Prologue : L'aventurier

38 8 2
                                    

Tout commença dans le petit bar d'un petit village encastré dans une falaise, un peu comme une grande partie des villes de Zustrom. Mais concentrons nous sur cette taverne malfamée dans le village de Dinin. Comme à son habitude, il regorgeait d'hommes aux intentions peu charitables. Il n'y avait pas grand lieux à l'abris des regards dans ce coin là, à part ce bar. On y trouvait informations, alcool et différents autres...services.

C'est en quête de l'une de ces trois choses qu'un homme y entra. Le premier détail que j'eus remarqué était sa coiffure. Ses longs cheveux blonds tombaient sur son long manteau encore plein de poussière et de sable. II n'avait pas l'air du coin. Aucun homme ici ne laissait autant pousser ses mèches. Il avança d'un pas tranquille jusqu'au comptoir, bien qu'il ait déjà réussi à attirer l'attention des gens du bar. Et pas qu'à cause de sa crinière. Son air innocent jouait aussi. Montrer un insecte paraissant sans défense à un oiseau, ça attire forcément les prédateurs.

«-Une pinte de votre plus belle boisson ! lançait-il en tapant sur le comptoir à travers son gant grisâtre aussi usé que son manteau, afin d'attirer l'attention du barman qu'il avait pourtant déjà entièrement.

-Ça arrive. Grogna le responsable aux bras plus velus que sa tête. »

Le blond se laissa tomber sur un vieux tabouret en bois, sans avoir peur de salir davantage son simple pantalon noir. De toute façon il avait déjà prit une teinte plus couleur sable. La chaise se mit à grincer à cet instant, puis à craquer. La seconde d'après l'inconnu était étalé au sol, les yeux ouverts par la surprise. Il ne l'avait pas cassé à cause de son poids. Il n'était pas bien gros et n'avait pas vraiment l'air costaud. Ce fut la vieillesse qui eut raison de ce bout de bois poussiéreux. Plus que surpris et gêné, le blond essaya de rattraper sa bêtise en le reconstruisant, sans réussite évidement. 

« -J-je suis désolé ! Je vais vous le repayer !

-Y a plutôt intérêt. Continuait sèchement le gaillard du comptoir.

-Combien est ce que je vous dois ?

-2512 or.

-Quoi ?! Pour une chaise ? Mais vous êtes malade ! Elle valait à peine 15 or !»

Pendant cette confrontation qui n'allait pas tarder à tourner au vinaigre au vu de la nouvelle ambiance qui s'est installée , des grimaces sur les visages de la taverne et du bâton de fer entre les mains du barman, je me décidai à intervenir pour éviter le drame. Enfin, tout dépend du point de vu pour appeler ça un drame.

Une bouteille d'alcool s'envola à l'autre bout de cette sale brasserie pour s'éclater sur le crâne d'un alcoolique, sans surprise, ivre. L'agressé se retourna en lançant un sauvage

«-C'est toi qui m'as fait ça, 'culé ! Hic !»

Il se jeta alors sur la personne qui se trouvait malencontreusement derrière lui, et de fil en aiguille s'en suivit une bagarre avec la totalité des personnes présentes, à part moi et le nouveau venu. Il avait filé se mettre à couvert sous une table aussi moisie que la dernière chaise qu'il avait touchée. 

Je m'approchai tranquillement vers lui , les mains le long du corps. Je me souviens que ce jour-là j'avais une simple veste violette assez longue avec de la fourrure au niveau des épaules , et se scindant en deux hélices sous mon bassin , sur un petit haut couvrant uniquement ma poitrine. J'avais ainsi le ventre nu. Je n'aimais pas vraiment aller habillée comme ça dans un endroit aussi mal famé mais me changer uniquement pour des hommes serait capituler de la cause féministe , ce que je m'interdisais. A part ça j'avais aussi un petit short violet. Mes belles bottes montaient jusqu'à mes cuisses et tapaient contre le parquet délabré jusqu'à lui. J'eus attiré l'attention de certains de ces gougeats, repoussés par quelques coups de pieds bien placés. Avec mes bottes, je peux vous dire qu'ils les avaient bien senti. 

Accroupie à côté de sa table, je l'interpellai alors qu'il était à quatre pattes contre le mur, d'une voix plutôt neutre. 

«-À moins que vous souhaitiez finir comme la chaise, je vous propose de m'accompagner.

Sans aucun semblant d'hésitation, il hocha de la tête en répondant.

-J'vous suis !»

Il se faufila donc pour sortir de sa cachette et m'accompagna pour quitter la grande buvette.

 Rapidement nous disparaissions dans les rues de pierres pour échapper à une possible traque. Les rues n'étaient pas bien remplies, il fallait s'éloigner par des chemins difficiles à anticiper dans une course poursuite. Il avait commis une sacré pagaille là-bas tout de même. Il valait mieux être prudent. Sur le chemin, je me décidai à en apprendre un peu plus sur ce mystérieux étranger, ça titillait ma curiosité.

«-Puis-je vous demander qui vous êtes ? Vous n'avez pas l'air du coin.

-Vous avez l'œil ! s'exclamait-il dans un rire, pourtant n'importe qui à Dinin pouvait le remarquer... Je viens de loin , je suis un voyageur ! Enfin, plus un aventurier ! Bref, je m'appelle Coalveil Primost, mais appelez moi Coal ! 

-Oh , ça explique des choses. Et pour quelles raisons un aventurier s'aventure ici ? demandais-je plutôt curieuse, il n'y avait pas grand chose là-bas, à ma connaissance du moins.

-J'ai entendu des rumeurs d'où je viens. Répondait Coal en fouillant dans sa mémoire pour retrouver les termes exacts. "Au berceau de la terre, au cœur de l'enfer , sommeille un trésor qui fera frémir la pierre" ! 

-Et qui vous a parlé d'une telle légende ? Ça ne me dit absolument rien.

-Un sans abris ! Il entend beaucoup de gens parler dans les rues alors j'y crois !

-Je vois... Répondais-je un peu perturbée par tant de naïveté , mais en même temps son innocence me faisait sourire.

-Mais n'avez vous pas peur des sorcières ?

-Des sorcières ? m'interrogeait-il tel un enfant qui découvrait un nouveau mot.

-Oui , les sorcières, comme dans "La grande chasse aux sorcières de Zustrom". Ça ne vous dit absolument rien ?»

En guise de réponse il secoua la tête, en se hâtant pour me dépasser. Il marchait devant moi , en arrière, pour mieux me parler.

«-Qu'est ce que c'est ?

-Avant, je souhaite vous proposer quelque chose. Vous n'avez pas d'endroit pour dormir , n'est-ce pas ?

-C'est vrai...

-Je vous prêterais un lit chez moi pour ce soir, je répondrais à vos questions et vous aiderais à trouver ce fameux trésor. En contre partie , vous me laisserez l'étudier.»

Coal s'arrêta, assez dubitatif, son regard était fixé sur moi. Il joignit ses mains , ses cinq doigts étaient tous contre leurs opposés.

«-Je suis clairement gagnant, mais pourquoi me proposez vous ça ?

-"Un trésor qui fera frémir la pierre", c'est bien ce que vous avez dis ? sur ces mots je m'étais arrêtée et fixais un petit caillou au sol , puis j'agrippai fortement les murs en granit du couloir dans lequel nous étions.

-Oui c'est ça. Mais pourquoi vous vous te-»

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il se trouva une fois de plus au sol , avec lequel il devait développer une relation bien intime vu toutes les fois où il se jetait dessus. Une secousse faisait trembler tout le village. D'autres passants tombaient. Des tonneaux roulaient jusqu'à des fenêtres qu'ils brisaient. Tout ce petit chahut dura quelques minutes , qui paraissaient pourtant bien plus longues pour le blond au sol. Il s'en sortit sans grand dommage , par chance. Je reprenais la parole une fois ce petit spectacle terminé , avec un sourire malicieux sur le visage.

«-Par ce que la pierre frémit beaucoup depuis ces derniers jours.»

La Sorcière PandoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant