La soirée s'était achevée sans plus d'incident. Pepper avait réussi à retoucher son maquillage et avait pu terminer la soirée à se battre avec un Jimmy franchement rigolard. Et puis l'alcool évacua lentement mon système nerveux laissant les souvenirs infuser ma compréhension. L'horreur commençait à apparaître lentement sur mon visage et je sentis qu'il était temps de quitter les lieux. Je saluais tranquillement Papy et le boss et je regardais longtemps Jimmy sans parvenir à comprendre d'où venait mon malaise. Je fis un signe à Pepper qui me répondit avec un clin d'œil et je rentrais directement dans mon petit appartement.
Sur le chemin, je fus hélé et je me retournais instinctivement. Il s'agissait d'un des gars du groupe de mon crétin de frère. Je me préparais déjà à en découdre lorsqu'il leva les mains autour de sa tête en signe de paix.
- Oh ! Du calme ! C'était juste pour te dire que je suis désolé, je n'ai pas réussi à le calmer. Je voulais te dire aussi que je les plaque. Je ne veux pas de ça dans ma vie. T'as raison en fait. Ce sont tous de beaux enculés ... Sans vouloir te vexer. On se reverra peut-être un jour.
Et il se retourna et la rue avala doucement sa silhouette me laissant un peu bête. Je me repris et rentrais doucement dans mon cocon. Il y avait eu trop d'émotions. Je me couchais doucement dans mon divan et me blottit dans les couvertures tout en sentant les larmes couler doucement sur ma joue. Le silence d'une douleur pouvait être si bruyant. Combien de temps restais-je là dans ma torpeur ? Une heure ou trois minutes ? Je sentis si puissamment la main chaude qui se posa doucement sur mes cheveux que j'ouvrais les yeux pour tomber dans le regard vert de Pepper. Ce regard si intense et rempli d'une bonté qu'elle ne voulait pas montrer.
Pepper s'éloigna et j'entendis les bruits familiers qui feraient renaître Max. Combien de temps ? Aucune importance, mon regard se perdait à travers de la vitre en observant les lumières de la ville scintiller. Max me rejoignit sur le divan et s'assit délicatement. C'était trop. Je le tirais à moi et il me prit doucement dans ses bras chaleureux et la tristesse s'évacua lentement. Elle coula hors de moi, mes larmes toujours silencieuses. J'étais pour la première fois au contact de Max. Un contact que nous n'avions jamais eu. Nous étions fondus l'un dans l'autre. Ce sentiment d'être pour de bon à l'abri. Et Max qui me chuchotait que tout irait bien maintenant, qu'il ne nous restait qu'à être heureux, que j'avais été formidable et je sentis une goutte tomber sur ma propre joue. Lorsque je levais les yeux, Max pleurait. Il pleurait pour la première fois devant moi. Il pleurait en silence comme je le faisais. Alors j'inversais les rôles. Ce fut moi qui commençais à protéger mon grand roux et je sentis lorsque son propre barrage céda. Et je lui chuchotais à mon tour que tout irait bien, que personne ne lui ferait de mal, que je ne les laisserais pas faire et qu'il était beau et bon et doux et formidable. Et nous pleurions doucement, intégrant doucement la violence de la soirée et nous purgeant de ce que nous ne voulions plus vivre. La fatigue de la douleur et de la soirée accompagnée des restes d'alcool finit par nous terrasser. Le sommeil gagna. Une victoire par KO. Et c'est enlacé dans un divan sous une couverture simple que nous nous endormîmes sagement. Blottis l'un contre l'autre, au chaud, dans notre nid, en nous réparant l'un l'autre.
Le soleil matinal envahit doucement la pièce croyant nous éveiller. Peine perdue, il était beaucoup trop difficile de briser le charme qui avait opéré et nous soudait Max et moi dans un moment enfin salvateur. Nous n'entendîmes pas la porte de l'appartement s'ouvrir. Par contre, j'entendis les voix dans le salon qui me sortirent de ma nuit vaporeuse. J'essayais de me redresser malgré le visage de Max endormi dans le creux de mon épaule, les larmes ayant laissé un sillage amer de la nuit dernière. Papy était là avec le boss. Nous avions oublié qu'après chaque fête au café, ils seraient là pour le brunch du matin. Les voix s'étaient arrêtées net quand j'ouvris les yeux. Papy me regardait à la fois interdit, heureux et lui aussi avec une larme coulant sur le visage.
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Pour vivre
Ficción GeneralC'est lorsque tout va mal que le choix se présente violemment à soi. Choisir une mort de l'âme qui envahit déjà tout ou bien choisir la vie et ses explosions chaotiques. C'est le choix de Sam. Partir. Tout quitter pour recommencer. Pour apprendre à...