Rien de grave, déjà.
Juste des phrases, qui viennent dans mon esprit, par-ci, par-là, de je ne sais où. Il y en a partout. Je ne sais juste pas quoi en faire. Mais que dire ? Que faire ? Me comprendriez-vous ? Je ne sais pas. Qu'ai-je fait pour en arriver là ? Je ne sais plus.
Je suis juste, perdue.
De ma barque en bois, j'ai dû prendre l'eau vingt et mille fois. Bien que je n'aie pas toujours été en bon état, j'ai mon nuage qui lui, est toujours revenu me chercher. Mon nuage ? Je l'aime, je m'y sens bien, quand il me porte dans ses bras, il me fait voyager. Quand je suis avec lui, la vie est douce, comme du coton. La sensation d'être dans un drap de soie m'est réconfortante, apaisante. C'est un peu comme ma seconde maison. Mais en plus beau. Plus jovial. Et de là-haut, de ce monde perché, j'ai rencontré, une Étoile.
De cet univers parallèle à votre monde, je peux la voir me faire des signes pour venir la rejoindre. Je me rapproche du bord, de cette limite qui sépares deux mondes totalement différent. Je la regarde alors d'un peu plus près, sous toutes ses coutures, elle est belle, elle m'attire atrocement. Je plisse mes yeux pour voir les détails de ses contours. Tout d'abord étonnée, mais ensuite rassurée, je vois celle-ci qui me tend la main d'une manière lente et confiante. Que faire ? La repousser ? La prendre ? J'hésite. Elle se rapproche encore de moi, elle me sourit. Elle me donne envie de la rejoindre... Devrais-je quitter tout cela pour une si belle personne ? Je ne sais pas... Je tends inconsciemment mon bras, ouvre mes doigts et je frôle le mur invisible qui la sépare de moi. J'y suis presque. Encore un peu. Attends-moi. Elle me regarde intensément, ça en devient hypnotisant. Je ne vois plus qu'elle. Son regard me fait perdre la tête, je ne fais plus attention à rien. Ma tête tourne de plus en plus fort, ma force s'évapore, mes muscles lâchent. Manque d'équilibre, je glisse et tombe dans ce monde que j'ai voulu rejoindre pour elle. Je vois mon nuage s'éloigner, la terre se rapprocher et l'Étoile me fixer. Je lui lance un appel à l'aide, j'hurle à m'en faire brûler les cordes vocal, j'hurle qu'elle vienne me sauver. Mais rien, juste un léger sourire narquois qui apparait au fur et à mesure sur le coin de ses lèvres. Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Je n'ai fait de mal à personne pourtant... J'ai juste voulu goûter à ce que c'était, l'Amour. A croire que c'est réservé qu'à certaines personne et pas à d'autres. Oui. Voilà, c'est ça. J'ai voulu découvrir une chose qui ne m'est pas destiné. Une chose qui est réservé qu'au bonnes personnes. Je dois-t-être une mauvaise personne... Je ne méritais pas de découvrir cela. Peut-être que j'ai été aveuglé ? Je ne sais plus, ce souvenir m'est désormais flou. On me l'a souvent répété... A force de vouloir tout faire pour les autres, on finit par s'oublier. Et voilà ce qui m'arrive... Maintenant je suis là, de retour parmi vous, plus déboussolée que jamais.
Je suis là, au milieu de la foule, on me pousse, on me bouscule de droite à gauche, je n'ai plus de repères. On me regarde comme si j'étais un animal dans un zoo, pire, on me regarde comme si j'étais un monstre. Comme si tout ce que je faisais était farouche. Je ne comprends pas, suis-je si différente que ça ? Ici, je ne me sens pas à ma place.
Non, je ne dois pas faire comme la dernière fois, je ne dois pas me laisser abattre, je ne dois pas me faire emporter, je ne dois pas tomber, m'arrêter. Il faut toujours avancer. Il faut que j'avance, que je fasse comme ils le font tous. Je me relève du sol, tout d'abord tremblante. Je fais un pas, puis un autre, jusqu'à avancer une dizaine de mètre parmi cette foule de gens trop pressés. Que faire maintenant ? Devrais-je allez dans la direction que tout le monde prend, avancer tout droit vers ce point qui parait lumineux ? Faire un détour sur la ruelle de droite, de gauche ? Ou alors partir dans le sens contraire de la marche, en risquant de me faire piétiner ? Je ne sais pas, je suis bloquée. Mais vite, il faut réfléchir. Pendant ce court instant, je ne bouge pas, le regard dans le vide. Je le vois bien, ça fait ralentir tout le monde. On râle, on m'insulte, une personne passe à côté de moi me cri en essayant de me tirer par le bras « Avance ma pauvre fille, avance où tu mourras. » Je crois qu'il ne sait pas bien de quoi il parle. Il ne l'avait pas encore vu réellement, La Mort. Moi si, je l'ai bien trop souvent frôlé. Un jour, ça sera à son tour, comme pour nous tous... Il remarque alors que je suis opposée à ses idées Une dernière tentative pour me faire changer d'idées. Toujours rien. D'un excès de rage, il lâche ma main et se retourne pour continuer sa marche. Il traversa sans regarder. Une voiture le percuta de plein fouet. Aah... La société, c'est sûr qu'un jour elle finit par nous écraser, une fois qu'elle nous a bien consumer. Nous sommes comme des « produits » d'une usine à poulet. On naît, on nous élève de tel ou tel matière pour que l'on devienne tel ou tel chose, puis on nous « vends » et on finit en rayon ou à la poubelle si notre date de péremption est dépassé. L'homme que je vous ai parlé à l'instant est à terre, allongé inerte sur le sol. Tout le monde regarde mais ne bronche pas, continu ses péripéties. J'ai envie de lui venir en aide comme je le fais si souvent avec les gens. La cruauté entre nous, ça ne nous mènes à rien... Mais je ne plus pas bouger. Une force invisible m'empêche de faire des gestes, de réagir, c'est contre ma volonté. Je panique. Que se passe-t-il ? Oh non... ça recommence, pas encore, pas maintenant. S'il vous plaît, arrêter.
D'une rafale de vent, je m'envole, propulsée au loin, au-dessus de cette foule. Pas de réaction également de leur part, je suis devenue transparente, je ne suis plus rien. Une douleur incomparable me tord l'estomac, me broies les os et me coupe tout contact avec la Terre. J'ai l'impression que l'on cherche à me noyer. J'asphyxie. Des piques m'empalent le cœur. On me broie le cerveau. Je me plis dans tous les sens, maudite soit la douleur. Je ne peux rien faire d'autre que souffrir en silence.
D'un coup, il fait noir. Aucune odeur, aucun son ne me parvient. Le vent m'emporte, loin, haut, il me ramène à la maison. Je sais que mon retour sera brutal... je le sais. Je sens le tourbillon me déposer ou du moins, me jeter brutalement contre une pierre froide, qui au fur et à mesure du temps, se transforme en un cocon douillet. Mon nuage, il est de retour. Son parfum, son contact, ses paroles, tous m'avaient manqué. Je regrette de ne pas avoir fait plus attention, j'aurais dû me méfier de cette Étoile, c'était bien trop beau, bien trop facile. Je ne me suis préoccupée que du physique. Pas du mentale, pas des intentions. Je sais que je vais remettre du temps à me reconstruire, à guérir de mes blessures comme je l'ai fait tant de fois. Je le ferais seule, comme toujours.
( Des années plus tard )
Ça va faire je ne sais combien de temps que je suis dans ce nuage, que la vie là-haut, me parait belle. Passer les jours à rêver, à être dans ma propre bulle. Passer les nuits à regarder le ciel, qui parfois, est étoilés. C'est si beau, si agréable. Je suis juste, bien.
J'en vois passer pleins, des Astéroïdes, des Planètes, des Étoiles. Elles courent et filent devant mes yeux. Parfois elles me regardent avec un air innocent, frôlent mon doux nuage, elles me sourient. Elles m'appellent. Mais je ne veux pas les approcher. Je ne referais plus cette erreurs. Ma confiance est brisée. J'ai peur qu'elles me fassent encore du mal. J'ai peur de leurs gestes brusquent, de leurs pensées mal placées, de leurs regards fiers après avoir eu ce qu'elles voulaient. Je regarde le monde de loin. Je regarde les abominations que créer l'Homme sans essayer de les résoudre en les entassant lâchement. Je le vois bien, certains essayent de ralentir, d'autres encore restent dans l'inconscience. Pendant que je m'imagine un tout autre monde. Un monde « presque » parfait de mon point de vu. La tête trop perchée, je ne fais pas attention à ce qu'il se passe autour. Une fois mes rêvasseries fini, je me prépare à changer d'occupation mais je remarque une Étoile, peu commune, s'approcher de moi d'une manière hésitante. Apeurée, je me fige et la fixe, l'air de mes poumons se rarifie. Elle me regarde d'une manière agréable, douce. J'ai l'impression que celle-ci ne me veut pas de mal. Mais le souvenir noir me revint. La dernière fois que j'avais voulu approcher l'une d'entre-elles, j'avais frôlé une case de non-retour. Je ne voulais pas revivre ça. Je me recule le plus possible d'elle. J'ai peur, je tremble. Alors, pour essayer de me calmer, je me recroqueville dans un coin, la tête dans le creux de mes bras, je me répète que ce n'est qu'un début de cauchemar, comme très souvent. Qu'il ne va rien se passer. A me voir ainsi, elle doit me prendre pour une folle. Si c'est le cas... elle a peut-être par tort. Elle s'arrête d'avancer, elle s'arrête à la limite. Non... Tu ne me feras pas tomber, laisse-moi. Part, je ne t'apporterais rien d'autre que malheurs et vague pluie, je ne veux pas te blesser. Elle ne bronche pas, continue de me regarder intensément sans bouger. Une lueur de tristesse dans les yeux, je la vois baisser la tête. Ça me fait de la peine de la voir ainsi, de lui briser le cœur, mais non je ne bougerais pas. Désolé, je ne peux pas. Après quelques instants, elle relève la tête avec un regard rempli de détermination. Qu'est-ce qu'elle va faire ? Non, s'il te plaît, ne brise pas ma maison. Ne détruit pas la seule chose qui me reste.
Nous nous fixons encore un peu, je tremble de plus en plus, j'ose à peine respirer, les idées de scénario tous les uns pires que les autres se mélanges dans ma tête. J'ai l'impression qu'elle essaye de me dire quelque chose, mais je ne l'entend pas. L'Étoile respire un bon coup, s'avance. Elle passe la barrière d'un pas décidé, puis, vole jusqu'à moi. Ne me tue pas... Je la vois lever son bras, ça y est, c'est la fin... Après quelques secondes d'attente, rien ne se passe. Je relève ma tête, lentement, ouvrent les yeux, mouillés par les larmes. Cette Étoile, que je pensais mauvaise, était en fait rempli de bonnes intentions. Elle était en train de me tendre la main. Pas pour me faire tomber non, elle avait choisi de me rejoindre, pour m'aider à m'en sortir, plutôt que d'attendre que je vienne moi-même. Je pense qu'elle est quelqu'un de bien. Je lui attrape la mains de celle-ci et nous nous mettons à scintiller.
FIN.
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Rien De Grave.
Short StoryJe vous présente le texte qui m'a servit à participer au concours de nouvelles qu'à organiser ma région lors de l'année scolaire 2019-2020.