J'avais été mise en garde, mais comme à mon habitude je n'avais pas su prêter suffisamment d'attention aux conseils de mes amis. Tout cela était dangereux, et j'étais comme un papillon irrésistiblement attiré par la lumière. Pourquoi l'interdit était-il la seule chose à me faire sentir vivante désormais ? Pourquoi n'éprouvai-je aucun remords à faire ce que je faisais ?
Peut-être était-ce cette manière qu'il avait de me fixer sans dire le moindre mot, je savais, le connaissant, que son esprit tournait furieusement malgré le calme apparent. Je m'étais sentie flancher sous le poids de son regard ce soir-là. Nous savions tout les deux que nous tentions de nous convaincre que nous n'en avions pas envie, dans l'espoir vain de respecter une fidélité dont ceux que nous aimions nous avaient délestés. Je m'étais cependant engagée par l'amitié et le soutien que j'avais reçu de cette fille, si brillante et si gentille. Je l'adorais, et mon cœur se serrait à chaque sourire qu'elle m'avait adressé, si chaleureux, mais chaque fibre de mon être était inexorablement attirée par la seule personne que je n'aurais pas dû vouloir. Et j'avais l'intime conviction qu'il me voulait tout autant.
Ce fut finalement presque comique. Il m'avait dit avoir envie de coucher avec moi, là, tout de suite, en me regardant dans les yeux, avant d'expliquer les raisons de ses regrets. Il s'était alors tourné vers moi pour connaître mes pensées sur le sujet. Egoïste. « Je pense que l'erreur est déjà faite, mais je n'aime pas avoir de regrets, et je ne considère pas que s'en est un pour moi. » Tu sais parfaitement que les circonstances ont changées. « Elle et moi sommes déjà proches et même si c'est arrivé auparavant, elle serait blessée de toute manière. » Tu sais très bien que tu la trahie. Mais depuis combien de temps n'avais-tu pas senti ton cœur sauter dans ta poitrine, ton souffle se raccourcir, et ton visage chauffer, tout cela grâce à un simple regard. Tout ton corps crie pour son contact.
Un silence pesant s'était suivi de mes mots, et je sentais encore et toujours son regard sur moi.
« Du coup... qu'est-ce que tu en penses ? » Je levais les yeux vers lui, ahurie.
« J'en ai envie. » Je n'eu pas le temps d'en dire plus avant qu'il ne se précipite sur mes lèvres, collant son corps au miens. Enfin.
VOUS LISEZ
French Earl Grey
General FictionA 19 ans, qu'est-ce qu'on sait vraiment de soi et des autres ? Pas grand chose c'est clair, mais peut-être qu'il serait temps de passer tout ça en revue. Allant de décisions houleuses en choix maladroits, il ne reste plus vraiment qu'à aviser.