Quelques fleurs aux pétales jaunis, un lila blanc, l'ombre d'un eucalyptus, le bruissement du vent, un rire, un murmure.
Le parfum d'un mot, l'odeur de la pluie, le regard d'un autre.
Toucher, ce que d'ici je peux sentir sans pouvoir l'obtenir.
La solitude.
Vide et croissante comme une lune dans sa beauté nocturne qui dans les jours passants m'offre ce temps en pâture.
Comment aurais-je pu deviner ce manque ?
Autant qu'il me ravage m'oblige à l'accepter et m'éloigne de la raison qui m'en a fait offrande. J'aimais cette pudeur, ce silence apaisant tel un supplice délicieux laissant à ma chair la faveur de son règne.
Le bruit n'était que l'empreinte d'un monde auquel je refusais d'accéder, campé dans la profondeur de mes pensées et perdu dans mon âme.
J'excellais dans le mutisme, orientant mes regards vers d'autres horizons que ceux déjà vus cent fois, fuyant ces millénaires étendus derrière moi, sacrifiés par l'intelligence humaine.
La solitude.
Longtemps je l'ai connu, j'en avais fait mon fardeau, ma croix, un symbole. Seul de n'être rien pour être un tout unique, étranger à moi-même.
Qu'elle est pesante à présent, mon obligée. Car si je ne la désire pas plus qu'elle m'ignore, elle n'en est pas moins envahissante. M'étreignant par sa force invisible, je ne détourne les yeux que pour y voir le vide qu'elle me procure.
Dans un monde mené au chaos, quand il ne reste rien que l'absence des autres, le dernier qui subsiste comprends enfin l'importance de vivre.
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Seul sous les étoiles
RandomSi la solitude peut être d'un grand confort, garde-toi cependant d'y rechercher le moindre réconfort. - Romain Guilleaumes- Le Bûcher des Illusions.