Le visage de la haine

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I've known it for the longest time and all of my hopes, all of my words are all over written on the signs.

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Detroit - 27th of November, 2018

Tous les jours, la même chose. Tous les jours, la même routine, les mêmes habitudes, les mêmes gestes répétés dans une lassitude déchirante, le visage fermé, désenchanté.

Liam avait tout vu, tout fait, tout expérimenté. Plus rien ne lui apportait la petite étincelle des débuts, l'excitation avant les shows, l'émerveillement de découvrir de nouveaux pays, de nouvelles villes, de rencontrer de nouvelles personnes. Produire de la musique ne l'enchantait plus autant qu'avant, il n'était plus aussi heureux à l'idée de s'enfermer dans une pièce pour écrire, bien qu'il sache pertinemment qu'il était doué pour cela. Se retrouver  dans une salle de concert ou dans un stade n'était plus quelque chose qui l'impressionnait. Avec leurs quelques sept cents et des poussières concerts passés, Liam n'était plus impressionné par une foule, par des milliers de gens qui hurlent son nom, dans l'attente d'un signe de main, d'un sourire, d'un mot. Attraper les portables qui filment pour capturer l'autre côté des projecteurs ne l'intéressait plus. Il l'avait tellement fait et qu'avait-il eu en retour ? Jamais rien. C'en était fini de se démener pour ne rien avoir en reconnaissance. Liam ne faisait plus dans la bonté de cœur, il faisait ce que bon lui semblait et il cherchait à s'amuser plus que de rendre ce qu'on lui donnait. Il avait toujours tout fait pour remercier les gens qui l'avaient poussé au sommet et ces mêmes gens le dénigraient aujourd'hui pour une coupe de cheveux, pour une prise de poids importante, pour un comportement qu'ils jugeaient « inapproprié ». Quant aux critiques, les journalistes prenaient un malin plaisir à le descendre au moindre pas de travers. Alors Liam avait décidé que puisque peu importait ses efforts, il n'en ferait plus. C'en était fini de calculer ses mots, d'être gentil même quand il était énervé, de faire attention à ce qu'il tweetait. La gentillesse ne l'avait jamais mené nulle part. Il la considérait comme sa meilleure amie et tout ce qu'elle lui avait donné, c'était un tas de rabats-joie et de fans qui gueulaient dès qu'elles n'avaient pas ce qu'elles voulaient. Oh, et un boxer rouge en moins, aussi.

Tous les jours, la même chose. Tous les jours, la même routine, les mêmes habitudes, les mêmes gestes répétés dans une lassitude déchirante, le visage fermé, désenchanté.

Liam se levait vers onze heures, parce qu'il s'était couché très tard. Il marmonnait dans sa barbe quelques mots incompréhensibles et tâtonnait sa table de nuit pour trouver son iPhone flambant neuf qu'il déverrouillait en jurant que la luminosité de l'écran lui arrachait la rétine. Il appuyait sur l'icône du journal d'appels, puis sur le seul numéro qu'il avait mis en favori : celui de Paddy. Il baragouinait qu'il avait besoin d'une aspirine et qu'il lui fallait sur le champ puis il raccrochait avant même que le garde du corps ait pu dire un mot. Dix minutes plus tard, Paddy claquait la porte de sa chambre d'hôtel et le trouvait affalé sur le canapé de sa suite, attendant son antalgique, vêtu seulement de son peignoir blanc qui avait été disposé dans sa salle de bains. Il grognait que Paddy en faisait exprès, que faire autant de bruit n'était pas humainement possible et Paddy lui répondait que s'il n'avait pas une gueule de bois spectaculaire, peut-être qu'il ne serait pas aussi casse-couilles à propos du bruit. En repartant, l'homme de sécurité prenait un malin plaisir à claquer la porte encore plus fort, pour que le son résonne dans son crâne à la manière d'un marteau piqueur. Il descendait manger sur le coup de midi, une fois qu'il avait pris une douche et qu'il s'était habillé. Il mangeait ce dont il avait envie, devant les yeux éberlués d'Harry qui ne comprenait définitivement pas comment il pouvait manger des œufs et des fruits ensemble mais il se contentait de lui lever son majeur pour lequel Harry étouffait un soupir dégoûté avant de lui lancer un « Très classe, Payne, tu t'améliores, mon vieux ! » qui le faisait toujours rouler des yeux au ciel. Il descendait ensuite rejoindre Mark Jarvis, leur coach sportif et passait quelques heures à frapper des sacs, à sauter à la corde, à étirer ses muscles jusqu'à en être si fatigué qu'il s'écroulait au sol en lâchant un pauvre « Fais-moi rouler jusqu'à l'ascenseur, Jarvis » qui faisait éclater de rire le sportif. Il rejoignait la salle dans lequel il jouerait le soir-même et traînait en backstages avec Zayn, à faire les idiots tout en grillant un peu trop de cigarettes jusqu'à ce que Lou décide de stopper le carnage en les envoyant s'habiller. Et une fois sur scène, il débitait ses paroles avec une conviction qui ne touchait personne.

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