mission CONTACT - entrée n°16

5 2 0
                                    


Journal de bord du DELS Espérance


Ce matin, je me suis réveillée à moitié délirante, assaillie par de vieux souvenirs qui allaient et venaient, pèle-mêle, comme si quelqu'un s'amusait à les piocher dans ma tête.

Dans l'un deux, je me revis, gamine, assise sur les genoux de mon grand-père, ancien éthologue, tandis qu'il me racontait ses voyages et les étonnantes aventures qu'il avait vécues au milieu des animaux. Notamment celle dans laquelle il s'était retrouvé face à un gorille, l'un des six derniers spécimens encore en vie à l'époque. L'animal l'avait surpris alors qu'il dormait. Mon grand-père s'était réveillé et avait vu la tête du singe pile au-dessus de la sienne. Un long moment ils étaient restés ainsi, sans bouger, en se fixant du regard. Puis, le gorille s'était brusquement redressé et avait lancé un cri en se cognant la poitrine des poings, avant de s'en aller sans un regard vers mon grand-père pour qui le choc fut tel qu'il en rêva jusqu'à la fin de sa vie. Par la suite, il avait découvert que c'était un vieux mâle qui défendait son groupe : les cinq dernières femelles du monde. Une espèce vouée à disparaître rapidement.


Réfléchir, c'est se souvenir.

Cette même rengaine, encore et encore. Cette litanie ne me quittait plus et m'obsédait jour et nuit. Me souvenir... je ne demandais que cela, mais me souvenir de quoi ? Et en quoi l'histoire d'un gorille mort depuis plus d'un siècle pouvait bien m'aider à comprendre cette planète ? Elle n'était pour moi qu'une succession d'énigmes, et plus j'essayais de les résoudre, plus je sentais que je perdais pieds.


Cinq jours se sont passés depuis le départ de la navette. Cinq jours effroyables durant lesquels la restriction d'eau a été de plus en plus difficile à gérer. Mes hallucinations auditives avaient repris elles aussi. J'entendais la voix de l'entité murmurer à mes oreilles que mon cycle allait bientôt se terminer. Cela commençait à m'inquiéter et je dormais de moins en moins bien.


Par dépit, j'avais pris la décision d'aller voir Helen et de refaire des analyses. Mais, lorsque je suis arrivée à l'hôpital, elle a accouru vers moi, toute excitée : Flemming venait de reprendre connaissance. Il n'était pas encore en mesure de parler, mais il réagissait positivement aux stimuli des médecins.

C'était la meilleure nouvelle que nous ayons eu depuis des semaines. J'ai donc préféré attendre encore un peu avant d'alarmer Helen sur mon propre état de santé. Peut-être que Fleming pourrait enfin lever le voile sur certains des mystères qui entourait Edae4.


Dès qu'il sera en mesure de s'exprimer, j'irai l'interroger.

Mission CONTACT (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant