MY SOULMATE (Terminée)

Chapitre 10:

MATTHIEU ADAM

   J'ai passé tout le week-end chez les Bayle, malgré que Laurie devait être muette. Je trouve qu'elle a réussi à s'amuser, pas qu'elle d'ailleurs. Moi et même ses frères, c'était le genre une soirée, mais en week-end, qu'entre nous.

   J'aperçois clairement l'amour profond et authentique qui les unit. Malgré le fait d'avoir traversé des épreuves difficiles, ils dégagent toujours une joie de vivre, particulièrement Brad, semblable à celle d'un enfant en primaire qui ignore encore les complexités de la vie.

   Même si, au fond, il en a bien conscience, Laurie m'a demandé si j'étais occupé. Il y aura certainement son jumeau, mais Alex sera encore au travail.

   Elle a complètement fait abstraction des multiples tentatives de contact de la part de Mary pendant tout le weekend.

   Mercredi est vite arrivé.

   — On est là, Laurie ! Elle est sur le canapé, en train d'écrire sur son téléphone. À qui tu écris ? Brad se penche pour voir ses messages, et elle les cache aussitôt. Il rit et se dirige vers la cuisine pour ranger les courses qu'on a faites avant de venir.

   — Alors, prête à reprendre les cours la semaine prochaine ? formulé-je en m'affalant à ses côtés.

   Elle fronce les sourcils, manifestant son scepticisme et sa crainte à propos de sa cicatrice, que Brad m'a confirmée et que j'ai aussi pu observer à travers ses gestes.

   Mais en réalité, je trouve que sa cicatrice montre à quel point elle est forte. Elle ne fait que la rendre encore plus belle.

   Elle et son vécu... il n'y a rien de honteux à porter une marque sur le corps. Je m'amuse tout seul, surpris par mes pensées. C'est fou, je réalise que, contrairement à l'année dernière, j'arrive à voir les choses sous un angle plus positif.

   — Pourquoi tu rigoles tout seul comme un débile ? lance Brad.

   — Pour rien, je me suis fait une réflexion sur moi-même.

   — Tu ne veux pas nous la partager ? il s'affale à son tour sur le fauteuil, de biais par rapport à nous.

   — Par rapport à il y a un an, Brad.

   — Toi, d'il y a un an ?

   Je hoche la tête. Je sais que Laurie ne comprend pas ce que je veux dire, mais je ne peux pas lui dévoiler les détails de cette période. Pas maintenant, on ne se connaît que depuis peu. Surtout vu comment j'ai vécu ça, c'est encore trop tôt. Son frère la regarde, et je ne peux m'empêcher de faire de même.

   Elle me fixe calmement, le portable verrouillé dans ses mains. Je sais alors qu'elle aimerait comprendre, mais qu'elle me connaît assez pour savoir que ça viendra de moi, quand je serai prêt.

   La conversation s'interrompt soudainement lorsqu'un bruit de sonnette retentit. Brad se lève immédiatement pour vérifier qui est à la porte. Elle s'ouvre.

   Il ne dit pas un mot, ce qui est inhabituel pour lui, le grand bavard.

   — Qu'est-ce que... tu fais là ? bégaie mon frère en apercevant Mary.

LAURIE BAYLE

   Soudain, ma tension artérielle monte en flèche. Ce visage, ces cheveux... je ne les ai pas vus depuis mon admission à l'hôpital, et cela me ramène instantanément à cette journée.

   — Laurie... Mary s'approche.

   Je n'ai plus la force de la regarder. À chaque fois que je la vois, j'ai l'impression de voir sa sœur. Ça me fait croire, du fond du cœur, qu'elle ne me parle que pour mon frère, et non pour moi. Elle ressent manifestement quelque chose pour Alex, ce qui est tout à fait normal, mais elle ne semble pas prête à se battre pour notre amitié. Et ça me désole profondément.