Il était une fois, un jeune homme appelé Nazrédine qui fut engagé par le Sultan de Shemiran pour remplacer un des jardiniers du palais,désormais trop vieux pour exercer son art. C'était un immense honneur pour le garçon, choisi parmi des centaines de démiurges à la main verte. Il fit ses adieux à son vieux père qui lui avait appris le métier, essuya les yeux de sa mère pleurant le départ de son fils et recueillit les larmes maternelles dans un flacon pour en humecter une dernière fois les algues des sables poussant derrière la maison familiale. Puis escorté par les soldats du Sultan, il s'en alla pour Shemiran, remplir son noble office.
Quand Nazrédine arriva au palais, un sentiment de joie intense germa dans son cœur, le gonflant comme un bourgeon prêt à éclore. Il se sentit transporté comme le grain de pollen dans la brise de printemps. Le splendide édifice de marbre renfermait des jardins luxuriants suspendus en un complexe système de terrasses donnant sur la façade pour la plupart. D'autres étaient dissimulés à l'intérieur des murs, dans des chambres secrètes ou des patios frais aux centaines de colonnes torsadées et de mosaïques colorées.En tout, cent un jardins aux trésors de senteurs, de couleurs et de fraîcheur faisant l'émerveillement du Royaume et des Territoires par-delà les frontières.
On affecta Nazrédine aux soins du cent-unième jardin. Tâche fort honorable et prestigieuse, car celui-ci était le plus cher au cœur du Sultan. Il se trouvait dans une cour carrée au centre de laquelle gazouillait une fontaine d'or. Et tout autour de ce point d'eau,épanouissant leurs pétales comme autant d'étoiles de nacre, les roses préférées du Sultan.
La première fois qu'il mit le pied dans cette enceinte parfumée,l'odeur des fleurs suffoqua Nazrédine. Il dut se retenir à une sculpture flanquant l'entrée pour ne pas tomber. Ses yeux s'emplirent de larmes devant tant de beauté délicate et son cœur battit si fort qu'il n'entendit plus rien d'autre que son rythme frénétique et son système sanguin rugissant comme une cataracte.
Il se remit bien vite, se morigénant de sa faiblesse et de sa trop grande émotivité. Et pour faire amende honorable, il se mit aussitôt au travail. Il soigna les fleurs adorables, traqua les pucerons avec une pince minuscule, humecta d'un nuage de gouttelettes légères les pétales soyeux si délicatement veinés,lima les épines et ramassa avec déférence les roses tombées sur l'allée de graviers blancs.
Il mit tant de cœur à l'ouvrage que la beauté de ses protégées s'en trouva décuplée. Partout à travers le Royaume et les Territoires par-delà les frontières, la renommée de ce jardin aiguisa le désir de contempler ces merveilles florales. Quelques heureux visiteurs confirmèrent combien la réputation des roses du Sultan n'était pas usurpée. Le souverain, comblé, récompensa richement Nazrédine et ne voulut nul autre que lui pour prendre soin de ses roses adorées.
Loin de remplir le jardinier de bonheur, cette promotion le rendit encore plus soucieux. En effet, si ses tâches minutieuses l'avaient détourné durant un certain temps de son trouble, il s'avéra que le résultat fut d'une telle perfection que les symptômes étranges qui l'avaient saisi dès le premier jour empirèrent. Il ne comprenait pas quelle était cette singulière maladie qui échauffait son sang, faisait trembler ses mains et, pire encore, durcissait son sexe de façon incontrôlable. Lui qui toujours avait tourné le dos à l'appel de la chair, lui qui jamais n'avait éprouvé de désir en regardant même la plus belle des femmes, voilà qu'il découvrait pour la première fois les affres d'une montée libidinale devant ces fleurs soyeuses qui lui ouvraient la moiteur de leur intimité dans un doux abandon. Un jour qu'il les abreuvait de l'eau la plus pure, il se surprit à tenir son pénis durci avec la main qui ne tenait pas l'arrosoir. Une autre fois, il s'attarda à caresser les pétales d'un doigt enjôleur, s'enfonçant de plus en plus loin dans les replis de la fleur avant d'arrêter son geste, rouge et confus. Puis une nuit, un rêve vivace mêlant le parfum suave des roses et une délicieuse friction de soie sur son gland gonflé le réveilla pantelant, un liquide laiteux perlant de son méat achevant de s'étaler sur les draps.
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Le jardinier du Sultan
ParanormalIl était une fois, un jeune jardinier victime d'une poussée de sève, et dont l'amour des roses prit une tournure périlleuse. Nouvelle tirée du recueil les Contes Roses, chez les Artistes Fous. http://www.lesartistesfous.com/les-editions-des-artistes...