuit dernière, non ?
-Uniquement sous la contrainte.
-C'est donc comme ça que ça s'appelle, maintenant ! dit-il avec un sourire.
Il enfile son pantalon en cuir. L'emprise de son imagination finit par se dissiper. Il pose sonblouson sur son épaule, lui envoie un baiser et s'en va.Vingt-deux messages s'affichent d'un coup sur son Blackberry. Le premier a été envoyé de NewYork à 3 h 42 du matin. Un problème juridique. L'ascenseur l'emporte vers le parking souterrainpendant qu'il découvre l'enchaînement des événements de la nuit.