chapitre 1

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Jeongin avait seize ans et passait des journées longues et monotones à s'ennuyer dans un vieil appartement dénué de toutes distractions amusantes. L'habitation où il vivait était un vétuste bâtiment, de deux petits étages divisés en modestes appartements. La majorité des habitants étaient mort un à un, la vieillesse ayant finit de les achever. Les seuls voisins restants étaient un vieux couple de retraités et un veuf bientôt centenaire. Ses parents étaient toujours occupés, accaparés par leur travail dont ils n'avaient d'yeux que pour. Son frère aîné était partie à l'armée effectuer son service militaire et son frère cadet était allé en colonie de vacances dans un endroit reculé du pays. Ses quelques amis avaient déménagé pour aller vivre en ville, l'abandonnant avec sa solitude. Jeongin passait les vacances d'été les plus pourries de sa vie.

Assis devant la télévision à regarder un dessin animé, il essayait de relativiser en pensant aux choses qu'il avait la chance d'avoir quand sa mère l'appela enfin pour dîner. Il rejoint leur table abîmée par des traces de couteaux et bancale à cause d'un pied plus bas que les autres. Le plat du soir était l'un de ses préférés, des spaghettis au saumon cuisinés avec soin par sa mère.

- Je sais que c'est pas facile de passer tes vacances seul... J'ai fait ce que t'aimes, j'espère que ça te remontes le moral...
- Oui ça me fait plaisir merci... Es-que... Es-que ça vous dit de faire un pique-nique demain ? demanda Jeongin à ses deux parents.
- Jeongin, tu sais qu'on doit travailler, répondit fermement son père.
- Mais... Vous pouvez pas ... moins travailler ?
- Ecoute, tu sais que c'est important pour nous parce qu'il y a une promotion en jeu, mais je te promets qu'on pourra bientôt passer du temps ensemble en famille, et avec tes frères qui reviendront bientôt, ajouta sa mère plus douce.
- D'accord...
- Oh fait, j'allais oublier ! Demain des nouveaux voisins vont emménager ici, peut-être qu'ils auront des enfants avec qui tu pourras t'amuser.
- Des nouveaux voisins ? Mais pourquoi ils viennent ici ? Tout le monde fuit ce village paumé et eux ils viennent s'y installer, ils ont le cerveau à l'envers ? s'étonna Jeongin.
- Peu importe, tu devrais aller leur dire bonjour demain une fois arrivés.

~{•}~

Jeongin regardait par la fenêtre, salie par des traces d'anciennes gouttes de pluies ainsi que de la poussière. Il était tard dans l'après-midi et le soleil avait déjà entamé sa décente. Le camion de déménagement venait de partir. Les nouveaux venus rentraient dans le hall d'entrée les derniers cartons. Ils étaient deux, un femme et sa fille. Les yeux de Jeongin s'étaient illuminés à la vue de cette dernière. Il espérait qu'elle soit sympa et gentille, contrairement aux rares adolescents restants de son âge qui vivaient encore dans son village.
Après une heure, il décida enfin à aller se présenter aux arrivants. Il sortit de chez lui, refermant la porte grinçante et dont le bois s'effritait derrière lui. Il tomba nez à nez avec la jeune fille.

- Oh, bonjour ! lança-t-elle souriante.

Elle était grande, dépassant de peu Jeongin. Elle avait de grands yeux violets profonds et une peau très claire. Ses cheveux noir ébène lui arrivaient jusqu'en dessous du dos. Elle portait au-dessus de sa frange un serre-tête noir et simple. De son sourire se dégageait une force captivante.

- Oh t'habites ici ? Trop bien, moi j'viens d'emménager juste à côté. Ça veut dire qu'on est voisins de palier !
- Oh euh oui. Enchanté, je m'appelle Jeongin !
- Ravie de te rencontrer, moi c'est Prudence.
- Oh c'est original.
- Je sais ! ricanât-elle. Dis, tu sais c'est quoi cette petite porte à côté de la cage d'escaliers dans le hall d'entrée ?
- Une petite porte ? répéta Jeongin en réfléchissant. Celle qui est peinte de la même couleur que les murs ?
- Oui celle là ! Depuis que je l'ai vue elle me trotte dans la tête. Alors tu sais c'est quoi ?
- Non.
- Ah.

Une mine déçue s'afficha sur son visage.

- J'ai jamais su y avait quoi derrière, j'en sais rien.
- Ça t'as jamais intéressé de le savoir ? Tu t'es jamais demandé pourquoi elle est aussi petite ? Et pourquoi elle n'a pas de poignet ? Et qui avait la clé ?
- Non pas vraiment.
- Eh ben, t'es pas très curieux.

Les deux enfants restèrent quelques secondes dans le silence. La brune se mit à se balancer sur ses talons, regardant au loin.

- Bon, tu me fais visiter le village ? dit-elle soudain le visage souriant.

la petite porte [SKZ I.N FF] (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant