The Shadow Box

- Prologue -

ADELINE

Je marche d'un pas déterminé vers le lycée, mon bonnet enfoncée sur ma tête, la musique résonne dans mes oreilles. La fraîcheur du mois de novembre rosie légèrement mes joues.

Une journée de plus dans ce lycée. Plus que 128 jours. Je compte indéfiniment les jours qui me séparent de la liberté, qui me sépare du jour où je n'aurais plus à mettre les pieds dans ce lycée, ou j'irais étudier ce que je veux et ce qui m'intéresse. Je soupire, plus que 128 jours.

J'arrive enfin devant le lycée, je m'assois sur un banc, non loin. La musique bats plus fort dans mes oreilles. Je ferme les yeux, le soleil du matin me réchauffe tout le corps.
Une journée plutôt calme. Je lève les yeux, derrière moi se trouve un arbre, et au-dessus de ma tête, les feuilles orangées sont splendides.

Au loin, je remarque un garçon, seul assis les jambes croisées, un livre à la main. Ce n'est pas la première fois que je le vois il est dans mon cours de littérature. Il traîne souvent seul j'ai remarqué. Je me demande s'il a beaucoup d'ami. Ça n'en a pas vraiment l'air. Intéressant.

Sans avoir pris le temps de réfléchir à ce que je vais lui dire ou ce que je vais faire, je me dirige vers lui.

A environ deux mètres, je m'arrête et reste planté-là ne sachant pas quoi dire.
Pourquoi je suis ici ? Je ne sais pas.
Qu'est-ce que je veux ? Aucune idée; lui parler ? Peut-être.

Il ne remarque même pas ma présence. Tellement absorbé par son livre. Je décide de le suivre et m'assois sortant un bouquin de mon sac. Au moment où je m'assois, il daigne enfin me regarder.

"Salut, lui dis-je avec un sourire gêné. Je voulais juste m'asseoir pour lire. Ça ne te dérange pas ? On n'est pas obligé de parler ou quoi... Désolée.

-Eu Salut, répondit-il déconcerté. Non c'est bon tu peux rester."

Je lui souris et il fait de même. Oh mon dieu son sourire est vraiment craquant. Il replonge dans son bouquin et je commence alors ma lecture. Malgré moi je lui jette quelques coups d'œil. Il est plutôt mignon. Les rayons du soleil illumine son visage et font ressortir c'est yeux verts ainsi que ses cheveux noirs qui lui tombe légèrement devant ses yeux. Il porte des converses blanches, un vieux jean bleu, et un t-shirt manches courtes noir ou apparaît le nom d'un groupe de rock : Queen, par-dessus un, manches longues.

Il relève les yeux et croise mon regard. Je m'empresse de me replonger dans ma lecture, gênée mes joues s'empourprent. Je relève les yeux et il me fixe en souriant.

Il doit penser que je suis folle. Bravo Adeline toi qui voulait paraître normal c'est raté.

"C'est quoi ton nom ? Demande-t-il.
Déconcertée je le regarde et marmonne :
-Adeline Backers et toi ?
-Will."
Personne ne parle pendant quelques secondes jusqu'à ce qu'il reprenne la parole :
" Enchanté de faire ta connaissance Adeline Backers."

Au même moment la sonnerie du lycée retentit. Je ferme mon livre le range dans mon sac et me lève.

"Moi aussi. Lui dis-je en me dirigeant vers l'entrée du lycée."

Mon premier cours et celui de littérature. Mon professeur, Mme. Laval, nous distribue des textes, tout en nous disant :
"Bonjour, vous pouvez vous asseoir. Je vous ai distribué devant vous des textes, vous formerez des binômes avec celui ou celle qui a le même texte que vous."

Un brouhaha se fait entendre mais mon professeur continue

"Vous devrez me faire un exposé en me présentant l'auteur,l'oeuvre et l'enjeu des sujets abordés. Vous pouvez également parler de vos ressentis et de votre opinion sur ce texte. Bien évidement ce travail sera à faire en duo et je vous laisse deux semaines avant que chacun de vous ne passe a l'oral."

Ma gorge se noue a l'idée d'être avec quelqu'un d'autre.
Et encore plus à l'idée de devoir passer à l'oral devant toute la classe.

Tous le monde se lève et se met à chercher son partenaire. Pétrifié, j'attends essayant de reprendre ma respiration, et au bout de quelques minutes, la foule d'élèves se disperse et il ne reste plus personne. Je me retrouve seul ?

"Madame, vous ne m'avais pas donné de..."

La porte s'ouvre d'un seul coup et Will rentre d'un pas précité.

"Bonjour madame, excusez-moi de mon retard.

-Pas de problème, tu vas te mettre avec Adeline elle va t'expliquer le travail."

Il reste figé sur place quelques instants puis se ressaisit. Il s'approche de moi et s'assied. Il me regarde avec insistance.
Il manquait plus que ça !

"Sacré coïncidence, dit-il."

Je le regarde et souris, malgré l'angoisse que je ressens de travailler avec lui, c'est vrai que c'est une drôle de coïncidence. Je lui explique donc le travail que nous allons devoir effectuer.

Il n'a pas arrêté de me dévisager, avec un sourire niais collé sur son visage. Ça me perturbe beaucoup. C'est avec peine que je lis le texte à voix haute.

Poème la vie, de Jules Verne.

«Le passé n'est pas, mais il peut se peindre,
Et dans un vivant souvenir se voir ;
L'avenir n'est pas, mais il peut se feindre
Sous les traits brillants d'un crédule espoir !
Le présent seul est, mais soudain s'élance
Semblable à l'éclair, au sein du néant !
Ainsi l'existence est exactement
Un espoir, un point, une souvenance !»

"J'aime beaucoup ce texte, dis-je dans un murmure presque inaudible.

-Waouh Jule Verne est un auteur incroyable, souffle-t-il."

Nous restons quelques secondes sans rien dire.

"Tu penses quoi de ce texte ? Dit-il.

-Je trouve qu'il reflète totalement la réalité, enfin c'est vrai le thème principal c'est totalement de vivre, vivre pour sois en avançant."

Un peu comme ma vie actuelle, vivre pour sois.

"Pour moi le thème de ce poème c'est de ne pas perdre espoir."

Un long silence durant lequel nous réfléchissons, s'installa.
Je soupire.

La panique me prend, ma respiration s'accélère, je ne peux pas rester là. Il faut que je sorte d'ici.

Je me lèvre, range mes affaires et sort sans me soucier de ma professeur et Will qui m'appellent.

Une fois dehors, j'inspire une grande bouffée d'air frais.

C'est sûr mes parents vont me faire la peau.

J'entends des pas, derrière moi. Je n'ai pas besoin de me retourner je suis sûr qu'il s'agit de Will.
Sa voix me le confirme:

"Hey, qu'est ce qui ne va pas ? Dit-il d'une voix douce."

Je me retourne face à lui. Les larmes me montent aux yeux et je suis à deux doigts de pleurer mais je ne le fais pas.

"Oui je vais bien, ça va super. J'aimerais juste que tu me laisse.
S'il te plaît."

Je dis cela d'un ton dur et plus méchant que je ne l'aurais voulu, mais je ne veux pas qu'il pense qu'il peut percer mes secrets après seulement une seule rencontre.

Je le regarde, droit dans les yeux, il ne semble pas énervé, juste un peu déçu et surpris. Contre toute attente il rompt notre contact visuel pour chercher quelque chose dans son sac. Il en sort un stylo et un papier où il se met à écrire.

Il me le tends et je peux y lire son numéro de téléphone avec marqué «Will alias William lecteur incorrigible. »

Il me regarde et je ne peux m'empêcher de sourire. Il se tourne et repart en direction de notre salle de cours.