Tout est allé trop vite pour Aziraphale. Beaucoup trop vite. D'abord il avait découvert l'existence d'une boîte pour démons ET anges dont il n'avait jamais entendu parlé auparavant. Ensuite Bélial avait simplement été tué en quelques minutes après tout ce qu'il lui avait fait subir, c'était presque trop facile. Et voilà que maintenant Crowley et lui s'étaient... enfin ils s'étaient...
Aziraphale n'osait pas penser le mot. Cela faisait deux heures qu'il était allongé sur son lit en fixant le plafond. Il était cinq heures du matin, et il n'avait toujours pas fermé l'oeil. En fait, il était encore habillé et son lit n'était pas défait. Son manteau avait été jeté au pied du lit vulgairement, chose très inhabituelle de sa part.
Après avoir dit bonne nuit à Crowley, il s'était immédiatement dirigé vers sa chambre, avait lancé son manteau, puis s'était laissé tomber sur le lit. Et depuis, il n'avait pas bougé. Il avait remarqué une tâche dans un coin du plafond et n'arrêtait pas de la fixer. Et plus il la fixait, plus il se posait des questions sur l'origine de la tâche. Mais peu importe quelle histoire farfelue il imaginait dans sa tête, ses pensées revenaient toujours sur ce qu'il s'était passé avant son "bonne nuit". Comme un automatisme dont il ne pouvait se défaire. En fait, il n'avait même pas essayé de fermer l'oeil, comme s'il n'en avait pas besoin. Il sentait un doux bonheur lui chatouiller le ventre et qui lui donnait assez d'énergie pour ne pas dormir, mais pas assez pour se lever du lit. Un phénomène qui le rendait impuissant.
Alors il était là, allongé sur le matelas, comme une encre au fond des eaux, pas un seul de ses membres ne bougeaient. Juste une poitrine qui se soulevait doucement à chaque respiration, des yeux qui clignèrent de temps en temps un peu cernés à cause de l'heure, et un coeur qui battait généreusement." Comment doit-on définir notre relation ? Sommes-nous toujours amis, ou sommes-nous autre chose...?" pensa-t-il. "Nous ne pouvons pas être chose ! Que penserait le Seigneur... que penseraient les autres anges... Gabriel... ou mêmes les démons ? Crowley pourrait avoir des problèmes ! Il pourrait être poursuivit encore, et moi je pourrais être déchu ! Banni ! A jamais ! Mais en même temps... le Seigneur voit tout... il m'aurait déjà déchu, ou dit que je l'ai déçu... Oui, il aurait sans doute fait quelque chose. Or il ne s'est rien passé. Pas d'allo lumineux, ni de foudre qui nous tombe dessus. Rien. Comme si tout cela était normal. Comme si on avait le droit. Comme si Crowley et moi n'étions pas vraiment un démon et un ange mais juste deux êtres. Et Crowley... Ses manières de me regarder... ses... ses lèvres et.... Mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire ?"
Aziraphale ferma fort les yeux en fronçant les sourcils comme pour clarifier son esprit. Il daigna enfin se retourner, ses membres s'étant longuement engourdi. Il commençait à être fatigué, et il sentait le poids de ses cernes tirer sur ses paupières et le ramener vers un sommeil forcé, un sommeil nécessaire. Il sentit doucement ses yeux se fermer et n'essaya pas de lutter.
Au même moment Crowley était dans sa chambre allongé sur son tapis, fixant lui aussi le plafond. Aziraphale avait simplement dit "bonne nuit" et lui avait gardé ses yeux clos, parce qu'il ne voulait pas le voir partir. Il voulait garder cette image, cette sensation incroyable qu'Aziraphale était venu vers lui et l'avait embrassé. Chose qu'il ne pensait jamais, ô grand jamais, voir arriver. Il était le plus heureux de tous les démons. Il se repassait sans cesse la scène dans sa tête de peur de l'oublier, de peur que ce ne soit qu'un rêve et qu'il disparaisse, car cela paraissait trop beau pour être vrai. Il semblait être sur un petit nuage moelleux et sentait comme un chaud fourmillement dans son ventre. Sa poitrine exprimait la même joie. Il essayait d'imaginer ce qui pourrait se passer ensuite entre Aziraphale et lui, mais plus il y pensait, plus il rougissait.
"Non on ne peut pas aller trop vite !" pensa-t-il pour lui-même. "Si on a mis des millier d'années pour en arriver là, on ne peut pas gâcher la suite en allant trop vite, Crowley ! De toutes façons il n'a pas arrêté de te le dire : "Tu vas trop vite pour moi", tu sais très bien ce que ça signifie ! Alors calme-toi." Crowley inspira profondément. "Il est si incroyable... comment je pourrais m'en passer... surtout après cette opportunité que j'ai prise. Si je n'avais rien fait, on serait revenu à la case départ et on aurait fait comme si de rien n'était jusqu'à la fin des temps ! Je suis content d'avoir agit. Surtout, que je ne suis pas le seul... j'ai enfin la confirmation, malgré tous mes doutes, que c'est réciproque. Je le savais au fond, j'en était sûr, n'importe qui aurait pu le voir je pense... Mais il ne dit jamais rien sur ça, il est complètement effrayé et je le comprends. C'est toujours un ange après tout... et moi, le démon. Par moment, j'ai l'impression d'être sa mauvaise influence... enfin c'est pas comme si je ne faisais pas ça depuis qu'on se connait, je l'ai toujours influencé, j'adore ça, j'adore voir comment il lutte désespérément puis son regard de résignation après lui avoir longuement chuchoté ce qu'il devait faire... ou encore sa moue pleine de culpabilité quand il fait une bêtise et que j'en souris sans ménagement, ça le fait paniquer. Comme la fois où il a donné son épée de feu à Adrian, Allan... non heu, Adam ? Quelque chose comme ça..."
VOUS LISEZ
Good World
FanficL'Apocalypse a été empêché, et Aziraphale et Crowley veulent fêter cela comme il se doit ! Pour autant, d'autres dangers se placent au travers de leur chemin, mais peut-être est-ce grâce à cela que leur relation va changer après 6 000 ans d'amitié...