Cassiopée babille pendant un long moment, et je l'écoute d'une oreille distraite en flânant dans les rues de la Lavandière. Elle nous guide jusqu'à l'entrée des grottes qui servent de bunker sous-terrains à la cité. Tous les enfants apprennent à s'y repérer très tôt, à savoir se situer par rapport aux monuments de la ville. Et Cassiopée a tôt fait de nous emmener à travers le dédale de couloirs de roches, jusqu'à un renfoncement que nous avons découvert, lorsque nous étions jeunes. Ici, la roche forme une petite brèche par laquelle personne ne s'aventure. La mousse cache l'ouverture, offrant une intimité agréable. De l'autre côté, une poche étroite laisse suffisamment d'espace pour se faufiler et se tenir assis. Cassiopée me devance pour aller s'asseoir contre l'une des parois, et je la rejoins en souriant. L'entrée étant couverte, nous sommes même isolées des sons. C'est ce qui me pousse à adorer cet endroit. Si je m'allonge à même le sol, et que je tends mes pieds et mes mains, je peux toucher les deux parois opposées de la grotte. Mais ni l'une ni l'autre n'avons un jour été claustrophobe, alors nous nous retrouvons ici presque tous les soirs, jusqu'à ce que je décide qu'il est temps pour elle d'aller dormir. C'est notre rituel, depuis si longtemps que j'ai presque oublié comment il pourrait en être autrement.
Cassiopée prend place, et s'assoit en face de moi, comme si nous initiions une soirée pyjama. Elle hausse les sourcils en souriant, et lance :
« Alors, cette première journée ? »
Je secoue la tête, un sourire amusé aux lèvres. Et hausse les épaules. Il y a eu tellement de rebondissements, je ne sais même pas par quoi commencer. Alors je me racle la gorge, et je souffle :
« Intense. »
Elle rigole doucement, et je viens m'installer à côté d'elle, les genoux relevés. Je n'ai pas de meilleur mot pour décrire la journée que j'ai vécu. Quand je pense à comment elle a démarré, je n'aurais jamais pu deviner comment elle allait se dérouler, en me levant ce matin. Cassiopée regarde autour d'elle, et souffle :
« Ça va pas te manquer, tout ça, quand tu seras dehors ? »
J'arque un sourcil à son attention, et lui souris. Évidemment qu'elle va me manquer. Que nos rendez-vous nocturnes vont me manquer. C'est une question bête. Je passe une main dans ses cheveux blonds, et cale sa petite tête contre mon épaule. Elle soupire :
« T'as pas peur ? »
Je secoue encore la tête. Bien sûr que si. Heureusement, d'ailleurs. Mais comme les autres, je m'accroche à ce qui me pousse vers l'extérieur. Mon père, l'espoir de marcher dans ses pas. L'espoir de découvrir des informations essentielles pour faire survivre la cité. Peut-être même de nouvelles données qui nous permettront d'améliorer la vie pour l'ensemble des villages voisins. C'est sûrement stupide, mais j'aspire à lui offrir un meilleur monde. C'est ce que voulait nous offrir mon père. C'est ce que je veux offrir à ma cadette. Elle soupire, et souffle d'un ton plus incertain :
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Chasseurs D'Ombres - Le secret des colonies
ParanormalPersonne ne se souvient de quand les Ombres se sont abattues sur le monde. C'était il y a des centaines d'années, les gens n'ont pas eu le temps de se mobiliser, de transmettre leur savoir, trop occupés à se battre pour survivre. Et la priorité pour...