Ush ROWTAG T1.5 : Magie courante.

Isotz Hautz (3)

Alors qu'il s'apprêtait à rentrer dans la maison, les vampires qu'il avait assigné à la surveillance de l'habitat courbèrent la tête en signe de respect.

- Nous ne vous attentions pas ici, Achtar, fit le premier.

- Pourtant, je suis ici depuis un petit quart d'heure maintenant, expliqua Hautz n'appréciant vraiment pas qu'aucun des deux hommes n'aient senti sa présence.

Les deux soldats se lancèrent un rapide coup d'œil.

- Monsieur, nous ne vous avons senti que maintenant, dit le deuxième vampire.

Les lèvres de Hautz se plissèrent un peu plus fort encore. Il avait choisi ces hommes parmi ses meilleurs guerriers. Qu'ils n'aient pas eu conscience de sa présence n'était pas seulement un problème, c'était une insulte pour son manoir. Il comptait leur expliquer que leur entrainement n'était pas censé être inutile jusqu'à ce qu'il remarquât que la porte de la maison était ouverte. Il tendit l'oreille, lança sa magie à travers la maison, et inspira un bon coup. Tout lui confirma ce qu'il lui avait coupé la parole. Il entendait les sabots du faon en train de monter l'escalier central, les pas du garçon qui le suivait, le bruit d'une porte qui s'ouvrait. Les respirations du jeune faon et du jeune vampire lui parvenaient. Sa magie ne se heurta qu'à la magie de la maison et du terrain de l'humaine et de deux magies inattendues dont il n'arrivait pas à reconnaitre la provenance. Ce n'était pas important. Il n'avait que ces informations-là.

Et rien d'autre. Il entra rapidement sans prendre garde à la décoration de l'intérieur ni au parfum de vanille qui l'imprégnait. Il ne sentait rien d'autre à part Max, Adeas, les deux vampires, la maison et lui. Ce n'était pas normal, pas si Ushma était chez elle en train de dormir. Il monta les escaliers, de plus en plus furieux. Lorsqu'il arriva finalement dans l'encadrement de la porte de la seule pièce ouverte, il prit le temps de regarder la décoration. Ushma Rowtag était une personne qui aimait les couleurs. Elle ne possédait qu'un miroir à pied rouge près de la fenêtre en face de la porte. Ses murs étaient deux à deux peint de rose pastelle et de vert d'eau. Le tapis qu'elle utilisait était bleu pâle et placé devant son lit. Les poutres du lit étaient recouvertes d'une mousse blanche. Le plaid orange qui l'entourait accentuait son teint noir. Dos à lui, il ne put voir son visage, mais il aurait dû voir un mouvement de respiration. Les deux garçons attendaient au pied du lit, les yeux pleins d'espoir. Il n'allait pas aimer ce qu'il s'apprêtait à faire mais parfois il fallait dire les choses telles qu'elles étaient.

- Les enfants, je suis désolé, mais madame Rowtag est morte.

- Non ! Crièrent les deux amis tandis que des portes de la maison claquèrent.

- Ce n'est pas possible monsieur, je vous assure. Pas Ush' !

- Ade' a raison Achtar, si elle était vraiment morte, elle sentirait la mort. Et en plus ni Ruben ni Kael serait parti au travail s'ils étaient en deuil. Le fait qu'elle ne bouge pas est bizarre. Qu'elle ne sente rien est bizarre. Elle devrait sentir quelque chose peu importe, mais je ne sens même pas l'odeur d'Ade'.

Arthur avait raison. Le garçon était observateur et savait ce qu'il devait regarder. Isotz avait été négligent. Il aurait très certainement remarqué ces détails dans d'autres circonstances. Mais. Mais il n'avait pas d'excuse. Il fallait qu'il se reprenne s'il voulait affronter ce qui risquait d'arriver dans ce monde si Ushma Rowtag y laissait la peau.

Il s'approcha de la jeune femme, ne faisant aucun bruit s'attendant à tout moment à la voir s'éveiller. Ce ne fut pas le cas. Il observa son visage. Sans expression, terne, sans vie. Ushma Rowtag était haute en couleur. Elle aurait dû bouger, ou même s'indigner de le sentir essayer de rentrer dans sa tête et pourtant elle n'eut aucune réaction. Il s'approcha, se penchant sur le corps fragile de la jeune femme. Son cœur, il ne l'entendit pas, sa voix, il ne l'entendit pas, sa respiration, il ne l'entendit pas. Il grinça des dents. Il s'apprêtait à se redresser lorsqu'il se rappela les deux autres magies qu'il avait touchées. L'une d'elles était là, dans la pièce en infime quantité et surtout près d'Ushma. S'il n'avait pas laissé libre court à sa magie, il n'aurait jamais compris. Il essaya de se rappeler la magie qui reposait dans la chambre mais elle était en trop petite quantité pour qu'il puisse l'identifier.