𝕀𝕕𝕠𝕝𝕖 T2 [𝕐𝕦𝕘𝕓𝕒𝕞]

Vingt

Le temps qui passait procurait à la fois bonheur et peur. Il passait à la fois si vite et si lentement.

Il se souvenait comme si c'était hier de la compétition de danse de Namyangju, à laquelle il avait rencontrer pour la première fois le thaïlandais.

Quelques années plus tard, une membre de l'agence était venue le voir pour lui proposer un contrat.

Quelques mois plus tard, il se retrouvait à faire le tour du monde avec l'homme qu'il avait pendant si longtemps admiré.

Il avait appris à le connaître, en tant que personne, en tant qu'homme. Puis, celui-ci s'était déclaré.

Aujourd'hui, Yugyeom avait un travail stable, qui rapportait plutôt bien, il était en couple avec Bambam et tous deux s'apprêtaient à faire le tour des États Unis avec d'autres artistes incroyables.

Tout était allé si vite qu'il craignait oublier certains détails.

Les cliquetis de la porte parvinrent à ses oreilles, suivit de jurons poussés par Bambam, se prenant surement encore les pieds dans les nombreux cartons, jonchant le sol de leur nouvel appartement. Sans plus attendre, il vint rejoindre le plus jeune allongé sur le grand lit de leur chambre, son téléphone à la main.

– Qu'est-ce-que tu fais ? Fit-il en se penchant pour mieux voir l'écran.

– Je regarde une interview. Ça va ?

Le thaïlandais hocha faiblement la tête, avant d'écarquillé les yeux à la vue de sa tête sur le smartphone de son cadet. En effet, ce dernier ne visionnait pas n'importe quelle vidéo, mais la sienne. Un maigre sourire s'étira sur les lèvres de l'aîné.

– Je me suis toujours demandé pourquoi j'étais ton idole, dit-il en passant ses doigts dans la chevelure brune de Yugyeom.

Celui-ci verrouilla l'appareil et le laissa tomber mollement sur le matelas.

- Tu l'es toujours. Mais au delà de la relation fan/idol.

L'étranger haussa les sourcils, son copain ayant d'autant plus attiré sa curiosité.

– La première que je t'ai vu, c'était peu après tes débuts en tant que mannequin, quand les photos d'un tes photoshoots sont sorties. Et, c'est la que la machine s'est mise en route. A travers ces photos, ce n'est pas juste ta beauté que j'ai vu. 

Il prit une grande inspiration. 

– D-derrière il y avait un homme, incroyable, fier, brave...je pourrais mettre une tonne d'adjectif derrière, mais ça ne sera jamais assez pour décrire ce que j'ai ressentit et ce que je ressens toujours.

Sa voix vacillait par ci et par là. Il se retenait.

Il prit une grande inspiration avant de poursuivre.

– Je voulais en savoir plus. Qui était cette personne qui avait remué chaque cellule de mon corps. J'ai acheté certains magazines dans lesquels tu apparaissais. J'ai regardé tes interview. En boucle. Tes lives. Tes postes. Tout. Je me trouvais vraiment cringe et je me dégoûtais au début de fouiné de la sorte, de bien trop connaîtra ta vie pour quelqu'un qui ne te connais même pas.

Sa voix avait craqué sur la fin. Une première larme coula sur sa joue.

– Puis tu t'es mis à la musique. Bordel tu peux pas savoir à quel point j'étais content. Tu faisais les feat' des musiques de tes potes et quand t'as sortie ton premier single j'étais aux anges. J'ai pleuré de joie.

Il s'était relevé, l'air lui manquant. Les caresses rassurantes dans ses cheveux continuaient, l'incitant à continuer.

– Le peu d'amis que j'avais à l'époque me jugeaient. Ils me jugeaient tellement par rapport à toi, et à l'admiration que je te portais. Et moi je me dégoûtais. Mes parents étaient en pleine instance de divorce et je venais de rencontrer la nouvelle compagne de mon père. Elle me détestait et moi aussi. J'ai été forcé de les suivre à Séoul, quitter ma mère, mon école et mon crew de danse. J'avais besoin de me raccrocher à quelques choses. J'étais en train de tout perdre. 

Il avait bruyamment éclaté en sanglot pendant son monologue. Il avait craqué. Se souvenir de tout cela était tellement douloureux. Bambam l'avait prit dans ses bras, l'air peiné. Le voir le visage inondé de larmes lui brisait le cœur.

 – Je t'aimais. Je t'aimais tellement. Mais ce n'était pas comme l'amour que je te porte aujourd'hui. Je pensais que c'était malsain, alors qu'en soit, je t'aimais comme un artiste que j'admirais beaucoup. Les gens voulaient me faire penser que c'était malsain. J'aimais juste la personne que tu étais, j'aimais la musique que tu faisais. J'admirais la personne que tu étais et la musique que tu faisais.

Ses mains désespérément s'accrochèrent au haut du son aîné.

– J'étais prêt à tout abandonné et tu m'as aidé à ne pas laisser tomber. Tu m'as aidé à continuer à faire de la danse. C'était la seule chose que j'aimais encore. Tout ça c'est grâce à toi.

Ses pleures étaient bruyantes, déchirantes. Elle témoignait de ce qui se passait en en moment même dans son cœur. 

- Shhh, je suis là maintenant, chuchota le thaïlandais au creux de son oreille.

Ce genre de paroles, il les avait déjà entendu, plus d'une fois. Certains de ces fans lui disait que c'était grâce à lui qu'ils n'avaient pas laissé tomber leur rêve, qu'ils avaient continué à vivre la tête haute, et autres. Ces paroles, il ne les avait jamais autant comprise qu'aujourd'hui. 

Il avait envie de pleurer. Jamais il n'aurait pensé que son copain avait vécu sa présence dans sa vie de cette manière. Jamais il avait pensé cela si douloureux.

- Tu n'es pas répugnant Gyeom-ah, au contraire,  tu peux être fier de toi d'avoir porté un poids si lourd. Tu as le droit d'aimer et d'admirer qui te le souhaite et personne n'a le droit de te dire le contraire ou bien même te juger. Et surtout, merci de ne pas avoir laissé tomber.