À l'heure où haut dans la noirceur brillait la lune, ornement de la voûte ; heure où, l'astre céleste d'un blanc éclatant, se reflétant sur la rosée fraichement déposée sur les crocus et les dahlias; appelait à ses côtés une garnison incandescente.., une nuée de feux follets dansants dans cette profonde pénombre, nuée ainsi nommée : "les étoiles";
J'étais là, allongé à la lisière d'une forêt épineuse, le corps reposant sur les feuilles tombées par les coups de l'automne, le souffle posé sous un pin brunissant.
J'étais las, je contemplais le bal des étoiles, songeur, cherchant le reflet errant d'une âme sous la lumière douce et pénétrante prodiguée par la grande blanche.
Je scrutais ce spectacle nocturne, impassible, les yeux rivés au loin mais l'esprit occupé par ta pensée, attendant que tu pointes le bout de ton nez, que tu daignes enchanter cette soirée de ta magie.
Mais je sais que tu aimes te faire attendre, alors je me lève et m'enfonce entre les arbres, parsemés de pure lumière, je ressens la fraîcheur emprisonnée dans la terre, le doux parfum enivrant des dernières fleurs se fermants une toute dernière fois, gardant avec elles l'impérissable souvenir de leur couleur passée.
Au clair d'un arbre effeuillé, un écureuil se terrant sous une racine saillante, non loin d'un ruisseau s'écoulant entre les branches et les pierres, donnant une impression de soie translucide; au coin d'une haute souche marbrée de nuances de marron, des lucioles virevoltent en procession, telle une marche aux flambeaux puis se cachent sous une écorce, en quête d'un abris pour une dernière nuit.
Puis je ressens ce froid frappant et enfin cette pesante sensation de fatigue m'envahir, alors je m'assieds sur un tas de feuilles, et pointe des yeux un nuage transpercé par la blancheur d'une nuit automnale, nuage sur lequel sans doute tu voyageais vers moi, laissant sur ton passage cette particulière sensation frissonnante d'un baiser glacé que tu aurais apposé tel un sceau dès l'instant ou la première pellicule de neige s'eut posée sur mes lèvres.
Ainsi je t'ai attendu toute la nuit durant, contemplant les derniers instants du règne de l'automne, pour finalement te regarder effeuiller l'accomplissement de trois longs mois en une soirée seulement, te regarder disperser ces blancs flocons qui te caractérisent tant,
Te regarder accomplir le cycle éternel de la nature, théâtre saisissant, que je me contentais de contempler... impuissant.