Je n'avais pas pu dire au revoir à ma famille au complet. Les deux vigiles étaient venus me chercher à 7h00, un matin, deux jours après que j'ai reçu ma lettre d'admission au concours.
Mes parents n'étaient pas très réveillés, et je pense qu'ils n'ont pas saisis tout de suite que je m'en allais.
Mais le temps qu'ils comprennent, j'étais déjà en voiture, et roulais à toute vitesse vers le lieu du concours.
Les deux gars étaient aussi bavards qu'une brique, et j'avais du me faire moi même la conversation pour ne pas mourir d'ennui pendant les deux heures que durait le voyage.
Finalement, après deux arrêts, pendant lesquels les deux hommes étaient sortis se prendre un café, nous étions arrivés dans un grand terrain vague, loin de toute civilisation.
En fait, j'aurais bien pris un café, moi aussi. J'étais fatigué, mais heureusement que le stress était là aussi, sinon, je me serais endormi dans la voiture, et les gens auraient eu une belle image de moi ! Les deux vigiles m'avaient aidé à porter mes affaires jusqu'au hall du bâtiment, après quoi ils m'avaient laissé seul, paumé dans cette énorme bâtisse toute en verre, avec pour seule aide une pauvre carte où était écrit mon nom et mon numéro de chambre. Je traverse le hall, et mes pas résonnent, faisant se retourner quelques personnes qui se parlaient très bas, comme si elles craignaient que quelqu'un les punissent pour parler trop fort.
Sûrement des participants, je pense en les regardant du coin de l'œil tandis que je m'avance vers le guichet d'accueil. La femme me regarde à travers ses longs faux-cils verts, et me demande d'une voix de corneille enrouée :
- Nom, prénom, âge, lettre d'admission, s'il vous plaît...
Je toussote:
- Hum... Loweran, Léo. 17ans. Je tends ma lettre d'admission que j'avais pris soin de mettre dans la poche de mon pantalon avant de partir, et elle l'attrape pour le lire rapidement, et le tamponner.
- Chambre 447, Mr Loweran, bâtiment 3, couloir B12. Ne vous perdez pas en chemin, Mr Loweran, les vigiles n'aiment pas avoir à jouer à cache-cache avec ceux qui s'égarent dans les couloirs.
Je déglutis. Haha, mais qu'elle est drôle cette concierge ! Quoi qu'il en soit, je prends le chemin indiqué et monte les escaliers qui mènent au bâtiment 3. Il y a beaucoup trop de couloirs, d'escaliers, de portes pour moi, qui suis une quille en orientation, et à mon grand désespoir, me perdre ne fût pas compliqué.
Paniqué à l'idée de tourner en rond et de ne jamais retrouver mon chemin, et donc d'admettre que la concierge n'avait pas tort, je me mets à courir dans le long couloir, mes bagages à la main qui commencent à se faire lourds.
Je tourne à gauche à un nouveau carrefour, quand un bras m'attrape par le sac, et me tire dans une pièce sombre avant de refermer la porte. Je me tourne dans tous les sens, cherchant qui me tient , essoufflé par mes efforts et ma course à travers les couloirs. J'entends des murmures, et ne peux m'empêcher d'imaginer qu'ils sont plusieurs à vouloir ma peau.
Sois intelligent, Léo ! je me raisonne. Tu viens d'arriver, qui pourrait te vouloir du mal ?
La lumière s'allume enfin, et par la même occasion, la personne qui me tenait à une bonne vingtaine de centimètres du sol me lâche, et surpris d'être autant élevé par rapport au sol, je tombe par terre avec un couinement ridicule.
- Ça n'a pas l'air d'être un dur ! ricane une fille brune assise à califourchon sur une chaise, au fond de la pièce, qui était en fait une chambre.
Un gigantesque black se penche sur moi, et me sourit de toutes ses dents étincelantes, avant de me souhaiter la bienvenue avec un fort accent.
Une deuxième fille attrape ma carte de chambre que je tenais dans la main, et se recule pour la lire:
- Léo Loweran, 17 ans, chambre 447. T'y es, mon gars ! T'avais raison, Assou, c'était bien notre petite souris !
Je sens que ce surnom va rester... je murmure en râlant.
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La boîte
General FictionJe pensais que c'était une sorte de concours. Jamais je n'aurais cru que ça allait se passer comme ça. Je ne connais personne. Et personne ne me connait. De toutes façons, qu'est-ce que cela peut faire ?! A la fin, il n'y aura plus personne.