Personne ne se souvient de quand les Ombres se sont abattues sur le monde. C'était il y a des centaines d'années, les gens n'ont pas eu le temps de se mobiliser, de transmettre leur savoir, trop occupés à se battre pour survivre. Et la priorité pour...
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Andromaque me fait de grands signes en approchant à grands pas, apparemment enthousiaste. J'esquisse un sourire légèrement forcé. Pas que je ne sois pas contente de la voir, mais j'aurais aimé, juste une fois dans cette journée, que tout le monde ne soit pas témoin de mes déboires. Et lorsqu'elle arrive à mon niveau, son visage affiche une pointe de surprise. J'admire la façon qu'elle a de rester très maîtrisée d'ailleurs, parce qu'elle ne le cache pas si mal. Mais je le vois quand même. Elle pivote légèrement vers Faune, l'air de l'interroger du regard, et il hausse imperceptiblement les épaules. Elle se recompose un masque jovial, et lance :
« Je pensais pas que tu étais du genre à traîner ici. Tu vois, tu caches drôlement bien ton côté voyou, en fait ! »
Je lui souris. On peut dire qu'elle fait des efforts pour ne pas me donner l'impression qu'elle me détaille. Mais c'est ce qu'elle fait. On dirait qu'elle fait un état des lieux de mon corps, et elle ravale une grimace quand elle arrive à mes bras. J'ai de petites griffures un peu partout, et le fait qu'elles soient couvertes de de boue les rend sûrement plus inquiétantes qu'elles ne le sont vraiment. Andromaque reporte son attention sur Faune :
« Il faut qu'elle se soigne. »
Faune acquiesce en lui adressant un regard entendu, et il complète :
« Calypso est disponible ? »
Andromaque m'adresse un regard en biais, et j'ai la sensation que, d'un regard, elle et Faune s'entende pour passer sous silence quelque chose à propos de cette Calypso. Elle répond, à demi-mots :
« Elle est plutôt prise, là, tout de suite. Je suis supposée la rejoindre d'ailleurs. Il vaut mieux que tu ailles voir Aneesa. » « Tu crois qu'elle saura faire quelque chose ? »
Andromaque se penche vaguement pour aviser mes bras et, docilement, je les lève pour qu'elle n'ait pas à essayer d'être subtile. Elle m'adresse un sourire désolé, et acquiesce à l'intention de Faune :
« C'est plus sale qu'autre chose, elle offre un sourire rassurant à Faune, t'as qu'à offrir ta tournée de lavande, ça lui fera plaisir. »
Faune sourit en secouant la tête, et notre cheffe nous salue en s'éloignant vers une autre dépendance de ce grand bâtiment. Je me demande où elle va, et pourquoi elle fait planer le secret autour de cette destination. Mais je ne vais pas jusqu'à poser la question. Chacun gère ses problèmes comme il l'entend, je serais mal placée pour critiquer ça. Faune se retourne vers moi, l'air moins à l'aise que précédemment, et il m'adresse un sourire tapageur. Je lui adresse une moue désolée. J'ai l'impression que je bouscule ses plans, et j'en suis un peu gênée. Je plonge mes mains dans mes poches, pour essayer de calmer l'anxiété qui gonfle, et je sens, sous mes doigts, la plume de mon père. Je ne me rappelais pas l'avoir emmenée, mais aussitôt, je me sens ... Mieux. J'ai l'impression que le poids sur ma poitrine s'allège, et je soupire. Faune me sourit :
